Lutte contre la pauvreté, et si on retournait la crêpe ….

Alors que nous annonçons avec fierté des résultats apparemment très positifs comme une croissance de x%, ou un revenu moyen ou médiant ayant augmenté de tant, ou une richesse globale dépassant un nouveau seuil, force est de constater que jamais nous n’avons dû dépenser autant pour l’aide sociale. Étrange paradoxe!

La lutte contre la pauvreté, quelque soit sa manifestation chômage pur et simple ou précarité du travail ou statut de working-poor ou encore … , appartient aux thèmes récurrents et centraux des débats politiques aussi bien dans notre petite Helvétie que dans le reste du monde.

Si l’on étudie un peu les solutions proposées par la gauche ou la droite classiques, on constate que d’une manière générale l’accent est mis sur l’idée de hausse des revenus. Mille et une solutions, quelques fois très créatives, sont imaginées pour soit favoriser, stimuler, encourager, voir même forcer une hausse des salaires. On oppose souvent création de richesse (plutôt à droite) contre re-distribution (plutôt à gauche).

Le minuscule problème, que tout le monde semble avoir oublié, reste que cela ne sert strictement à rien si le coût de la vie progresse dans la même proportion ou pire davantage.

Je suis certainement favorable à la création de richesse si elle  ne s’obtient pas au détriment de l’environnement et partant des générations futures, et tout autant favorable à une redistribution équitable et appropriée, tant et aussi longtemps que l’on ne tombe pas dans la spoliation et l’injustice crasse.

Mais peu importe, les faits sont têtus si votre salaire a augmenté de CHF 2’500.– à CHF 3’000.– et que dans le même laps de temps le kg de pain est passé de CHF 2.50 à CHF 3.50 votre situation ne s’est pas améliorée. (bien sûr, il s’agit ici d’une approche très simplifiée, mais seuls les esprits chagrins feront semblants de ne pas me comprendre)

Plus je pédale moins vite, moins j’avance plus fort ?!?!?

Or voilà l’indice des prix à la consommation ne reflète pas la réalité des couches inférieures de la population, ni même peut-être la réalité tout court. Un petit exemple édifiant : dans le mix de biens et services censés représenter le panier de la ménagère, vous trouvez une position couvrant l’électronique courante (ordinateur, téléphone mobile, ….), or le calcul prend en compte que l’ordinateur que vous achetez en 2014 est 2* plus puissant que celui de 2012 et donc à prix strictement égal, le calcul de l’indice se réalisera en prenant en compte une baisse de 50% de la position “informatique”, alors bien que lorsque vous êtes chez votre revendeur IT vous ne pouvez pas “couper” en deux l’ordinateur au prétexte que la moitié de sa puissance vous suffirait. Sans même parler de ce que je vous décrivais dans mon dernier post sur l’obsolescence programmée http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/?p=576.

La douloureuse conclusion de ce qui précède correspond à dire que la classe la moins favorisée de la population peut se trouver dans une situation plus pénible que précédemment tout en se faisant dire que sa situation devrait quand même s’être améliorée puisque les statistiques générales l’affirment. Quelques signaux semblent ici tout de même assez clairs. Il y a d’abords ce bruit de fonds dans la vox populi comme quoi une fois que l’on a payé ses impôts, sa caisse maladie, son loyer, plus quelques autres incontournables il ne reste plus grand chose dans le porte-monnaie. Les médias se sont aussi récemment fait l’écho d’une augmentation importante des charges de l’aide sociale.

On évite de trop parler de cette partie réellement complexe du problème, car peu vendeur sur le plan politique, mais de fait presque personne n’ose nier la réalité de ce phénomène. En conséquence, il y a aujourd’hui une quasi unanimité sur l’échiquier politique sur la nécessité d’avoir de la croissance pour en quelque sorte gagner une certaine paix sociale. Tout notre système économico-politico-social a été conçu dans cette optique. On peut même parler d’enjeu majeur puisqu’à pratiquement chaque décision, ou votation populaire pour nous autres helvètes, on s’inquiète en premier lieu de savoir quel impact cela aura sur la croissance.

Si on “retourne la crêpe”  de notre problème pour voir quelle est l’aspect de l’autre face, on est obligé de constater que nous sommes gentiment en train de la carboniser cette partie  cachée pour que la face visible se présente en apparence au mieux.

Pour que le filet social global mis en place tienne, il nous faut de la croissance, y compris une croissance de la population. Non seulement cette croissance, et tout spécialement de la manière dont nous l’obtenons au jour d’aujourd’hui, endommage gravement notre environnement et donc celui de nos descendants mais en plus une dépendance manifeste et de plus en plus aiguë  rend tout ajustement du système hautement périlleux aussi bien politiquement, qu’économiquement et socialement. Il me semble que parler de fuite en avant n’est pas une exagération.

Si nous désirons sincèrement faire quelque chose de bien pour les défavorisés présents et futurs, il est essentiel de travailler deux aspects de nos équilibres sociétaux :
– soit premièrement réussir à mettre en place une société dans laquelle la croissance est un bonus non indispensable, et
– simultanément maintenir une possibilité de vivre décemment à un niveau de coût correspondant aux salaires planchers de notre population.

Si l’idée de base reste relativement simple, malheureusement sa concrétisation relève, aujourd’hui, un peu de l’utopie. Toutefois, ne pas prendre le chemin qui peut nous mener à un tel résultat serait une erreur majeure. Car, augmenter la pression dans un chaudière sans limite, ne peut conduire qu’à un seul résultat : l’explosion de la dite chaudière.

Des pistes existent et certaines font même déjà l’objet de débats mais en général pour d’autres raisons que celle de lutter contre la pauvreté stricto sensus. Elles possèdent pourtant toutes une qualité évidente dans l’optique de soit ne “pas trop charger le bateau” ou de garantir sa durabilité (ce deuxième aspect correspondant à ne pas trop le charger non plus mais à futur). On pourrait citer par exemple :

  • Repenser notre système de santé publique pour privilégier l’augmentation des années en bonne santé plutôt que l’augmentation tout court.
  • Flexibiliser notre système de prévoyance vieillesse pour permettre, voir inciter, à ceux qui le peuvent ou le souhaitent de conserver une part d’activité plus longtemps qu’actuellement.
  • Bien évidemment basculer notre société de consommation vers une société d’investissement comme l’appelait mon post sur l’obsolescence programmée cité ci-dessus.
  • Révolutionner notre agriculture en lui faisant intégrer les concepts de la permaculture, car épuiser nos sols et nos biotopes équivaut à gravement appauvrir nos enfants et tout ceux qui suivront.
  • D’une manière générale concevoir nos utilisations des ressources naturelles comme des cycles devant être fermés!
  • Réorienter la taxation fiscale pour cibler les impacts sociaux ou environnementaux de la création de richesse plutôt que la création de richesse elle-même.
  • Et bien d’autres encore …

Toutes ces mesures, et parfois contrairement aux apparences, s’attaquent aux causes profondes de la pauvreté plutôt qu’au symptômes. Et la médecine nous a bien appris que lutter contre les symptômes plutôt que les causes ne permettra jamais de guérir vraiment.

Encore une fois, je reste tout à fait conscient que certaines des pistes évoquées relèvent d’un idéal peut-être assez lointain. Mais permettez-moi alors de compléter l’observation et dire qu’il s’agit là d’une raison supplémentaire pour se mettre le plus vite possible en chemin afin d’atteindre le but sans retard. Finalement, la lutte contre la pauvreté relève d’une logique très similaire à la préservation de l’environnement, plus longtemps on cache les problèmes sous le tapis, pire sont les conséquences.

Voilà, j’espère avoir retourné la crêpe une première fois pour vous montrer la face cachée de nos équilibres sociétaux, et ensuite une deuxième fois pour crier que cela n’est pas une fatalité mais qu’un autre chemin existe, différent des pseudos-solutions rabâchées depuis des années qu’elles soient de gauche ou de droite.

Laurent-David Jospin

L’obsolescence programmée entre escroquerie et crime contre l’humanité

Récemment, mon fils ainé a partagé avec moi des informations circulants sur des sites spécialisés informatiques, pour les intimes site de geek¹. Or voici, il semblerait qu’une marque de téléphonie mobile se prétendant très fruitée aurait intégré des mécanismes visant à diminuer les performances de la génération précédente ( génération n) en place dans le marché, quand la génération suivante (ou n+1) était mise en vente.

Techniquement parlant, il n’y a aucune difficulté majeure à réaliser un tel tour de passe de passe. Par contre,  bien évidemment sur les plans environnementaux et moraux, il en va tout autrement.

Peut-être qu’il y a un tiroir chez vous avec cet aspect ?

Pour l’aspect environnemental, on peut tergiverser en long et en large en argumentant sur le recyclage, mais les faits sont têtus. Chaque nouvelle génération de téléphone mobile crée un appel d’air sur le marché et le nombre de téléphones en circulation augmente (vous connaissez d’ailleurs certainement, tout comme moi, des personnes ayant 2 ou 3 voir 4! appareils). Et puis lors du recyclage, il reste toujours une perte qui, même si petite à l’unité, cumulée sur des centaines de millions d’unités au niveau planétaire finit par représenter une charge environnementale très significative. Et encore, je ne vous parle même pas de l’énergie grise investie dans l’appareil, qui elle passe complétement à la trappe lors de la destruction de l’appareil.

Mais dans un cimetière de déchets électroniques cela devient ça !!!

Sur le plan moral, voir même juridique, on constate, pour rester simple, que le fabricant vend un produit en promettant une qualité (la performance de l’appareil vendu), tout en mettant en place un mécanisme à l’insu de l’utilisateur visant à s’assurer que la dite qualité pourra lui être enlevée dès que le fabricant le jugera favorable à la marche de ses affaires. Si un tel comportement ne relève pas de la tromperie, je me demande bien ce qui pourrait être considéré comme tel.

Il me semble que je les entend d’ici toutes ces voix grommellantes “ouais ouais bien sûr, mais il faut bien donner du travail aux gens …” argumentant donc que cette obsolescence programmée aurait des vertus sociales.

Je voudrais affirmer ici que le contraire est vrai. Sur le plan social également, l’obsolescence accélérée conduit à une obération du plus grand nombre. Si on en reste à l’exemple du téléphone mobile, on sait aujourd’hui que la part de main d’œuvre est presque insignifiante par rapport au prix de vente de l’objet. Ainsi le montant total reversé en salaire sera de toute façon très largement inférieur au prélèvement devenu, par acte de force, obligatoire dans le revenu disponible des ménages.

On peut aussi l’exprimer en rappelant le principe physique énonçant que toute machine physique possède obligatoirement une perte. Plus la machine réalise de cycle, plus il aura été nécessaire d’injecter d’énergie dans le système. Transposé dans le monde économique, cela signifie plus il y a de cycles réalisés, plus on épuise la planète au détriment des générations futures.

Finalement, cela reste très intuitif, plus les fabricants trouvent des “combinazione”, légales, morales, ou non, pour nous contraindre à l’acte de renouvellement de nos achats plus nous nous appauvrissons.

L’obsolescence programmée est donc un crime contre l’environnement et donc en fin de compte un crime contre l’humanité, une escroquerie patentée, mais aussi un acte profondément anti-social, car s’il touche toutes les catégories de consommateurs, c’est bien les plus défavorisés qui en souffrent le plus.

Laurent-David Jospin

¹ : site de férus d’informatique s’échangeant des informations que les constructeurs cherchent à dissimuler ou au minimum ne donnent pas publiques spontanément.

Une pensée pour notre Fête Nationale

Vous l’avez peut-être remarqué Oskar Freysinger a lancé une pétition ayant pour but de défendre la neutralité helvétique.

Pour ma part, je suis aussi très fortement attaché à notre neutralité mais peut-être pas exactement celle de Monsieur Freysinger.

Une neutralité synonyme de lâcheté et d’abandon de nos responsabilités me dérangerait profondément. Si le but est de se retrouver dans la posture des célèbres 3 petits singes “pas vu, pas entendu, je dis rien” alors non vous ne me trouverez pas parmi les défenseurs d’une telle neutralité, pratiquement d’un tel égoïsme.

Ces 3 petits singes portent en réalité le nom des 3 singes de la sagesse. Selon la maxime asiatique liée à cette représentation, il n’arriverait que du bien à celle ou celui qui l’appliquerait dans sa vie. Et bien non, je n’arrive pas y croire! A court terme peut-être, mais pas à long terme, car ce qui a été négligé, nié, ou encore caché sous le tapis finit toujours par ressortir et faire plus mal encore. Que vous considériez des problèmes de gestion dans une entreprise, des secrets de famille, des différents politiques internationaux, ou encore les problèmes environnementaux de notre planète, il en va toujours de même.

L’image que je vous propose ici pour illustrer notre réflexion me semble vraiment parlante. Regardez les bien ces trois si belles femmes, en voulant fuir leurs responsabilités elles se transforment en pierre morte. Seule la petite fleur en bas à gauche, qui choisit de s’exposer, avec sa corolle face au spectateur, apporte une touche d’espérance au tableau.

Si notre pays veut rester vivant, au sens figuré et qui sait peut-être un jour au sens propre, il serait bien avisé de s’exposer encore bien davantage comme médiateur, et de faire resplendir cette neutralité comme un outil mis à disposition de l’ensemble des Nations. Si vous ne savez plus comment vous parler, venez nous parler et nous parlerons pour vous!

Je suis prêt à soutenir une position dans laquelle notre pays refusera de s’associer aux sanctions visant la Russie dans le cadre du drame ukrainien pour préserver notre capacité à parler aux deux bords. Mais en toute cohérence, nous devons faire plus, beaucoup plus, pour amener les forces opposées à dialoguer et apporter une vraie contribution à la résolution du conflit.

En fin de compte, je ne sais pas encore si je signerai votre pétition, Monsieur Freysinger, car mes craintes ne se dissipent pas. Votre conception de la neutralité m’effraye. En vérité je vous le dis : la fuite ne mène à rien, rien de bon en tout cas. Ayez le courage d’une neutralité active au service de tous, et non celle d’un égoïsme nombrilistique, et alors seulement je vous soutiendrai.

Excellente Fête Nationale à tous!

Laurent-David Jospin

Quand le mieux est l’ennemi du bien, ou les relations inattendues entre la méthanisation et la biodiversité

La perte de bio-diversité des prairies de nos enfances (voir le post du 11.8.2013  Le coût de la perte de bio-diversité ) puise principalement sa cause dans le sur-engraissement des terres agricoles, lui-même généré par la quantité disproportionnée de bétails dans nos fermes. Le cycle et son déséquilibre peuvent se résumer en :
– nos terres ne sont pas suffisantes pour nourrir notre bétail,
– nous importons des fourrages et autres aliments (comme du soja du Brésil par ex.) pour réussir à alimenter en quantité suffisantes les animaux,
– en retour ceux-ci nous gratifient de plus de déjections que nos terres devraient normalement recevoir dans un cycle équilibré,
– et au final ne survivent plus que quelques espèces de plantes adaptées à de telles conditions.

Sur ce, avec ma biologiste préférée nous avons imaginé une solution simple et pragmatique en combinant nos compétences respectives. L’idée consisterait à récupérer un maximum possible de cette production, l’introduire dans une fosse de méthanisation, récupérer en sortie d’une part le biogaz et le digestat, bien évidemment il ne faut surtout pas épandre ce dernier car sinon le problème redevient le même, mais le sécher naturellement dans un four solaire et pouvoir ainsi le conditionner de façon à pouvoir l’exporter dans des zones de la planète nécessitants un tel apport de nutriments pour l’agriculture.

Concrètement, nous proposons une solution sous la  forme d’une “cuve” réalisée avec une matière très comparable à un liner de piscine le tout connecté à un générateur (ou plusieurs selon les cas) ressemblant à s’y méprendre à ceux que l’on peut acquérir dans les brico-centres mais acceptant un mélange méthane / CO2 variable donc typiquement du bio-gaz. On parle ici de puissances relativement faibles pour du biogaz, de l’ordre de 50 à 100 kW.

Si l’on détaille les caractéristiques de base de la proposition, on découvre des coûts d’investissement très bas car la solution est maintenue intentionnellement la plus simple possible, un prix de revient complet des kWh raisonnable de moins de 15 cts, une hygiénisiation de la masse fournie (partielle, il est vrai), et la création d’un digestat pouvant être caractérisé d’engrais directement épandable (ce que nous ne souhaitons surtout pas localement dans le cas d’espèce). Avec cette solution, et selon les exploitations considérées, on peut soustraire jusqu’à 50% du sur-engraissement des pâturages du domaine. Comme il s’agit bien d’une installation allégée de tout superflu, elle se limite au traitement de la bio-masse générée par le domaine lui-même. On évite ainsi également une valse pénible de camions devenant amener de loin à la ronde des matières destinées à alimenter un digesteur de taille industrielle.

Génial, allez-vous me dire, faisons le de suite. Et bien, c’est là qu’il y a “une bulle dans le gaz” selon l’expression consacrée d’un de mes anciens professeurs de mathématique, car voyez-vous c’est INTERDIT¹ !

En premier lieu, le législateur vous dira qu’un système aussi simple ne garantit pas que du méthane produit ne finisse pas dans l’atmosphère. C’est parfaitement exact puisqu’il est équipé d’une simple valve de surpression pour éviter tout risque d’explosion. Toutefois, et c’est bien là le coté absurde de la chose, lorsque les déjections du bétail sont simplement épandues, le méthane en question finit intégralement dans l’atmosphère et personne n’y trouve rien à redire. On sait d’ailleurs que la production très importante de viande contribue de manière sensible au réchauffement climatique.

Ensuite, vous entendrez qu’un tel système possède un rendement insuffisant, car il manque la partie valorisation de la chaleur produite dans le générateur. Peu importe qu’il utilise une source fossile ou renouvelable, la loi assimile un générateur électrique fonctionnant sur le principe du moteur à explosion à un couple chaleur-force et exige la valorisation du sous-produit chaleur dès lors que la puissance dépasse une valeur à peine supérieure au générateur du brico-centre (soit environ 2 kW). Dans le cas, d’une source fossile une telle exigence relève de la pure logique, car ainsi on évite le gaspillage pour protéger l’environnement. Par contre, dans la variante proposée ici, on obtient exactement l’inverse de l’effet recherché. En interdisant de facto de bruler le méthane pour faire de l’électricité, on garantit donc que celui-ci finira dans l’atmosphère et qu’il contribuera au réchauffement climatique jusqu’à 50* plus que le CO2 généré lors de la combustion du dit biogaz (voir post Gaz de schiste et ça continue… paragraphe bon pour le réchauffement climatique?).

Sur la question de la perte de bio-diversité découlant en cascade de ce sur-engraissement, on doit rappeler son importance y compris pour l’économie agricole. Une riche bio-diversité assure une régulation naturelle des rongeurs et autres ravageurs, une meilleure pollinisation par les insectes, un processus plus efficace de formation des sols fertiles (humus et phénomènes associés), ainsi qu’une réduction de l’érosion des mêmes sols.

Nous constatons donc que des lois destinées à protéger l’environnement ne prévoyaient pas le présent cas de figure et conduisent à un résultat déplorable manifestement contraire aux intentions du législateur.

Lorsque les lois et autres règlements administratifs ci-dessus ont été édictés, le concept même de la méthanisation ou biogaz en mode individuel ne circulait que dans quelques cercles d’initiés assez avant-gardistes. Il ne semble donc pas que l’on puisse reprocher ici cette erreur maintenant devenue évidente. Pour ma part, je ne me permettrais pas de critiquer ceux qui étaient à l’origine de ces lois, ils devaient  certainement sincèrement penser bien faire. Par contre, on ne pourrait tolérer qu’elles ne puissent pas être corrigées rapidement et sans lourdeur excessive.

Mes premières démarches avec diverses administrations ne laissent malheureusement pas entrevoir une ouverture telle que nous pourrions la souhaiter. La meilleure réponse entendue à ce jour correspond plus ou moins à du “évidemment, vous avez parfaitement raison et c’est hautement regrettable, mais la loi étant ce qu’elle est …“.

Le mot regrettable ne correspond pas précisément aux qualificatifs dont j’aimerais faire usage devant une telle situation kafkaïenne. La maison des fous d’Astérix, vous connaissez?

Notre situation environnementale s’est à ce point péjorée que nous ne pouvons plus nous permettre de tel errements. Ceux qui me connaissent un peu plus personnellement savent que je ne suis pas homme à me laisser abattre trop facilement. Une image valant mieux que milles mots, je vous résume mon état d’esprit ainsi :

Avec divers intéressés, nous nous attelons à une réflexion sur la méthode la plus efficace (surtout la plus rapide) pour adapter le cadre juridico-administratif nous créant ce problème absurde. Il va de soit que toute bonne idée de mes chers lecteurs sera saluée comme il se doit!

Laurent-David JOSPIN

note(s) ¹ : pour rappel, les informations présentées ici sont valides pour la Suisse et à la date de rédaction du Post. Toutefois, et selon les informations en ma possession, des problèmes assez similaires existent dans la plupart des pays européens.

PS : encore désolé pour le faux-départ de ce message, on espère que vous aurez été satisfaits par un texte à la hauteur de votre attente.

Quand le mieux est l’ennemi du bien, ou les relations inattendues entre la méthanisation et la biodiversité

 

Un bonjour gêné à mes chers lecteurs, l’annonce de la publication est prématurée. Le Post est en cours de rédaction et devrait être disponible vers le milieu de la semaine prochaine.

Rédigeant en écoutant un concert en duo de James Brown et Luciano Pavaroti (si,si…), l’enthousiasme a peut-être tourné la tête de ma souris, sinon je reste perplexe et sans autre explication à vous fournir.

La perte de bio-diversité des prairies de nos enfances (voir le post du …) puise principalement sa cause dans le sur-engraissement généré par la quantité disproportionnée de bétails dans nos exploitations agricoles. Le cycle et son déséquilibre peuvent se résumer en :
– nos terres ne sont pas suffisantes pour nourrir notre bétails,
– nous importons des fourrages et autres aliments (comme du soja du Brésil par ex.) pour réussir à alimenter en quantité suffisantes les animaux,
– en retour ceux-ci nous gratifient de plus de déjections que nos terres devraient normalement recevoir dans un cycle équilibré,
– et au final ne survivent plus que quelques espèces de plantes adaptées à de telles conditions.

…………………………….. suite prochainement, encore désolé

 

Un premier pas lucide et courageux qui en appelle d’autres

Ce dimanche, le peuple neuchâtelois a renvoyé les autoproclamés éolo-sceptiques à leurs études. Le score ne souffre aucune discussion et il me plaît de rappeler qu’en 2010 déjà des états généraux de l’énergie avaient été initiés par le Conseiller d’Etat alors en fonction.

En page 28 du document intitulé “opinion des Neuchâtelois sur les questions énergétiques“, on découvrait que 64% des sondés souhaitaient que l’on développe “beaucoup”, selon les termes du sondage, l’énergie éolienne.

 

Ne trouvez-vous pas cela vraiment étonnamment proche des 65% d’acceptation du contre-projet du Grand Conseil atteints ce dimanche?

Il n’y a pas de hasard ici la population neuchâteloise appelle de ses vœux une sortie ordonnée des énergies fossiles, nucléaires compris, et est prête, de manière tout à fait consciente, à mettre en œuvre une politique permettant la concrétisation de ce but. Si on devait exprimer un regret aujourd’hui, c’est bien pour ces 4 années perdues (2014-2010) à confirmer quelque chose que l’on savait donc déjà politiquement parlant, et que, sur le plan scientifique, on sait être dramatiquement urgent.

Aujourd’hui ce premier pas se mesure à l’étalon d’un pourcentage un peu abstrait soit les 20% de production indigène potentiellement atteignables grâce aux parcs prévus.

Ne réfléchissez pas plus longtemps pour le second pas, vous le lisez dans la même page 28 du sondage ci-dessus. En premier choix, les neuchâtelois à 79% plébiscitaient l’énergie solaire comme source prioritaire d’énergie renouvelable.

Nous devons maintenant cesser de tergiverser et le plus vite possible lever une bonne fois pour toutes les obstacles artificiels mis en travers de l’énergie solaire par des défenseurs auto-proclamés du patrimoine qui sont en réalité surtout des fossoyeurs de notre environnement et de celui de nos descendants.

Avec le solaire libéré, nous pouvons avancer de 30% supplémentaires. Les deux pas mis bout à bout, nous aurons donc déjà fait la moitié du chemin. Pour ma part je préférerai voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, en conservant bien sûr la ferme volonté de finir de le remplir avec les très nombreuses sources d’énergies vertes à notre disposition.

Laurent-David JOSPIN

Sources :
Rapport M.I.S. Trend, novembre 2010, “opinion des Neuchâtelois sur les questions énergétiques
©AFP / 13 avril 2014, “Climat: urgence à agir pour tenir le cap des 2°C, l’énergie au coeur du défi

Une fois pour toute, non le nucléaire ne peut pas être une solution!

Les débats liés à la votation sur l’éolien dans le canton de Neuchâtel ont fait ressortir du bois quelques personnes voulant, ouvertement ou sournoisement, un retournement de la décision de sortir du nucléaire avec presque toujours les trois mêmes arguments :
– Les renouvelables sont trop chers
– On n’arrive pas à gérer l’intermittence
– Il n’y aura pas assez d’énergie pour tous

De manière regrettable, ces personnes refusent, à l’encontre du bon sens, cette sortie du nucléaire et cherchent, en torpillant toute autre alternative (le solaire hier, l’éolien aujourd’hui, et qui sait la bio-masse demain?), à nous mettre dans une impasse énergétique pour contraindre la population à un choix qu’elle ne souhaite manifestement pas.

Mes convictions sont connues et je ne céderai pas à la tentation de refaire tout le débat pro et anti nucléaire.

Un seul argument, indépendamment des questions des déchets laissés aux générations futures, du démontage impossible des centrales en fin de vie, des coûts sous-évalués, des problèmes sanitaires, …. permet de démontrer une fois pour toute que le nucléaire ne nous garantit certainement pas, d’avoir assez d’énergie, et encore moins de l’avoir bon marché.

Nous avons actuellement sur la planète 435 centrales nucléaires en fonctionnement ainsi que 72 en construction effective. Il y a également un certain nombre de projets à des stades plus ou moins avancés. La notion même de projet ne permet pas d’en déterminer le nombre exact, toutefois les experts de la branche reconnaissent qu’environ 100 projets sont crédibles et soutenus par une volonté réelle d’aboutir à relativement court terme. Théoriquement, nous pourrions donc atteindre 600 réacteurs nucléaires sur la planète. (note : les chiffres ci-dessus sont vrais à la date de rédaction, pour avoir des chiffres exacts lors de votre lecture, il faut consulter les sources mentionnées en fin de post).

En 2012, 54’610 tonnes d’uranium ont été produites, et très étrangement presque 70’000 tonnes consommées. Cette anomalie dure, de plus, depuis de très nombreuses années (au minimum 2005 et très vraisemblablement depuis 1991 selon certaines sources). Bien évidement, la différence est comblée par l’utilisation de stocks disponibles. Et c’est là que la chose se corse, car on parle ici de stocks militaires déclassifiés relativement limités. Un stock aussi profond soit-il,  ne pourra jamais rivaliser avec une corne d’abondance, et un jour, “l’entrepôt” sera vide.

Or ce jour est déjà là, depuis ce printemps 2014, dans le cadre de l’accord UHE-UFE, autrement appelé mégatonne contre mégawatt, sur 20 ans signé en 1994 entre les USA et la Russie, cette dernière a cessé d’envoyer de l’uranium à usage civil provenant du recyclage de son uranium militaire excédentaire.

En imaginant donc que nous montions à ces 600 réacteurs nucléaires au plan mondial, nous aurions une consommation annuelle approchant 100’000 tonnes (prenant en compte que la mise en première charge d’un réacteur nucléaire est 3 fois plus importante que la consommation annuelle, et également que les nouveaux réacteurs potentiels auraient des puissances moyennes supérieures à celles du parc installé).

On en vient donc rapidement à la seule vraie question : sera-t-il possible de doubler la production mondiale pour satisfaire la demande dans un délai de quelques courtes années? Je me permet d’en douter fortement pour ne pas dire plus.

Les pro-nucléaires ont beau jeu de nous dire qu’il y a encore de l’uranium pour x centaines d’années sur la planète. La réalité de base est tout autre, car personne ne veut une mine chez soi! Un regard sur le cas d’Arlit au Nigeria donne un éclairage particulièrement brutal sur la question. Les poussières radioactives dégagées par l’exploitation de la mine tuent (par des cancers des voies aériennes prioritairement) à des dizaines si ce n’est des centaines de km à la ronde. En réalité l’exploitation d’Arlit est imposée aux populations locales par un pouvoir central tout sauf démocratique. Sans cette contrainte, vous pouvez très certainement oublier cette mine faisant partie des plus productives au monde.

D’autres aspects rentrent en ligne de compte, comme par exemple le taux de concentration dans la source considérée. On nous dit souvent qu’il suffit de s’adresser aux vendeurs de phosphates, car il y a de l’uranium dans cette ressource hautement exploitée actuellement pour les besoins de l’agriculture intensive. Oui, mais voilà, en imposant à l’ensemble des producteurs mondiaux de phosphate les équipements nécessaires pour concentrer cet uranium (avec pas mal de difficultés et coûts à la clef), on arrive péniblement à 3’100 tonnes par année, soit même pas 10% de la quantité supplémentaire recherchée.

Ces problèmes de concentration touchent aussi des mines classiques potentielles qui ne sont absolument pas rentables compte tenu du besoin énorme en énergie pour réaliser une concentration à 5% d’U235 nécessaire pour la plupart des réacteurs civils.

En conclusion, la loi de l’offre et la demande s’appliquant avec force ici conduira tout naturellement à une explosion des coûts du “carburant” uranium, qui compte aujourd’hui pour environ 5% du coût officiel du kWh généré par une centrale nucléaire. Comme une centrale existante représente en premier lieu un montant initial d’investissement bloqué colossal (ordre de grandeur 6 mia d’EUR et + pour les EPR actuellement en construction), l’exploitant sera prêt à payer son combustible presque n’importe quel prix, pourvu qu’il ne soit pas obligé de mettre à l’arrêt son équipement.

Si l’on prend en compte un coût potentiel de l’uranium à 1000 US$/kg au lieu des 40 actuels, et sans même inclure les coûts liés à une réparation du problème sanitaire généré sur les lieux de production, on peut s’attendre jusqu’à un triplement du coût de l’énergie produite.

On constate dès lors clairement que, dans les années à venir, le nucléaire ne nous garantit ni de l’énergie en quantité ni même un prix bas.

Les personnes croyant qu’en sabotant tout ce qu’elles peuvent du coté des ENR, elles permettront un retour en force du nucléaire, sont tout simplement de dangereux irresponsables!

Le peuple neuchâtelois a la chance de pouvoir montrer la voie, je veux croire qu’il saura prendre cette opportunité. Nous avons urgemment besoin des 20% que les éoliennes peuvent nous offrir pour aller en direction de notre autonomie énergétique. Non à l’initiative “Avenir des crêtes”, Oui au contre-projet du Grand Conseil!

Laurent David Jospin

Sources :
Agence internationale de l’énergie nucléaire, www.iaea.org/pris/
Commissariat à l’Energie Atomique, http://www.cea.fr/content/download/4853/28969/file/clefs55_p017_022_Capus.pdf
International Physicians for the Prevention of Nuclear War, http://www.ippnw-students.org/Japan/Arlit.pdf

Fermer la porte de l’éolien ouvre celle du gaz de schiste!

Plusieurs de mes connaissances se sont étonnées du fait que je m’engage pour la votation liée à la question éolienne agitant le lanterneau politique neuchâtelois. Plusieurs fois l’on m’a interpellé en exprimant une incompréhension globalement résumable en “pourquoi un vendeur de solaire voudrait favoriser une énergie concurrente?

Il s’agit d’une erreur essentielle que je souhaiterais corriger ici. Le solaire, l’éolien, le biogaz, les autres formes de biomasse, la géothermie quand elle est faisable sans risque, l’hydraulique sous toutes ses formes, ne sont pas, au grand jamais, des énergies concurrentes mais des partenaires se complétant et se renforçant les uns les autres.

Le solaire présente un cycle jour-nuit évident, dont beaucoup oublient qu’il colle assez bien au cycle de l’activité humaine et donc aux besoins en énergie. L’éolien offre fréquemment des puissantes productions en période de mauvais temps. La biomasse et l’hydraulique ne sont ni plus moins que nos batteries permettant le lissage des productions intermittentes. Et ainsi de suite, dès lors n’opposez pas des frères et sœurs ne souhaitant qu’une seule chose collaborer!

Peu de gens le savent, mais une combinaison photovoltaïque + éolien permet de produire de l’énergie pendant presque 90% du temps.

Pour l’exprimer autrement vouloir couvrir l’intégralité de nos besoins avec une seule source d’énergie renouvelable relève de l’impossible car la gestion de l’intermittence devient insoluble. Atteindre le même objectif avec deux sources différente au lieu d’une reste difficile et coûteux, mais peut s’envisager. Lorsqu’on passe à trois ou encore mieux quatre, les renouvelables s’intègrent en un tout cohérent sans difficulté supplémentaire, car rappelons-le, même le nucléaire pose de grandes difficultés pour gérer les variations de demande du réseau.

Mon engagement auprès du comité pro-éolien relève donc de la simple cohérence.

Une plongée dans la campagne liée à cette votation ne parle pas franchement en faveur du genre humain entre la désinformation, les mensonges et les insultes très largement en-dessous de la ceinture. Il m’est apparu souhaitable d’essayer de recadrer le débat et j’ai donc essayé de collecter l’ensemble des contre-vérités en circulation et d’offrir à chaque point la base de réponse permettant de s’y retrouver.

Le lien sur le résultat est à la fin de l’article, à diffuser le plus généreusement possible, merci d’avance.

Je trouve par contre important de souligner encore une fois ce que j’expliquais au journaliste du Temps à la fin de la conférence de presse: “fermer la porte de l’éolien ouvre celle des gaz de schiste“.

Notre économie, notre mode de vie, et enfin l’ensemble des prestations sociales offertes à la population exigent tous de l’énergie! Nous avons besoin des 20% que l’éolien peut nous offrir. Faire l’impasse ici nous conduira tout droit dans une situation d’urgence dans quelques années et l’autoroute du gaz schiste aura été soigneusement balayée avec toutes les conséquences désastreuses à la clefs déjà décrites dans ces pages.

En parallèle à ceci, il se rajoute un puissant malaise sur l’honnêteté des défenseurs de l’initiative “avenir des crêtes” lorsqu’ils affirment qu’il faut privilégier l’énergie solaire, car voyez-vous plusieurs de ces personnes appartiennent au groupe qui fait des pieds et des mains pour retarder mes projets de centrales photovoltaïques à La Chaux-de-Fonds.

Oui, la population doit savoir que l’éolien et le solaire ne s’opposent pas mais se renforcent, et que les affirmations contraires de nos adversaires relèvent de la même logique égoïste, court-termiste et mensongère nous amenant tout droit vers l’enfer. Il vous suffit de prendre connaissance des communiqués du GIEC sortant au moment même où j’écris ces lignes!

Laurent-David Jospin

Liens et sources :
Journal Le Temps, Pierre-Emmanuel Buss, “La centrale à gaz de Cornaux, un projet mort-né
Argumentaire rectificatif sur les contre-vérités en circulation: http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/images/rectificatif%20pro%20%c3%a9olien%20.pdf
Site de l’association de défense du contre-projet du Conseil d’Etat: www.eole-ne.ch
Agence France Presse, communiqué du GIEC, “Climat: urgence à agir pour tenir le cap des 2°C, l’énergie au coeur du défi
Posts sur le gaz de schiste et leurs sources propres: http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/?p=109, http://www.famillejospin.ch/ouvrirlesyeux/?p=93,

Je déteste que l’on change les règles au cours du jeu mais …

… Pour cette fois exceptionnellement, ma conviction me pousse à dire haut et fort que cela était justifié. La Suisse vient de se faire condamner à Strasbourg devant la CEDH (Cours Européenne des Droits de l’Homme) pour une triste histoire liée à l’amiante.

Bien évidemment, le fait que mon pays se fasse condamner ne m’enchante guère, mais néanmoins la décision des Juges de Strasbourg est manifestement emprise d’un sens la vraie justice.

En droit, il existe une notion de prescription pour permettre à un éventuel auteur d’une infraction d’échapper à toute sanction s’il n’est pas poursuivi dans un délai donné propre à chaque infraction. Il ne s’agit pas ici d’un “cadeau” que l’on fait au criminel mais d’un mécanisme mis en place pour permettre à notre société de fonctionner le mieux, ou le moins mal possible selon votre ressenti, et ne pas être perturbée en permanence par des histoires surgissant d’un trop lointain passé.

L’idée sous-jacente de ne pas poursuivre des actes n’ayant plus aucune incidence sur la vie actuelle détermine directement la durée de la prescription. Un crime d’une portée sans limite au regard de la durée d’une vie humaine devient donc logiquement imprescriptible, On pense ici tout de suite aux génocides et autres crimes contre l’humanité.

Dans le cas de l’amiante, la durée de la prescription en droit suisse est, pour l’instant, de 10 ans. Or voilà l’intervalle de temps entre l’atteinte à la personne (crime) et l’apparition des symptômes ne relève d’aucune logique simple mais peut atteindre des délais de plusieurs dizaines d’années.

Dans le cas qui nous occupe, la personne a déclaré un cancer de la plèvre globalement 30 ans après l’exposition à l’amiante. Sur cette base, le Tribunal Fédéral a eu une lecture du sens de la prescription étroite et a refusé le droit à un procès en dédommagement pour la famille lésée en argumentant que la démarche dépassait très largement le délai prévu par la loi de 10 ans.

L’analyse de la  CEDH se base-elle sur l’impossibilité pratique des victimes à obtenir réparation puisque la plupart des cancers générés par une exposition à l’amiante se déclarent bien au-delà de ces fameux 10 ans.

Cette évolution du droit mérite d’être relevée. Ne serait-ce que 10 ans plutôt un tel jugement restait du domaine des pures illusions.

Sur ce, il semblerait que le Parlement envisage une modification de la loi dans le sens d’un démarrage de la prescription au moment de l’apparition des symptômes et non plus de l’exposition à l’amiante.

Une telle évolution de la loi me semble être de la plus élémentaire justice! Et on doit aussi en tirer un parallèle en toute cohérence avec les industries générant des pollutions environnementales dont les conséquences se font attendre sur le long voir très long terme (chimie, gaz de schiste, nucléaire, … ) .

Si aujourd’hui, nous passons une loi disant que la responsabilité économique des industries polluantes ne s’éteint qu’après que les conséquences aient pleinement déployées leurs effets d’une part et que d’autre part les ayants-droits (actionnaires et assimilés) de l’industrie concernée se substituent obligatoirement en cas d’insolvabilité du pollueur (faillite ou assimilé), dès demain plus aucune caisse de pension n’investira dans des business irrespectueux de l’environnement, ni aucune banque ne leur prêtera d’argent, et la grande majorité de leur sous-traitants hésiteront fortement à continuer toute relation d’affaires.

Oui, en une seule loi nous pouvons changer radicalement les comportements courts-termistes  de l’industrie et de la finance! Ma conviction est que même sans la mise en place d’une loi comme évoquée, le mécanisme vécu dans le cas de l’amiante se répétera à futur, car scientifiquement parlant aujourd’hui plus personne ne peut dire “nous ne savions pas“. Simplement, si nous voulons induire un changement et éviter toutes les conséquences qu’il est encore possible d’éviter, nous ne pouvons faire l’économie d’inclure dans notre ordre juridique dès aujourd’hui un mécanisme responsabilisant les auteurs des grandes pollutions dont les conséquences se développent quelques fois bien au-delà de la vie des entreprises concernées.

Et puis passer cette loi, appelée de mes vœux, présenterait un avantage évident : dans 20 ans nous n’aurons pas besoin de changer une fois de plus les règles du jeu au cours de la partie …

Laurent David Jospin

Source : site web Radio Télévision Suisse Romande “http://www.rts.ch/info/suisse/5680225-la-famille-d-une-victime-de-l-amiante-obtient-gain-de-cause-a-strasbourg.html

Il y en a qui ne manque pas de … … de gaz schiste

Monsieur Rex Tillerson que voilà une personnalité qui mérite d’être connue, et je m’en vais m’empresser de vous la faire découvrir!

Ce brave Rex, portant si bien son nom, roi du gaz de schiste aux USA car CEO d’EXXON, est assurément un saint, car il n’hésite pas à payer de sa personne, critiquant le gouvernement américain à la moindre tentative de limiter la liberté fondamentale des majors de l’énergie de détruire sous-sol et santé des habitants sans devoir en assumer les conséquences.

Un sain? Que dis-je le missionnaire du coup de force par forage horizontal, l’évangéliste des pétroles non-conventionnels, l’apôtre du tout tout de suite et tant pis pour les générations futures, le prophète du fracking et des pollutions à long terme.

Ce phare dans un monde perdu dans ses errements n’a pas hésité à affirmer haut et fort que le gouvernement américain devenait un problème en souhaitant, même si peu, réguler l’industrie du gaz de schiste sur le plan environnemental. Les larmes m’en viennent aux yeux d’une telle preuve de courage et lucidité en faveur de l’avenir de nos enfants.

D’ailleurs voyez-vous, il n’a pas manqué de prouver son infinie cohérence en attaquant un permis de construire pour un réservoir destiné à de la fracturation hydraulique un peu trop près de sa magnifique propriété. Car enfin, c’est bien évident on va exploiter le gaz de schiste chez les pauvres pour les aider, il n’y a donc surtout aucun besoin de le faire chez les riches…. soyons logiques, enfin quoi!

Très cher Rex Tillerson nous t’aimons tellement. Puisses-tu ne jamais disparaître comme ton illustre cousin Rex Tyranosaurus!

Laurent David Jospin

Sources :
The Wall Street Journal, Daniel Gilbert, 20 février 2014, “Exxon CEO Joins Suit Citing Fracking Concerns
Blog Dallas Observer,  “http://blogs.dallasobserver.com/unfairpark/2014/02/wsj_exxon_ceo_lawsuit_fracking.php

Plus cher cela coûtera …. conclusion sur l’équation de Kaya

Avec ce post nous terminons notre voyage ayant comme fil rouge l’équation de Kaya.
Vous trouvez l’introduction ici :Une équation prédit l’enfer sur terre, voulez-vous jeter un coup d’oeil? (série à suivre)
La présentation générale de l’équation et sa justification :Une équation prédit l’enfer sur terre, mais que dit-elle au juste?
Le décryptage réalisé par un “climato-convaincu” : une équation prédit l’enfer sur terre? Comment changer?
Et enfin l’analyse à destination du “climato-sceptique” : Une équation prédit l’enfer sur terre? Et si le réchauffement climatique n’existait pas?

Il convient d’être humble même si l’ensemble de ces 4 posts + ce dernier arrive à un total de 8000 mots, cette analyse reste à un niveau global d’ensemble et non de détails. L’équation de Kaya a été la source d’un nombre plus que conséquent de publications. Pour ceux qui le souhaitent, il est possible d’approfondir la réflexion à volonté. Une seule chose demeure, la tendance générale que j’ai essayé de vous transmettre le plus fidèlement possible se confirme dans toutes les analyses!

Cette remarque liminaire posée, rappelons-nous ce que conclut le “climato-convaincu” de l’équation de Kaya. Si nous souhaitons réellement éviter une catastrophe climatique de grande ampleur, dont les conséquences ne seront vraisemblablement pas supportables au sens premier du terme, nous devons organiser un transfert de notre mode de consommation énergétique vers le tout renouvelable à marche forcée pour avoir une économie quasiment décarbonnée aux alentours de 2050.

Le “climato-sceptique” découvre lui avec un faux étonnement que les stocks d’énergie non renouvelable sont par définition finis et qu’il faudra bien, un jour ou l’autre, être en mesure de s’en passer, l’expression “être en mesure” prenant ici un sens particulièrement aigu si l’on souhaite éviter une régression majeure de notre civilisation.

Le naïf écoutant les points de vue de l’un et l’autre ne comprend dès lors pas pourquoi le “climato-sceptique”, tout en gardant sa conviction erronée, personne n’est parfait que diable, n’accepte pas la transition énergétique proposée par le “climato-convaincu”. Car même si elle n’est pas nécessaire climatiquement parlant, elle permet d’éviter le risque de récession économique gigantesque découlant d’un tarissement progressif des sources d’énergies fossiles.

Nous touchons ici au nœud crucial de toute la problématique. Aujourd’hui, lorsque nous consommons de l’énergie fossile ne nous payons pas les coûts induits (pollution, réchauffement, destruction des milieux naturels, …) et indubitablement le fait de disposer abondamment d’une énergie, que l’on pourrait quasiment assimiler à de l’énergie gratuite au vu du rapport entre prix payé et coût effectif, représente le meilleur stimulant de l’économie que l’on puisse imaginer. Vous pouvez toujours essayer de faire tourner la planche à billets, si la population ne dispose pas de plus d’énergie, elle ne peut pas consommer plus!

Il existe plusieurs espèces de “climato-sceptiques”. Point de catalogage ici, celui qui nous intéresse ici affirme haut et fort l’impossibilité de réaliser la transition énergétique, car il ne manque pas de mettre en avant toutes les difficultés, notamment économiques, que nous rencontrerons si subitement nous devons payer le vrai prix de l’énergie.

L’argument massue est toujours le même : si nos entreprises doivent payer leur énergie x fois plus cher, elles perdront toute compétitivité et il en découlera de graves problèmes économiques.

On peut ici rappeler sur la croisée des courbes entre le fossile et les renouvelables. Durant les années 1990 à 2002, le baril de pétrole coûtait environ 22 US$ en prix moyen. Comme un baril permet de générer environ 800 kWh d’électricité (énergie primaire * efficience proche de 50%), le kWh électrique généré depuis une centrale au fioul possédait un coût “matière” d’environ 3 cts. Comme il faut exploiter, entretenir et amortir la centrale elle-même, il ne semble pas déraisonnable d’annoncer un prix total de l’époque par kWh d’environ 8 cts. A cette époque, un kWh d’origine solaire coûtait au-delà  de CHF 1.–! Aujourd’hui en 2013/2014, le baril de pétrole coûte globalement 100 US$, poussant dès lors le coût total du kWh sur base fioul à plus de 15 cts. Allant en sens contraire, l’évolution du solaire permet aujourd’hui de générer des kWh à moins de 20 cts!

Certaines prévisions pour l’horizon 2025 laissent penser que le baril de pétrole devrait se situer vers les 250 US$ (Reuters) conduisant à un coût du kWh comme ci-dessus vers les 35 cts, alors que dans le même temps on espère une baisse du solaire conduisant le kWh solaire vers les 10 cts. Il est exact que d’autres prévisions sont moins pessimistes comme par exemple celle de l’AIE qui envisage un baril à 128 US$ pour la même période. Cette différence de prévision est logique, car les pronostiqueurs sont tout sauf neutres. On le voit de la manière la plus évidente en étudiant les prévisions de l’OPEP elle-même qui ont toujours été dépassées. Au final, cela importe peu car quels que soient les scénarios retenus, la baisse des renouvelables conduit à ce qu’ils deviennent les plus compétitifs dans tous les cas à brève échéance.

L’élément le plus fort et le moins manipulable reste simplement la différence entre la demande et l’offre. En 2035, les prévisions les plus basses annoncent une demande à hauteur de 100 millions de barils par jour. La production escomptée se situe vers les 65 millions de barils par jour. Aujourd’hui, la configuration serait plutôt demande 90 millions contre production 80-85 millions. Le gap qui va donc au minimum être multiplié par 4, ne peut que conduire à une explosion des prix selon la loi de l’offre et la demande.

Dès lors il apparaît clairement que de ne pas réaliser la transition énergétique n’est pas une économie mais un report de charge avec intérêts en sus cela va de soit.

Plus tardivement nous nous attaquerons à ce problème, plus cher cela coûtera. Comprenez-moi bien, plus cher cela coûtera en terme économique bien sûr, mais aussi plus cher cela coûtera en terme de souffrance et de vies humaines. La vraie conclusion de l’équation de Kaya est ici : repousser la transition énergétique ne fait qu’augmenter son coût, et si l’on attend trop les conséquences dépasseront notre capacité de “payement” avec au final un possible effondrement de notre civilisation telle que nous la connaissons.

Et ici il ne s’agit pas de politique mais d’une simple conséquence mathématiquement et froidement inéluctable!

Laurent-David JOSPIN

Sources :
Agence Internationale de l’Energie, “World Energy Outlook 2013
ainsi que celles des posts précédent traitant de l’équation de Kaya

Pourquoi il ne faut pas intégrer le photovoltaïque, mais alors définitivement pas!

Non, non je n’ai pas mis de côté la conclusion finale sur l’équation de Kaya, il se trouve juste que j’aimerais bien donner un peu de punch à la fin de série et qu’en conséquence, je prends mon temps.

Par ailleurs, l’actualité me pousse à m’intéresser à un sujet sensible sans aucun délai.

Comme beaucoup le savent, les services d’urbanisme exigent souvent que les installations solaires photovoltaïques soient intégrées dans la toiture même, et j’avais déjà mentionné par le passé qu’il s’agit d’une hérésie (voir post du 8 juin 2013 Comment tuer …). Note : les réflexions qui suivent concernent spécifiquement le solaire photovoltaïque et non pas le solaire thermique pour lequel la réflexion se révèle plus complexe, car il y a des plus et des moins.

Aujourd’hui, la question revient sur le devant de la scène, car les motions solaires préparées avec mon collègue vert’libéral Giovanni Tarantino vont être discutées au Grand Conseil Neuchâtelois.

Notre motion, sans aucun doute la plus importante, visant à limiter les possibilités de nuisance arbitraire des monuments hystériques et associés sur des bâtiments de moindre importance doit être défendue avec énergie (si j’ose le dire ainsi) et une des questions liées, mis à la part la taille de l’installation admissible, sera justement celle du besoin d’intégrer les panneaux dans la toiture ou non.

En six points, j’aimerais vous démontrer une fois pour toute qu’il ne faut définitivement pas intégrer les centrales solaires photovoltaïques sur des toits pentus. Il me semble utile ici de rappeler que la transition énergétique portée par notre Conseillère Fédérale Doris Leuthard ne se limite pas à une réaction émotionnelle dictée par un événement extraordinaire (Fukushima), mais au contraire correspond à une nécessité extrêmement urgente de décarboner notre consommation énergétique. Le réchauffement climatique tue déjà aujourd’hui, et il tuera encore bien plus demain. Opposer des critères parfaitement subjectifs, beau contre pas beau, et dans tout les cas de faible importance, à une réalité objective scientifiquement prouvée et d’une gravité extrême relève, à mon sens, effectivement de l’hystérie. On peut même parler ici de crime contre l’humanité. A ce sujet, on peut citer le rapport des services secrets américains sur les risques environnementaux prédisant à peu de chose près l’enfer sur terre d’ici quelques dizaines d’années au plus. Il est donc essentiel que les installations solaires réalisées offrent la vraie performance attendue de manière à obtenir la contribution maximum possible pour lutter contre ce défi sans commune mesure menaçant l’humanité tout entière.

Pour rendre palpable, ce dont nous allons parler dans ce post, à ceux de mes lecteurs qui ne sont pas trop versés dans les détails techniques de l’énergie solaire, il existe deux méthodes principales pour installer des panneaux solaires sur une toiture pentue couverte de tuiles.  La solution la plus simple consiste à glisser sous certaines tuiles des crochets venant se fixer dans la poutraison, serpentant dans l’épaisseur entre deux tuiles et dépassant à l’air libre de quelques centimètres pour permettre d’accrocher soit directement des modules solaires soit un lattage en aluminium pour plusieurs modules solaires. Ainsi la toiture préexistante est toujours présente sous les modules solaires. Concrètement, cela donne quelque chose comme ceci :ou encore Dans l’autre méthode, on déconstruit complètement la toiture sur une surface légèrement plus grande que celle des panneaux photovoltaïques prévus, on ré-installe une nouvelle étanchéité devant venir se joindre par un jeu de garnitures du genre bitume dessous et métallique dessus sur la partie de toiture conservée, et on fixe les panneaux solaires dans l’espace ainsi créé avec une finition voulant donner l’impression d’une continuité de la toiture. Il est à noter qu’ainsi l’espace sous les modules solaires est clos. Deux images pour vous rendre l’ensemble plus palpable, la première en phase de préparation, la deuxième pour un exemple de résultat final :

Aspect premier le coût

Intégrer dans la toiture coûte plus cher c’est évident, mais combien au juste? La bonne réponse est trop aujourd’hui et encore nettement plus demain.

A l’instant où j’écris ces lignes, 1 kWp sur une installation moyenne dans une configuration normale coûte environ CHF 2’500.–, l’intégration en sus coûte environ 150.–/m2 soit globalement CHF 1’000.–, puisque 1kWp nécessite entre 6 et 7 m2, pour donc un surcoût de 40% calculé depuis le prix de départ normal sans intégration.

A futur, nous (à comprendre la branche photovoltaïque) espérons pouvoir diminuer le coût du kWp à environ CHF 1’500.– (horizon 2020). Le coût de l’intégration aura pendant ce temps augmenté, car on ne parle pas ici d’une technologie qui s’améliore encore mais simplement du renchérissement des coûts liés aux matériaux de construction ainsi que de la main d’œuvre associée. Considérer une augmentation de 20% sur cette position semble plutôt conservateur qu’autre chose, dès lors ces CHF 1’200.– (les 1000.– actuels + 20%) représenteront un surcoût de 80% de ces CHF 1’500.–, ce qui est complètement insupportable au sens premier du terme.

Aspect second la production énergétique

Non seulement, une installation intégrée coûte nettement plus cher, mais en plus elle produit moins ! Comment est-ce possible ?

Pour le comprendre, il suffit de se remémorer ses cours d’électricité et de la notion de résistance variable à la température. Le photovoltaïque extrait l’énergie des photons et non de la chaleur, d’où son nom d’ailleurs. Une hausse de la température induit une baisse de l’efficience de la conversion (en général -0.5% par °C supplémentaire). On parle ici d’effet Joule. Un module solaire à une température 20°C plus élevée va donc produire 10% d’énergie en moins que le même module toutes autres conditions restant identiques.

Or voilà, une installation intégrée souffre d’une ventilation totalement insuffisante. Une étude conduite en 2001 par le National Institute of Standards and Technology sur la question de température de modules intégrés ou non intégrés montrait montrait une perte de 10% de production. Plus récemment, l’EU a géré un projet de recherche sur cette question précise en 2007 et est arrivée à la conclusion que l’intégration conduisait à une perte de production moyenne de 15%.

Pour ma part, je retiens ce chiffre en attirant l’attention sur ceci : plus les modules photovoltaïques deviennent performants plus ils sont sensibles à cet effet. L’étude de 2007 a été réalisée sur des produits de 2005-2006 donc avec une efficience d’environ 12 à 14%. Aujourd’hui nous exploitons usuellement des modules à 16-18%, et en 2020 nous devrions être dans la plage 22-25% . Je ne serais pas étonné si cette perte de production venait à atteindre une valeur proportionnelle à l’accroissement d’efficience soit grosso modo 25% ! L’évaluation sommaire proposée  ici apparaît en tout cas cohérente avec l’évolution constatée entre les deux études mentionnées ci-dessus.

Aspect N°3 La durée de vie

Récemment le Fraunhofer Institut a publié une étude dans laquelle il est affirmé que les installations solaires déployées actuellement peuvent espérer avoir une durée de vie d’environ 40 ans. Cette augmentation de la longévité a été gagnée essentiellement par une amélioration de la qualité des soudures et également celle du laminage.

Parallèlement à la question de la perte de rendement ci-dessus, la question thermique va aussi nous embêter ici. En effet, si le module atteint régulièrement des températures 30, 40 voir 50°C plus élevées, l’effort mécanique dû à la dilatation augmentera également en proportion. Il s’agit d’une question d’usure par fatigue des matériaux, une fois ça va, deux fois ça va, mais 365 fois par an *quelques dizaines d’années bonjour les ruptures internes.

Les ingénieurs de l’usine livrant les panneaux solaires de notre entreprise nous ont indiqué avoir estimé une réduction de vie pouvant effectivement atteindre les 50% d’une durée normale pour les modules intégrés par opposition aux modules en pose classique. En clair, cela signifie qu’une installation intégrée risque fort de pouvoir être exploitée de manière satisfaisante sur seulement 20 ans au lieu des 40 ans qui auraient été possibles normalement.

Aspect N°4 L’énergie grise

Intégrer une installation photovoltaïque nécessite une énergie grise supplémentaire considérable. On pense ici aux matériaux de construction nécessaires ainsi qu’aux travaux supplémentaires commençant par la déconstruction de la toiture existante, la création d’une nouvelle étanchéité, la jonction entre le nouvel ensemble et la partie de toiture conservée, et enfin à la fin de vie de l’installation s’il faut replanifier un ensemble complet.

Il me semble franchement absurde de vouloir parler de soutien aux énergies renouvelables, si on commence par imposer des dépenses conséquentes d’énergie justement sans que cela n’apporte aucun avantage bien au contraire.

On peut aussi l’exprimer autrement. Sous nos latitudes, une installation photovoltaïque usuelle et normalement optimisée compense l’énergie grise nécessaire à sa production, au transport, à la pose, et enfin au recyclage en fin de vie en 4 ans en moyenne. J’estime que l’intégration double ce besoin en énergie grise. Dès lors, une installation normale produira durant 40-4 ans = 36 environ 9* (9*4=36) l’investissement d’énergie initial en énergie utile et réellement disponible pour nos besoins et non pas seulement ce qui est nécessaire pour refaire des modules solaires. Le même calcul pour la variante intégrée est nettement moins flatteur, car 20-8 ans = 12 conduit à seulement 1.5* (8*1.5=12) l’énergie investie, cela se passe de commentaire!!

Aspect N°5 Maintenance et évolutivité

La maintenance d’une installation photovoltaïque est en général faible. Toutefois, après quelques années, et surtout dans le cadre d’une installation intégrée, on ne peut exclure la nécessité de devoir changer un module ou l’autre, ne serait-ce que suite à un dommage dû aux forces de la nature (genre grêle ou un coup de foudre). La branche photovoltaïque est plutôt conservatrice, mais des évolutions apparaissent tout de même au fil des années. S’arranger sur une installation en pose décollée est chose aisée, mais sur une installation intégrée avec des dimensions fixées une fois pour toute (aussi bien sur largeur et longueur qu’épaisseur), sans même parler de la fonction étanchéité, n’est tout simplement pas possible.

La même question se posera de manière encore plus criante lorsqu’il faudra faire évoluer toute l’installation. 20 ans après, on peut garantir que les nouveaux modules ne s’adapteront plus et il faudra faire une reprise complète avec une répétition de coûts absurdes.

Ou alors, de nombreux propriétaires laisseront tout simplement “tomber” et l’installation sera laissée en place même si devenue presque totalement inefficace et ils referont une autre installation. De toute évidence, on nous annonce un magnifique patchwork!

Aspect N°6 La réversibilité

Pour moi, l’absurdité totale se constate ici. Les services d’urbanisme insistant pour des installations intégrées n’ont tout simplement rien compris ! Une installation classique en fin de vie peut être démontée de manière aisée (sous-entendu avec des coûts modestes) et on retrouve la toiture d’origine intacte!

Si vous relisez le paragraphe ci-dessus, je n’ai pas besoin de vous expliquer encore une fois que la même constatation ne s’applique mais alors pas du tout au cas des installations intégrées. Une seule chose mérite d’être encore dite ici, en imaginant une installation intégrée démontée dans 20 ans, mon expérience de professionnel de l’immobilier me fait douter sincèrement qu’il sera possible alors de retrouver les mêmes tuiles pour reconstituer une toiture uniforme.

Factuellement, une installation décollée garantit infiniment mieux la protection du patrimoine, si réellement celle-ci est souhaitable!!!

Au final, le vrai problème tourne autour de la faisabilité de la transition énergétique. Je ne voudrais pas rentrer dans une démonstration trop complexe ici, mais en résumé succinct les grandes choses n’étant que la somme des petites, si chaque immeuble voit sa production d’énergie renouvelable amputée d’un quasi 50% en additionnant les facteurs qui précèdent, et beaucoup plus encore si nous prenons en considération le souhait des mêmes services d’urbanisme de limiter drastiquement la taille des installations permises, il est manifeste que la transition, souhaitée par la population et indispensable pour donner une chance à notre planète, ne sera tout simplement pas possible.

Il semble utile d’ici de rappeler les grandes lignes de notre objectif. Nous devons en premier lieu compenser les 45% d’énergie électrique apportées dans le réseau par les sources non-renouvelables, mais également transférer la consommation de fuel domestique ou gaz pour le chauffage de nos habitations, passer à l’électro-mobilité, et enfin assurer à nos industries l’énergie dont notre économie a besoin.

Idéalement chaque immeuble devrait couvrir au minimum ses besoins soit en consommation électrique de ses habitants, ou alternativement couvrir totalement ses besoins énergétiques en terme de chauffage partant de l’idée que les autres besoins seraient couverts par des sources centralisées (barrages, éoliennes, …). Si ce minimum n’est pas atteint, il n’y a même pas besoin de faire des calculs, nous sommes dans une impasse.

Mon collègue Giovanni aura la lourde tâche de défendre les motions que nous avons préparés ensemble, du fond du cœur mes vœux l’accompagnent! Pour le bien des générations futures, forza Giovanni!!

Laurent-david JOSPIN

Sources:
National Institute of Standards and Technology, Mark W. Davis, A. Hunter Fanney and Brian P. Dougherty, “Prediction of Building Integrated Photovoltaic Cell Temperatures
Projet EU IP Performance SP6, Berrie van Kampen et auteurs associés, “Actual temperature of Building Integrated PV Modules
National Intelligence Council, “Global Trends 2030

La confiance ne se décrète pas, elle se mérite jour après jour!

Une petite pause dans notre série sur l’équation de Kaya, dictée par l’actualité brûlante, cela va de soi! La conclusion de notre série Kaya est agendée pour le milieu de la semaine prochaine, sauf imprévu.

La grande majorité de nos contemporains n’ont pas eu l’occasion d’étudier la théorie de la création monétaire, et c’est bien dommage.

On oublie en effet trop souvent que nos monnaies actuelles ne sont que fiduciaires et qu’elles ne doivent leur existence que grâce à la confiance que nous plaçons en elles. Le citoyen lambda croit souvent qu’une réserve d’or existe quelque part qui couvre l’argent en circulation. Or, c’est majoritairement faux!

Pour mettre juste un rappel de clarification sur la table, en 2012 l’ensemble des numéraires en circulation avoisinait les 56 milliards et la BNS possède environ 1000 tonnes d’or soit au cours actuel 35 milliards. Si l’on élargit le regard à, non plus seulement les numéraires, mais toutes les formes de monnaie (dépôts, comptes bancaires, emprunts, …), on arrive à un total de 813 milliards pour des actifs de la BNS (Banque Nationale Suisse) à hauteur de globalement 450 milliards. La plus grande partie de ces actifs sont d’ailleurs des réserves de change (euro, US$, …) qui sont elles-mêmes des monnaies fiduciaires donc également basées sur la confiance (et accessoirement nettement moins solides que notre bon vieux franc suisse).

L’ensemble de la construction tient, car nous avons confiance! C’est le principe même de la monnaie fiduciaire. C’est pourquoi le législateur s’est efforcé de créer une entité censée garantir la stabilité de la monnaie et totalement à l’abri de toute influence politique, soit la BNS.

Lorsque certaines autorités cantonales se lamentent de ne pas pouvoir toucher ce qu’elles avaient espéré comme dividende de la dite BNS, indirectement elles exercent une pression qui contrevient à la règle de l’indépendance.

Il serait bon, à mon avis, d’introduire une règle dans les finances cantonales interdisant de budgéter quelques revenus que ce soit provenant de dividende de la BNS premièrement, et deuxièmement obligeant à utiliser tout versement de cette source pour le désendettement dans le cas où le canton présenterait une dette dans son bilan. Ce n’est que libéré de toute dette, que le montant pourrait être utilisé librement.

Une telle solution présenterait comme avantage, en plus de libérer la BNS de toute pression malvenue, de gérer les dividendes de la BNS au bénéfice de plusieurs générations et non pas seulement de celle qui reçoit le versement.

Laurent Jospin

Source : Office Fédéral de la Statistique, “Politique monétaire – Données, indicateurs Masses monétaires M1, M2 et M3 – Valeur annuelle”

Une équation prédit l’enfer sur terre? Et si le réchauffement climatique n’existait pas?

Ce post est la suite de notre série sur l’équation de Kaya. Nous prolongeons ici la réflexion entamée dans le post une équation prédit l’enfer sur terre? Comment changer?  par la vision contrarienne imaginant que le réchauffement climatique n’existe tout simplement pas ou ne pose aucun problème réel.

Peu importe que cette posture soit consciente et explicite, ou implicite de par notre attitude de laisser aller, cela ne change rien à la réflexion qui suit.

Il va de soi que je ne crois pas une seconde que nous puissions réellement faire l’impasse sur le réchauffement climatique, mais encore une fois le résultat de la réflexion qui suit pourrait surprendre plus d’un.

L’augmentation de CO2 dans l’atmosphère provient en premier lieu de la combustion soit de tout type combustible fossile, soit de bois dans une quantité dépassant celle générée par la croissance naturelle de la forêt (en terme exact, on dit que le prélèvement dépasse le taux de renouvellement).

Bref, l’augmentation du CO2 provient de la consommation d’un non-renouvelable, car même le bois de la forêt cesse d’être une ressource renouvelable si l’on prélève plus que le taux de croissance naturelle. Donc, si le stock est non renouvelable, il est par définition fini.

Dès lors, et c’est là la grande surprise, même si vous êtes climato-sceptique et que vous ne souhaitez absolument pas vous soucier du taux de vos émissions de CO2, un jour vous les verrez diminuer, que vous le vouliez ou non, et ce précisément lorsque les stocks disponibles de fossile ne suffiront plus pour répondre à la demande dans la même quantité que précédemment.

Très concrètement, et pour prendre l’exemple du pétrole, le graphique présente à priori un aspect dit de “courbe en cloche”, comme celui-ci qui montre que la production augmente de manière quasi continue puis passe par un maximum pour entamer une descente inexorable (note : les courbes des découvertes et de production effective ont exactement le même aspect mis à part un décalage temporel d’environ 30 ans) :

La date exacte du “peak oil” ainsi que celles des autres échéances sont sujets à débat, mais il demeure admis dans les milieux les plus compétents que ces échéances ne pourront être évitées et que pour certaines la date butoir est relativement proche (de l’ordre d’une génération). Les dernières prévisions à ce sujet de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) sont inquiétantes pour nos économies. Il en ressort notamment que les réserves dans les schistes ont été sur-évaluées (pressenti dans le post du 2 juillet 2013 Gaz de schiste et ça continue…  vers la fin du paragraphe sur l’indépendance énergétique) et que l’augmentation de la consommation effective fortement soutenue par une demande non encore satisfaite conduit à un épuisement plus rapide que prévu aussi bien du stock que de la capacité de production instantanée. En clair, on peut s’attendre à ce que dès 2025 on vive dans un monde sous-doté en pétrole (au vu des souhaits actuels de l’économie et non des considérations climatiques naturellement). La vision alternative consiste à dire que la courbe est lissée par l’addition de nombreuses courbes régionales ayant toutes un sommet décalé. On parle ici d’un plateau de production  plutôt que d’un sommet clairement défini. Monsieur Sadad Al-Husseini ancien responsable de l’exploration de la compagnie nationale saoudienne partisan d’une telle vision estime que le plateau, agrémenté de quelques ondulations non significatives, a démarré aux alentours de 2005 et perdurera jusque vers 2020 suivie d’une forte diminution de la production.

Vous allez me dire, mais c’est très bien alors, car de cette façon tôt ou tard, nous allons arrêter d’émettre du CO2 et tout le monde sera content. L’erreur se situe ici, car si la baisse provient d’une baisse de la disponibilité en énergie et non d’une baisse de la quantité de CO2 par unité d’énergie, les autres facteurs ne restent pas silencieux, bien au contraire.

En premier lieu, le facteur Etot/PIB, représentant peu ou prou la capacité d’innovation, aura tendance à se figer, car en période de pénurie de ressources le peu disponible sera affecté prioritairement à la production de biens essentiels plutôt qu’à la recherche. Tiens, comme la nourriture par exemple, dont on oublie trop souvent qu’elle dépend aujourd’hui presque totalement de la disponibilité d’énergie bon marché.

Dans une phase initiale, le facteur PIB/POP va diminuer car la population restera stable, mais le PIB lui diminuera inexorablement en suivant la courbe descendante des ressources fossiles. L’environnement économique correspondra alors à une récession majeure sans espoir de relance puisque notre moteur essentiel réel, soit l’énergie abondante, aura de plus en plus tendance à se raréfier.

Assez vite toutefois, des émeutes massives puis des guerres civiles éclateront. Rappelez-vous c’était le peuple affamé qui avait pris la Bastille. A ce stade, l’effondrement structurel de nos sociétés ne sera plus qu’une question d’années. L’histoire nous montre comment des grands empires, imaginés indestructibles, se sont quasiment auto-anéantis en l’espace d’une génération. Et donc le facteur POP sera amené au tapis par des famines, épidémies et autres guerres. Rappelez-vous dans la première partie de la démonstration, je vous parlais de “l’option génocide”, et bien si nous n’y prenons pas sérieusement garde, le ou plutôt les génocides viendront spontanément sans même avoir eu besoin d’un carton d’invitation. On ne parle pas ici d’un conflit majeur opposant deux blocs se comportant de manière dite “civilisée” (soit en respectant plus ou moins les lois de la guerre), mais d’une multitude de conflits officiels ou non entre des populations désespérées luttant pour leur survie au jour le jour, comme par exemple la guerre en Irak dont la seule vraie origine est le désir de l’Oncle Sam de contrôler une ressource qu’il jugeait stratégique. Si vous pensez que je noircis le tableau, permettez-moi de vous détromper, car, mis à part le cas de l’Irak, les prémices sont déjà visibles aujourd’hui! Ce n’est pas moi qui le dis, mais Monsieur Ban Ki Moon secrétaire général des Nations Unies en personne. Bien évidemment, cela touche les populations déjà les plus fragilisées qui soient, et dans des régions qui nous semblent tellement mais alors tellement lointaines!!! Mais ne vous y trompez pas, ce que vous pouvez voir là-bas, nous pend assez également au bout du nez simplement avec un décalage temporel plus ou moins important selon les cas!

Faux me direz-vous, car il sera alors temps de passer aux énergies renouvelables. J’ai effectivement entendu ce discours dans la bouche d’un ami climato-sceptique. Ce raisonnement ne tient malheureusement pas la route, car lorsque la courbe descendante aura été entamée, nous n’aurons alors plus les moyens de réaliser la transition énergétique. Cela découle notamment des facteurs Etot/PIB et PIB/POP qui seront amenés au tapis par le manque d’énergie et ne permettront plus d’envisager autres choses que de la simple survie. Passer aux énergies renouvelables représente dans le court terme un effort ou autrement dit un investissement, et il faut être en mesure de le faire, aussi bien en termes économiques, sociaux, que de ressources à disposition..

Le DOE (Department of Energy) américain ne dit pas autre chose quand il annonce qu’il faut compter au minimum 20 années pour se préparer au peak oil, et qu’il invite le gouvernement américain à agir de toute urgence. Citation : ” sans une atténuation appropriée, les coûts économiques, sociaux et politiques seront sans précédent“. Si on quitte mentalement le niveau “pays” et qu’on monte au niveau “planète”, il est manifeste que ces 20 années ne seront pas suffisantes.

Nous en resterons là comme conclusion de cette analyse climato-sceptique en nous permettant de rappeler que toute cette réflexion a été menée en imaginant que le réchauffement climatique ne pose aucun problème et que donc il ne se rajoute pas des complications supplémentaires générées par exemple par des dommages insupportables de très grande ampleur.

Dans notre prochain post nous conclurons ces discussions sur l’équation de Kaya en regardant si une réconciliation des deux points de vue climato-sceptiques contre “climato-convaincus” n’est pas possible.

Laurent JOSPIN

Sources :
US Department of Energy (DOE), “peaking of World Oil Production : Impacts, Mitigation, and Risk Management
Journal Le Monde 16.11.2007, “la production d’or noir n’augmentera plus, selon l’ex n°2 du pétrole saoudien
Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE), mars 2013, “Le baril de pétrole à 270 US$ en 2020
Annuaire suisse de politique de développement, Claude Serfati, 2006, “Économies de guerre et ressources naturelles : les visages de la mondialisation
Le Grand Soir, 28 mars 2006, Michael Klare, “Les prochaines guerres auront pour enjeu les ressources naturelles
Et avec la collaboration d’Amanda pour le dessin

une équation prédit l’enfer sur terre? Comment changer?

Ce post est  la suite notre série sur l’équation de Kaya “Une équation prédit l’enfer sur terre, mais que dit-elle au juste?“.

Aujourd’hui, nous cherchons à répondre à la question suivante : Si vous n’appartenez pas à la catégorie des climato-sceptiques et que conséquemment vous souhaitez réduire les émissions carbone de l’humanité, comment allez-vous vous y prendre?

Il convient en premier lieu de déterminer votre objectif en terme quantitatif! En effet, il ne suffit pas de réduire un peu le CO2 pour avoir un effet suffisant. Les dernières prévisions des climatologues peuvent se résumer en deux points principaux. Premièrement, même si l’on stoppe toute émission de CO2, le réchauffement va se poursuivre encore plusieurs centaines d’années avant que l’environnement ait pu re-capturer tout le carbone en excès. Deuxièmement, le réchauffement apparent récent est anormalement faible, toute une série de facteurs se sont conjugués (dont le cycle solaire faible dont je vous parlais dans mon post du 19 juillet J’enlève et il y a plus ???), il est impossible de prédire précisément quand ce freinage va disparaître, mais deux choses demeurent, soit que l’on parle ici de dizaines d’années tout au plus, et qu’une fois le “frein” enlevé, nous devons nous attendre à un véritable emballement.

Donc, si nous voulons rester cohérents, il ne s’agit pas de diminuer quelque peu le côté CO2 de l’équation, mais bien de l’approcher le plus possible de zéro (oui 0=0!). Et pour mettre la formule à zéro qui est une suite de multiplication, il “suffit” de tirer un facteur vers zéro sans qu’un autre facteur diverge vers l’infini.

Dans une approche plus modérée, le consensus des climatologues décrit une nécessité de diminuer d’au minimum un facteur 3 nos émissions d’ici 2050. Il semble utile ici de rappeler que ce consensus date d’avant l’étude de l’EPFZ conjointe avec l’université de Princeton et que régulièrement les prévisions sont révisées vers le pire. La réflexion qui suit sera imaginée sur soit aller franchement vers le zéro ou alternativement diviser par 5 (substitution au facteur 3 ci-avant et déterminé insuffisant) nos émissions totales, ce qui, dans l’état de la technique et de l’économie mondiale, revient pratiquement au même.

Pour une fois, changeons nos habitudes et lisons de droite à gauche l’autre côté de l’équation. Donc si nous voulons faire tendre vers 0 le terme CO2, nous avons comme première possibilité de faire tendre vers 0 également la population mondiale. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi cette perspective n’est pas du tout réjouissante, mais alors pas du tout.

Ils sont fous ces humains, aurait dit Obélix!Ils sont fous ces humains, aurait dit Obélix!

En poussant un peu plus la réflexion sur cet aspect précis, nous avons deux sous-options à disposition. On peut envisager d’introduire un contrôle strict des naissances pour réduire la population en quelques générations avec à la clef une conséquence vraisemblablement insupportable sur la pyramide des âges et donc notre système de prévoyance vieillesse, sans même parler des horreurs générées par un tel contrôle politisé des naissances.

L’autre variante consisterait à s’organiser un petit génocide de derrière les fagots pour ridiculiser Hitler, Staline, Pol Pot, et quelques autres abominables que j’oublie, une bonne fois pour toute. Cette solution présenterait un avantage d’efficacité évident, mais encore une fois je ferai tout ce qui est dans la mesure de mes modestes moyens pour éviter l’ouverture des portes de l’enfer. Je sais bien qu’envisager une telle option n’est pas drôle du tout, et je m’excuse auprès des lecteurs choqués, mais vous comprendrez en lisant la réflexion symétrique pour les climato-sceptiques que cela n’est pas anodin du tout.

En clair, il nous faut admettre que la population mondiale ne va pas baisser. Au contraire les prévisions des démographes nous annonçant une population mondiale en croissance jusque vers 10 milliards d’individus environ avant stabilisation doivent être prises en compte dans notre équation. Le corollaire est que comme résultat intermédiaire, nous n’avons pas une baisse du total de la formule et donc du C02,  mais au contraire une hausse d’environ 40% (nouveau CO2 = ancien CO2 divisé par 7 milliard d’habitants mais multiplié par 10 milliards de nouveaux habitants 7 + 40% de 7 ==> 10).

Passons maintenant au terme PIB/POP. Pour mettre ce terme à zéro, le PIB doit tendre vers zéro également. Donc en clair et français, le niveau de vie moyen de la planète devrait s’effondrer pour s’approcher autant que possible du “à peu près rien”. Soyons clairs, personne ne souhaite cela, et même si un “despote éclairé” cherchait à imposer une telle évolution, tout le monde sait que cela générerait des émeutes puis une guerre civile totale.

A l’heure actuelle, les économistes, de gauche comme de droite, affirment tous qu’une croissance est nécessaire pour maintenir nos équilibres sociétaux.  A nouveau, nous n’avons rien réussi à perdre mais sommes de nouveau en train de “gagner”, ce qui pour une fois ne nous arrange pas du tout.

Ensuite, nous pouvons travailler sur la quantité d’énergie nécessaire pour générer chaque unité de PIB. Sur cet aspect précis, il y a matière à gagner quelque chose, cela s’appelle l’efficience énergétique. Malheureusement, il y a une limite à ce qui est possible ici. L’expérience des années passées nous montre qu’il a été possible d’obtenir une réduction d’environ 30% en à peu près 40 ans.

Nous pouvons essayer une prévision très optimiste, mais alors vraiment très optimiste, en disant que nous allons réussir l’exploit de diminuer ce facteur du même ordre de grandeur que l’évolution spécifique du passage des ampoules à filament à celles à basse consommation soit un facteur 5 en ordre de grandeur. Non seulement, cette prévision, transcrite sur l’ensemble de toute la technique, est à ce point si optimiste qu’elle en devient peu crédible, surtout si l’on prend en compte qu’usuellement les premiers gains d’efficacité sont les plus faciles à obtenir, mais quoiqu’il en soit, il se rajoute un méchant effet pervers qui va bien nous embêter.

En effet, plus une technologie devient efficiente plus elle a tendance à se démocratiser. Dès lors chaque unité individuelle consomme effectivement moins voir beaucoup moins, mais comme il y en a de plus en plus, la multiplication de l’un par l’autre ne représente pas une diminution mais une augmentation! On pourrait citer l’exemple des téléphones portables en faisant la comparaison avec la valise de 1990 contre le smartphone de 2013. La consommation doit bien avoir été divisée par un facteur 20 (à l’œil), mais comme de l’autre côté le nombre de téléphones portables a augmenté d’un facteur 1000 (au bas mot) /20 * 1000 représente toujours une consommation supplémentaire d’un facteur 50!!!

Dès lors, il est difficilement contestable que ce facteur Etot/PIB ne nous offrira aucun secours non plus, ou alors si faible qu’il en sera presque négligeable.

Au final, il nous reste donc que le facteur CO2 / Etot pour réussir à tirer l’ensemble de notre équation vers zéro. En première lecture, on ne voit pas d’impossibilité absolue à tirer rapidement en bas ce dernier facteur de notre formule. Simplement, si l’on met en relation l’importance de l’effort à fournir pour réellement limiter au moins les dégâts les plus graves, avec la réalité de l’évolution des ENR (énergies renouvelables) sur le terrain, on se rend très vite compte que nous faisons complètement fausse route à l’heure actuelle.

Si comme imaginé plus haut, nous devrions viser, en ordre de grandeur, de diviser par 5 nos émissions d’ici 50 ans maximum, et de nous approcher de zéro d’ici 2100 pour être crédible dans une démarche visant à sauver le climat de la planète voir la planète tout simplement; et comme au vu des explications données ci-dessus, il faut s’attendre à une péjoration cumulée des autres facteurs d’environ 2*, il faudrait donc, pour obtenir notre diviseur final de 5,  en réalité diminuer notre ratio carbone/kWh d’un facteur 10 d’ici 2050. En clair et français, en partant de la supposition qu’il restera quelques domaines offrant des facteurs de résistance importants pour des raisons techniques ou autres, cela signifie que nous devons planifier de passer au quasiment tout renouvelable d’ici 40 ans au maximum.

La réalité du terrain diverge malheureusement très fortement de cet objectif. Des freins immenses et de toutes natures existent encore aux renouvelables d’un côté,  de l’autre des groupes de pression cherchent, par exemple, à faire passer le gaz de schiste comme une solution pour défendre le climat (si, si !!),

Dès lors, sans une prise de conscience réelle, rapide et de grande ampleur, nous pouvons sans risque de nous tromper annoncer des catastrophes climatiques toujours plus graves avec toujours plus de morts et dévastations à la clef. Selon la banque mondiale les pertes dues aux catastrophes naturelles ont quadruplé en 30 ans, alors bien que les effets du réchauffement actuel ne sont qu’un pâle avant-goût de ce qui nous attend!

Dans notre prochain post, nous poursuivrons la réflexion en posant comme postulat que le réchauffement climatique n’existe pas ou ne représente pas un problème.

Laurent-David JOSPIN

Sources :
Science & Vie, janvier 2014 N° 1156, “on sait quand le climat basculera dans l’inconnu
Science & Vie, Décembre 2013 N° 1155, “Réchauffement, mais où est-il donc passé?
Nature Climate Change, Swiss Federal Institute of Technology Zürich + Princeton University, “continued global warming after CO2 emissions stoppage
ETHZ, 25.11.2013, Fabio Bergamin, “Underestimated future climate change?
Banque Mondiale, Novembre 2013, rapport dans le cadre de la conférence sur le climat à Varsovie.
ainsi qu’un emprunt à Astérix et les jeux olympiques dans le cadre du droit de citation

Une équation prédit l’enfer sur terre, mais que dit-elle au juste?

Ce post est une suite au post Une équation prédit l’enfer sur terre, voulez-vous jeter un coup d’oeil? (série à suivre) du 9 décembre 2013

Ceci étant rappelé, que découvrons-nous dans cette fameuse équation? Que le CO2 émis par l’humanité est égal à une multiplication de facteurs dont :

En premier lieu la quantité de CO2 par quantité d’énergie consommée. Cette valeur dépend notamment du type d’énergie mise en œuvre, le charbon représentant la source la plus émettrice, les renouvelables les sources les moins émettrices (note : le renouvelable généré à partir d’équipements fabriqués sur base d’énergie fossile contient encore du CO2 implicite de par son énergie grise, le renouvelable de deuxième cycle partant d’énergie elle-même déjà renouvelable pour la fabrication des équipements nécessaires n’en contient plus du tout.). On reste dans le très intuitif ici, plus mes sources d’énergies sont émettrices plus je vais en émettre toutes choses restant égales par ailleurs.

Symétriquement, on prend aussi en compte, la quantité d’énergie nécessaire par unité de PIB. On peut assimiler, de manière très simplifiée, le PIB total de la planète au revenu disponible à partager entre tous ses habitants. Une économie très peu efficiente va nécessiter beaucoup d’énergie pour chaque création de richesse, alors qu’à l’inverse une haute efficacité énergétique permettra de limiter ce besoin en énergie pour le même résultat final (on peut prendre comme exemple la comparaison des situations avant et après l’introduction de la redevance poids lourd, à l’initial il était fréquent que des camions réalisent des courses à vide, une fois la RPLP mise en place cette pratique avait complétement disparu alors que la quantité de marchandise transportée n’avait pas baissé).

En toute logique, il faut considérer également le rapport du PIB total à la population totale (soit plus ou moins le revenu disponible pour chaque habitant de la planète), étant donné que, toujours toutes choses restant égales par ailleurs, si le PIB par tête augmente, on obtiendra une augmentation du PIB total et donc une augmentation de la production de CO2. On peut relever ici qu’il s’agit d’une relation éminemment politique objet de tout les débats ou projet de société. Si on descend du niveau planète au niveau pays, on peut observer la très forte corrélation entre cette valeur, qui ne représente ni plus ni moins que le niveau de vie d’un pays, et l’importance des émissions de CO2 (note : la corrélation n’est évidemment pas parfaite car certains pays en phase de rattrapage polluent proportionnellement plus que leurs niveaux de vie réels car ils souffrent d’équipements désuets ou sur-utilisent des sources très polluantes comme le charbon, mais la relation reste globalement vraie et dans tous les cas vraie toutes choses restant …..).

Au final, il reste bien sûr la population totale, car plus nous sommes, plus nous aurons tendance à polluer. A nouveau toutes choses restant égales par ailleurs, plus de population doit représenter une émission totale de CO2 supérieure.

On constatera enfin, que peu ou prou, cette équation met en relation les valeurs les plus fréquemment mentionnées dans les analyses politiques, démographiques, ou encore économiques.

Tout ceci étant posé, nous attaquerons dans notre prochain post l’analyse du point de vue du “climato-convaincu” avec un post “une équation prédit l’enfer sur terre? Comment changer?“.

Laurent-David JOSPIN

Une équation prédit l’enfer sur terre, voulez-vous jeter un coup d’oeil? (série à suivre)

Bien disséquée, j’affirme que cette équation annonce potentiellement un effondrement brutal de la population et donc des milliards de morts, si les décisions nécessaires ne sont pas prises maintenant.

Le but de cette série sera de vous démontrer que peu importe que vous soyez convaincu de l’urgence d’agir contre le réchauffement climatique ou au contraire climato-sceptique, il faut dans les deux cas, de toute urgence, décarbonner notre société.

Pour que l’ensemble soit pertinent, il nous faudra descendre à un niveau de détails conduisant à ce que la longueur du message dépasse nettement ce que la forme de communication par post dans un blog autorise pour rester lisible. Tout tourne autour de notre dépendance à l’énergie, de l’impact de notre sur-consommation sur les équilibres planétaires, ainsi que des conséquences d’une baisse de la disponibilité de cette énergie même de peu d’importance.

Entrée en matière, présentation de cette fameuse équation

Pour ceux qui la connaissent, vous avez reconnu l’équation dite de Kaya, ici présentée dans sa forme simplifiée, Monsieur Yoichi Kaya étant un distingué scientifique japonais étudiant les questions énergétiques.

On peut en premier lieu s’interroger si cette formule est bien correcte mathématiquement. Sans vouloir prétendre créer un cours de mathématique, on constate néanmoins de manière instantanée que les termes suivants se simplifient

Car si je multiplie et divise par le même chiffre, je puis tout aussi bien ne rien faire mathématiquement parlant, toutefois écrire bêtement, après simplification, que

n’apporte pas grand chose mis à part que tout le monde devrait être d’accord sur le fait que la quantité de CO2 totale émise par l’humanité est égale à la quantité de C02 totale émise par l’humanité. Nous en resterons donc à la première égalité présentée, que nous savons maintenant être vraie, car elle nous permet de mettre en évidence différents facteurs clefs  influant  directement la production totale de CO2 par l’humanité et ainsi de les discuter, respectivement de clarifier dans quelle mesure nous pouvons les manipuler pour obtenir ce que nous souhaitons de l’autre coté de l’égalité.

Le fil rouge de notre discussion, au long des posts qui suivront, passera en revue chacun des facteurs constitutifs de l’équation dans une logique “nous voulons lutter contre le réchauffement climatique“, puis réalisera en réflexion miroir la dissection de l’option “le réchauffement climatique ne nous pose pas de problème particulier“. Au final, la réconciliation des deux points de vue conduira à une vraie surprise pour beaucoup.

A suivre dans un prochain post “Une équation prédit l’enfer sur terre, mais que dit-elle au juste?

Laurent-David JOSPIN

Source : Gilbert M. MASTERS & Ela P. WENDELL, Introduction to Environmental Engineering and Science (third Edition), Prentice Hall, pages 531 et ss.

Réduire les subventions aux énergies renouvelables? Très bonne idée!

Mais non, je n’ai pas tourné ma veste! Il faut juste attraper le problème par le bon bout. Un article de la Frankfurter Rundschau sous le titre Dramatisches Missverhältnis va éclairer nos lanternes.

Au niveau mondial, le subventionnement annuel des énergies fossiles vient d’atteindre 523’000’000’000 US$ (oui, bien 523 milliards soit plus de 7 fois le budget total de la Confédération Suisse), et soit surtout 6 fois plus que le montant correspondant subventionnant les énergies renouvelables.

En 2009, le G20 s’était engagé à réduire de toute urgence toutes les subventions aux énergies fossiles. De toute évidence, cette décision est restée lettre morte.

L’absurde le dispute au pathétique! Car, l’annonce de l’Agence Internationale de l’Energie tombe quasiment en même temps qu’un rapport du très respecté Fraunhofer Institut  démontrant que le solaire et l’éolien sont déjà compétitifs dès aujourd’hui et le seront encore plus à futur.

 

Pour ceux dont les bronches ne sont pas encore complètement saturées, je vous offre volontiers un peu de rab, du moment que vous le gardez chez vous, cela va de soit :

 

 

Le constat est limpide, si nous arrêtons de subventionner les énergies fossiles, le cercle vertueux des énergies renouvelables s’enclenchera de lui-même.

Par contre, je vous avoue mon inquiétude, par exemple, quant aux recherches sur l’enfouissement du CO2 ou des idées du même acabit. Les fanatiques du charbon, n’arrivant pas à imaginer faire autre chose, nous parlent du charbon “propre” via cette technologie ou d’autres. Certes, mais ils “oublient” de nous parler des coûts de l’enfouissement qui va, en ordre de grandeur, tripler le coût de l’énergie produite. Le danger se cache précisément là! Si on les laisse faire, une fois que l’argent aura été dépensé, il faudra bien le justifier en maintenant la filière coûte que coûte. Et un jour on découvrira que le subventionnement aux énergies fossiles a encore doublé, ou pire, tarissant d’autant plus les moyens à disposition pour les renouvelables.

Espérons que les citoyens de notre planète se réveillent et exigent un changement de vision de leurs diverses autorités élues! Ou alors, peut-être au contraire, qu’il ne faut plus espérer que cette prise de conscience démarre au niveau de nos élites éclairées, et que la solution passe par une prise en charge au niveau des individus se déconnectant du réseau et se rendant le plus autonome possible.

Sur le thème de l’énergie renouvelable, l’Allemagne a très souvent montré la voie au niveau mondial. Or l’on constate justement que depuis plusieurs mois tout les fournisseurs à la pointe de la branche de ce pays déplacent le centre de gravité de leurs assortiments vers l’auto-consommation. Dans ce cas, je ne pourrai pas croire au hasard!

Pas de problème, supprimons les subventions aux énergies renouvelables, mais alors en toute cohérence faisons simultanément de même avec les subventions,  apparentes ou cachées, au fossile! Ainsi du jour au lendemain, le renouvelable augmentera sa compétitivité face au fossile de plus de 400 milliards US$ par an sur le plan mondial. Croyez-moi, on verra très vite la différence!

Laurent Jospin

Source : site du Fraunhofer Institut,  ise.fraunhofer.de, “Stromgestehungskosten erneuerbare Energien Studie November 2013

C’est l’heure on ferme! Et n’oubliez pas l’addition, ni la marche en sortant!

Bien sûr que nous pouvons nous réjouir, mais il faut garder la tête froide, car les enchaînements ultérieurs seront aussi important que ….

Ah oui, dans mon excitation, j’ai oublié de vous dire de quoi je souhaitais vous parler, de la fermeture de notre antédiluvienne centrale nucléaire de Mühleberg, bien sûr!

Entre la franche satisfaction d’une décision pleine de bon sens, même si un peu tardive, d’un coté et de l’autre les inquiétudes face tout à la fois au démantèlement à planifier ainsi qu’aux divers groupes de pression cherchant à s’opposer aux renouvelables, mon cœur balance sur ce qu’il faut retenir de cette décision historique.

Alors comme pour un grand festin, prenons un peu de tout dans le bon ordre.

L’apéro s’est bien présenté, nous avons beaucoup bu sans trop nous soucier ni du coûts des bouteilles et encore moins de la solide gueule de bois à venir. Lorsque nous avons consommé les kWh de la centrale de Mühleberg, nous avons fait semblant de sortir l’argent “des bouteilles” de notre porte-monnaie, mais aujourd’hui presque plus personne ne fait semblant d’y croire et il est notoire que l’on commence seulement maintenant de tipper l’addition.

Pour le plat de résistance, et comme dans l’intervalle nous sommes devenus dépendants à cette consommation effrénée, la tentation a surgi de faire payer les autres, par exemple en allant chercher ces kWh qui nous manquaient si fort chez les autres. Tiens, chez les allemands par exemple avec leurs nombreuses centrales à charbon sous-exploitées. Très mauvaise idée! Si nous persistons dans cette voie, nous allons commencer une nouvelle addition ailleurs, qui n’allégera surtout pas notre première note.

Au puis au dessert, au lieu de se rabattre sur des fruits (quelque chose de sain, pour changer), une pelée d’inconscients cherche par tout les moyens à nous en empêcher et implicitement donc tente de nous faire retomber dans notre vice.

Arrêter de s’enivrer était et reste la seule bonne décision, mais oui, maintenant nous devons de toute urgence mettre en place une ligne claire, un peu comme pour un sevrage, et il faut donc
– re-planifier la vie de fin des réacteurs ainsi que le traitement des déchets d’une manière crédible et responsable pour les générations futures (payer l’addition donc);
– ainsi que lever les obstacles artificiels de toute nature dressés contre les énergies renouvelables (attention la marche!).

Ne pas payer son addition au restaurant vous crée de gros problèmes. Si vous manquez la marche en sortant, cela peut faire très mal. Alors puisque nous avons pris une bonne résolution, ne nous arrêtons pas en si bon chemin!

Laurent-David JOSPIN

Réalité des coûts? Oui! mais comment faire la transition?

Le nœud du triple problème géo-politique, énergétique, mais surtout environnemental est résumé dans ces trois petits mots “réalité des coûts”.

Dans les faits, les énergies fossiles, nucléaire compris, ou une chimie outrancière, ou encore une agriculture intensive, …  n’ont un avantage concurrentiel apparent contre le durable, que grâce au fait qu’elles n’assument pas les coûts induits (pollution, déchets persistants, problèmes de santé publique, épuisement des sols, ….) . Aujourd’hui, presque plus personne de sérieux ne nie cette réalité de base.

Ainsi des taxes ciblant spécifiquement cet aspect semblent être la panacée, surtout, si bien pensées, le produit des dites taxes est affecté autant que possible à la “réparation” du coût induit visé et non pas versé à un pot général. Malheureusement, les tentatives d’instaurer de telles solutions font faces à des résistances si fortes qu’il est illusoire d’espérer pouvoir avancer suffisamment vite pour sauver notre planète, car, est-il nécessaire de le rappeler, nous faisons face à une urgence extrême. Les manifestations de ce samedi 26 octobre en Bretagne contre une taxe ciblant les poids lourds avec à la clef un blessé grave sont une preuve parmi d’autres de ce déplorable état de fait.

Mais alors pourquoi, puisque “tout” le monde reconnait l’importance et l’urgence d’agir???

Tout simplement, car nos États occidentaux sont devenus dépendants à la dépense publique et lorsqu’une telle taxe est introduite, il n’y a la plupart du temps aucun dégrèvement ailleurs. Dès lors, et c’est ma foi compréhensible, la population se révolte et s’oppose frontalement au nouveau prélèvement.

La façon dont l’opposition se manifeste peut prendre des formes les plus variées et inattendues. Ma meilleure moitié aime beaucoup jardiner, et espérait beaucoup pouvoir trouver du terreau auprès du centre ad hoc de la Commune. Elle a renoncé, comme d’autres que nous connaissons, tant il était (est?) bourré de déchets plastiques et autres. Visiblement, certaines personnes n’ont pas accepté pleinement notre taxe au sac poubelle et font du sabotage en utilisant les bennes de compostage comme substitut de poubelle.

J’aime bien rappeler que lorsque notre ville a introduit la taxe déchet (ancêtre de la taxe au sac), elle aurait dû baisser les impôts en proportion puisque cette tâche sortait du budget communal. A l’époque, il nous a été sorti l’argument que normalement la Commune aurait du augmenter les impôts vu sa situation financière et que donc ne pas les augmenter correspondait en réalité à une baisse. Brillant, vraiment! Malheureusement, avec ce genre d’argument à la noix, on “fabrique” à la pelle des climato-sceptiques et autres défenseurs d’une consommation débridée et irresponsable.

Oui les faits sont têtus, pour pouvoir amener la création d’un monde durable nous devrons baisser les impôts courants pour pouvoir transférer la charge fiscale vers un ensemble de taxes ne visant plus en priorité la création de richesse mais bien plus la façon dont elles ont été obtenues vis-à-vis de l’environnement.

Laurent Jospin

Réf. : site de la Radio Télévision Suisse Romande 27.10.2013 “http://www.rts.ch/info/monde/5325727-une-taxe-controversee-cause-de-violents-heurts-en-bretagne.html
Revue Flash de l’EPFL, éd. 17.04.13, interview Raymond Bradley “Même si l’heure est sombre, il reste des possibilités d’agir