Avant d’attaquer notre sujet du jour, jetons vite un petit coup d’œil dans le rétroviseur de la campagne et cette fois plutôt que s’intéresser aux tendances des sondages, élargissons notre point de vue et observons ce qui se passe ailleurs.
Dans l’article précédent, je vous parlais du risque pour notre pays de rester dépendant de l’étranger pour nos sources d’approvisionnement énergétique. Or voilà des nouvelles toutes fraîches confortent ce point de vue.
Nous apprenons d’une part que les services secrets britanniques souhaitent vérifier que les autres économies respectent leurs engagements climatiques (voir extrait partiel publication RTS:)
Mais nous avons également l’UE et les USA qui ont des positions claires (extraits idem ci-dessous)
et
Il ressort de ces articles que d’une part une prise de conscience est en train d’opérer au niveau mondial, mais également que la peur de l’inégalité de traitement est bien présente et on cherche à s’assurer que les acteurs importants joueront le jeu. L’UE notamment envisage une taxe carbone aux frontières.
En confirmation de l’article précédent, il apparaît donc de plus en plus évident que rentrer dans un mécanisme de réduction des émissions carbone tel que prévu par la loi CO2 n’est pas une option mais un impératif pour que notre pays et nos entreprises n’aient pas à subir des pressions et des sanctions hautement pénalisantes.
Venons en à notre sujet du jour, l’environnement nécessite-t-il vraiment une telle loi ou respectivement peut-il s’en contenter ?
On peut fixer l’émergence du débat environnemental plus ou moins au rapport du club de Rome (aussi appelé rapport Meadows). En résumé ultra-succinct, ce rapport, principalement centré sur les ressources, concluait que si aucun changement majeur n’était apporté à notre gestion de la croissance, un effondrement de notre civilisation était inéluctable. Ce rapport a depuis toujours été fortement critiqué, mais force reste de constater que les courbes prédites en 1972 se révèlent jusqu’à aujourd’hui toujours étonnamment exactes.
Quand on parle CO2, on pense climat et donc GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat). Fondamentalement, le rapport du Club de Rome cherche à intégrer l’ensemble des facteurs significatifs alors que le GIEC se concentre sur l’aspect climat.
Depuis 1990, le GIEC a produit 5 rapports. Une constante se dégage avec une masse de critiques vociférant à l’exagération lors de la parution, puis lors de la version suivante, le constat qu’en réalité les prévisions étaient encore trop optimistes.
Lorsque vous étudiez la météorologie en tant que futur pilote d’avion, on vous apprend qu’une prévision météo ayant divergé va logiquement continuer à diverger. En clair, il faut partir de l’idée qu’une péjoration récente par rapport à la prévision initiale aura encore tendance à se renforcer dans l’intervalle de temps suivant.
Si on applique cette règle empirique au climat dans son ensemble, on peut légitimement craindre que les prochains rapports du GIEC continueront sur cette lancée d’être toujours plus graves qu’attendu.
On pourrait donc entendre le discours des opposants à la loi du côté Grève du Climat. Toutefois, la composante politique ne peut-être négligée.
Si, par catastrophe, la loi venait à être refusée, il faudrait alors remettre l’ouvrage sur le métier. La loi qu’on nous propose aujourd’hui puise son fondement dans un débat qui avait déjà commencé bien avant la votation de la loi que nous proposions en 2015 (et qui soit-disant devait être plus rapidement appliquée si notre projet était refusé). Précisément, suite à l’adoption en 2013 de la révision de 2011 de la loi adoptée en 1999, la question s’était déjà imposée comme nécessaire.
Mais voilà, la froide réalité est que de 2013 à 2021, 8 années se sont passées, et que dès lors si nous rajoutons 8 années pour refaire une nouvelle mouture de la loi, nous arrivons précisément à cette date butoir de 2030 prévue par le rapport du Club de Rome.
Nous n’avons simplement pas le choix. La loi actuelle, même avec toutes ses imperfections, doit être appliquée de toute urgence. Et une nouvelle loi améliorée doit être mise en travail pour pouvoir être disponible aussi vite que possible, ce qui en temps politique signifie quelque chose entre 5 et 10 ans !
Laurent-David Jospin