Neuvième article de la série estivale “politique de santé”
A la fin des années 50 éclatait le scandale de la Thalidomide avec plus de 10’000 enfants nés mal-formés (20’000 selon certaines sources). Alors que les lanceurs d’alerte de l’époque avançaient des arguments solides, la firme pharmaceutique Grünenthal a usé de multiples manœuvres dilatoires pour repousser ces avertissements jusqu’à l’insoutenable. Quand on regarde dans le rétroviseur, on a de la peine à trouver une justification à de tels agissements. Grünenthal était allé jusqu’à affirmer que son médicament avait sauvé des vies d’enfants – né affreusement mal formés faut-il le rappeler – qui auraient sinon disparu via des avortements spontanés !! La vérité, crue et douloureuse, était tout simplement l’argent. Grünenthal pensait posséder la poule au œufs d’or avec cette molécule et voulait protéger ses revenus ! Puis, lorsque la réalité ne pouvait plus être cachée sous le tapis, elle s’est défendue pour éviter sa faillite quitte à infliger une double peine aux familles touchées.
Ce scandale a conduit à toutes une série de décisions juridiques dont la mise en place de divers mécanismes sensés garantir à la fois l’innocuité et l’efficacité des nouveaux médicaments mis sur le marché.
Il avait bien été dit “plus jamais ça”, mais force est de constater que quelque chose n’a pas dû fonctionner correctement car depuis cette première fois qui aurait dû être la dernière fois, nous avons vécu entre autres les scandales du Vioxx, du Médiator, de l’Isomérride, du Distilbène, de la pilule Diane 35, ou tout récemment encore de la Dépakine[1]. Le moteur de ces divers scandales se trouve toujours du coté des intérêts financiers.
Merci au site Le Nouveau Paradigme / David Jarry pour la mise à disposition du dessin
Ces exemples déjà très spectaculaires en soi cachent en réalité une attitude générale conduisant à privilégier le profit des producteurs de médicament plutôt que la santé des patients ou même encore plus prosaïquement leur porte-monnaie.
A titre d’exemple, on peut utilement rappeler ici l’attitude des grandes pharmas dans deux dossiers récents qui démontrent on ne peut plus clairement leur véritable visée.
Dans le cadre de la question des statines, et sans même traiter la controverse liée à cette classe de médicament, la levure de riz rouge offre la seule source connue de statines naturellement présentes dans un produit dérivé d’un aliment. De ce fait, ce produit présente 2 particularités notables dont à savoir un coût insignifiant comparé à une statine de synthèse vendue par une pharma, et l’impossibilité de le breveter. Il semblerait par ailleurs que la levure de riz rouge génère fréquemment des effets secondaires moins aigu qu’une statine de synthèse. Plusieurs patients confirment ne pas imaginer retourner à une version synthétique tant les effets secondaires peuvent être pénalisants et incluent entre autres des nausées, vertiges, faiblesses, …[2] Il est très amusant de constater que le lobby pharmaceutique utilise comme argument pour faire interdire ce produit, représentant une menace claire pour ses intérêts commerciaux, justement les effets secondaires qui affectent ses propres produits plus sévèrement !
Toujours plus proche de nous, car le dossier “fume” encore sur les tables des ministères concernés en France, la question des vaccins combinés imposés aux tout petits enfants selon un mécanisme dit de Cheval de Troie fait ressentir une forte nausée à ceux qui veulent bien se pencher sur le sujet de manière un peu sérieuse. En peu de mot, le plan de vaccination obligatoire en France impose avant 18 mois de faire vacciner contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite sous peine de sanctions sévères. Depuis 50 ans, il était possible de faire vacciner les enfants contre ces 3 maladies avec un produit de la société Bio-Mérieux pour un coût inférieur à 7 EUR. Progressivement, ce vaccin, réputé très sûr, a été rendu indisponible et remplacé par des variantes dites “combo” qui incluent d’autres pathologies comme la coqueluche ou l’hépatite B. Or ceci n’est pas neutre thérapeutiquement parlant ni même financièrement. Le vaccin contre l’hépatite B est l’objet d’une forte controverse dans les milieux médicaux eux-mêmes. En France, pays dont les autorités sont fortement pro-vaccins, les tribunaux ont reconnu par deux fois qu’il existe un lien entre ce vaccin et la sclérose en plaques. Sans rentrer dans trop détails, on peut mentionner également que cette variante inclut des adjuvants comme l’aluminium et le formaldéhyde reconnus comme neurotoxiques et cancérogènes. Tout cela pour un seul objectif, un coût de vente multiplié par 5 ! Le Conseil d’État vient de statuer : l’industrie a l’obligation de fournir une recette ne contenant que les vaccins strictement obligatoires. La réponse de l’industrie pousse le cynisme au-delà de l’imaginable : elle a réussi maintenant à rendre obligatoire tout les autres vaccins, argumentant qu’elle n’arrivera plus à fournir l’ancien vaccin, sans aucune considération pour le budget des familles ou les risques encourus par les enfants concernés.
Les causes de cette dérive ne relèvent pas d’un mystère ésotérique insondable, mais tout simplement d’une série d’évidences qui auraient dû conduire à une réaction appropriée depuis longtemps déjà ! Sans doute la plus choquante de toutes : Les experts sensés contrôler les entreprises pharmaceutiques soit viennent de celle-ci, soit dépendent de sa manne financière pour financer leurs recherches. Or, il a été démontré que lorsqu’un chercheur reçoit les fonds nécessaires à ses études d’une source ayant un intérêt aux résultats, la probabilité que ceux-ci soient conformes aux attentes du bailleur de fonds fait plus que quintupler !
Il faut aussi citer ces études qui, progressivement, tendent à abaisser les seuils de tolérances de diverses données biologiques, comme parar exemple, l’abaissement continuel depuis plus de vingt ans des taux sanguins admissibles des lipides. Ainsi, si cette courbe de tolérance s’abaisse au fil des ans, celle des profits générés par les antilipémiants s’élève de façon asymptotique !
On pourrait aussi parler, de façon identique, des valeurs limites conseillées dans le traitement antihypertensif, avec néanmoins une réaction nouvelle de certains médecins gériatres qui ont démontré que si l’abaissement de la systole entraînait certes une baisse du nombre d’AVC ( accident vasculaires aigus) chez la personne âgée, cela amenait concomitamment une baisse de la vascularisation cérébrale et donc des facultés cognitives. Aussi, pour le résumer de façon triviale, les scientifiques dogmatiques, de mèche avec les pharmas, préféreraient avoir des « légumes » normotendus bourrés de médicaments plutôt que des vieillards certes un peu hypertendus mais qui jouent aux échecs…
Pour le résumer crûment, les pharmes veulent en premier lieu du mal à nos portemonnaies, la santé des consommateurs, elle, passe après.
Avec un très joli dessin de Chappatte qui le résume si bien :
Blaise Courvoisier et Laurent-David Jospin
Table des matières de la série : ici
Prochain article : Comment imaginer un système de santé durable ?
[2] https://www.rts.ch/play/tv/mise-au-point/video/la-levure-interdite?id=5879352