Mais non, je n’ai pas tourné ma veste! Il faut juste attraper le problème par le bon bout. Un article de la Frankfurter Rundschau sous le titre Dramatisches Missverhältnis va éclairer nos lanternes.
Au niveau mondial, le subventionnement annuel des énergies fossiles vient d’atteindre 523’000’000’000 US$ (oui, bien 523 milliards soit plus de 7 fois le budget total de la Confédération Suisse), et soit surtout 6 fois plus que le montant correspondant subventionnant les énergies renouvelables.
En 2009, le G20 s’était engagé à réduire de toute urgence toutes les subventions aux énergies fossiles. De toute évidence, cette décision est restée lettre morte.
L’absurde le dispute au pathétique! Car, l’annonce de l’Agence Internationale de l’Energie tombe quasiment en même temps qu’un rapport du très respecté Fraunhofer Institut démontrant que le solaire et l’éolien sont déjà compétitifs dès aujourd’hui et le seront encore plus à futur.
Pour ceux dont les bronches ne sont pas encore complètement saturées, je vous offre volontiers un peu de rab, du moment que vous le gardez chez vous, cela va de soit :
Le constat est limpide, si nous arrêtons de subventionner les énergies fossiles, le cercle vertueux des énergies renouvelables s’enclenchera de lui-même.
Par contre, je vous avoue mon inquiétude, par exemple, quant aux recherches sur l’enfouissement du CO2 ou des idées du même acabit. Les fanatiques du charbon, n’arrivant pas à imaginer faire autre chose, nous parlent du charbon “propre” via cette technologie ou d’autres. Certes, mais ils “oublient” de nous parler des coûts de l’enfouissement qui va, en ordre de grandeur, tripler le coût de l’énergie produite. Le danger se cache précisément là! Si on les laisse faire, une fois que l’argent aura été dépensé, il faudra bien le justifier en maintenant la filière coûte que coûte. Et un jour on découvrira que le subventionnement aux énergies fossiles a encore doublé, ou pire, tarissant d’autant plus les moyens à disposition pour les renouvelables.
Espérons que les citoyens de notre planète se réveillent et exigent un changement de vision de leurs diverses autorités élues! Ou alors, peut-être au contraire, qu’il ne faut plus espérer que cette prise de conscience démarre au niveau de nos élites éclairées, et que la solution passe par une prise en charge au niveau des individus se déconnectant du réseau et se rendant le plus autonome possible.
Sur le thème de l’énergie renouvelable, l’Allemagne a très souvent montré la voie au niveau mondial. Or l’on constate justement que depuis plusieurs mois tout les fournisseurs à la pointe de la branche de ce pays déplacent le centre de gravité de leurs assortiments vers l’auto-consommation. Dans ce cas, je ne pourrai pas croire au hasard!
Pas de problème, supprimons les subventions aux énergies renouvelables, mais alors en toute cohérence faisons simultanément de même avec les subventions, apparentes ou cachées, au fossile! Ainsi du jour au lendemain, le renouvelable augmentera sa compétitivité face au fossile de plus de 400 milliards US$ par an sur le plan mondial. Croyez-moi, on verra très vite la différence!
Laurent Jospin
Source : site du Fraunhofer Institut, ise.fraunhofer.de, “Stromgestehungskosten erneuerbare Energien Studie November 2013“
Effectivement, si on arrête de subventionner les énergies renouvelables ça permettra d’arrêter l’effet d’arrosoir qui consiste à subventionner toutes les énergies “pour garantir l’équité de traitement.
Bonjour Giovanni,
Merci pour le commentaire. La question est encore plus grave qu’un simple effet d’arrosoir.
En effet, les mécanismes “pour une concurrence loyale” au niveau de la planète empêchent de subventionner les entreprises ou les salaires. Dès lors, le coût de l’énergie est un des derniers ressorts pour favoriser ses entreprises locales au détriment de celle d’autres pays.
Du coup, on subventionne très “énergiquement” le fossile pour favoriser l’emploi localement. Il s’agit bien sûr d’une vision à court terme nous garantissant le pire pour le long terme.