Préambule :
Courant septembre 2016, la plupart de mes lecteurs s’en souviennent certainement encore, nous nous étions associés avec René Longet pour dénoncer les mécanismes utilisés par une minorité agissante pour bloquer toute avancée réelle dans l’ensemble des domaines concernés pour la mise en place d’une économie durable. Trois articles avaient été rédigés et aimablement publiés par Le Temps les 16, 20 et 21 septembre 2016 (vous trouvez les liens sur les publications originales à la fin de l’article). Nous avions prévu de regrouper ces 3 parties pour en faire une publication web propre. La votation sur la stratégie énergétique 2050 s’approche et le moment semblait donc opportun de concrétiser ce projet. La version que vous trouverez ici a été légèrement remaniée notamment pour mieux coller à l’actualité du jour.
Les deux auteurs de la présente réflexion, tout deux fortement engagés sur les questions environnementales mais appartenant à des familles politiques différentes, souhaitent apporter un regard nouveau sur la problématique liée à la constitution d’une majorité stable permettant de transcender les clivages et les manipulations contraires à l’intérêt général provenant d’une minorité très agissante.
Cette collaboration avec une personnalité d’une autre famille politique représente à la fois un challenge autant qu’un exercice salutaire, mais elle force à approfondir sa pensée, ce qui en cascade permet de mieux défendre les vrais points fondamentaux. Avec mon co-rédacteur, nous gardons nos convictions personnelles, un peu plus de régulation pour mon alter ego, un peu moins pour moi, mais au final notre légitime inquiétude commune nous réunit pour essayer d’aller plus loin. Vous pouvez certainement vous attendre à ce que nous récidivions …. peut-être même pour la campagne qui s’annonce tout soudain ….
Lutter contre la manipulation !
Aujourd’hui sur la plupart des thèmes liés à l’environnement incluant par exemple la bio-diversité, le réchauffement climatique, ou l’épuisement des ressources naturelles, il devient de plus en plus clair qu’une réelle majorité existe souhaitant une action efficace des décideurs économiques et politiques. Or manifestement, les propositions concrètes subissent trop fréquemment des échecs en votation populaire ou passent la rampe avec d’énormes difficultés et compromis les vidant souvent d’une part importante de leurs substances. Comprendre le mécanisme sous-jacent est essentiel, si l’on veut arriver à un résultat suffisant dans des délais permettant à l’humanité d’éviter les conséquences les plus graves.
Et si population prenait conscience qu’elle joue sa propre vie?
Diviser pour régner ?
Une observation attentive de cette majorité montre qu’elle transcende les clivages partisans. Schématiquement, on pourrait répartir la population en trois tiers, dont un premier tiers s’oppose à toute idée de changement, et deux tiers souhaitent le changement mais sont répartis en deux moitiés dont une à sensibilité de droite voudrait faire peser, tout au moins majoritairement, l’effort sur l’engagement volontaire tant des producteurs que des consommateurs, et l’autre au contraire dite plutôt de gauche, préconisant de passer par la législation et la prescription étatique.
La minorité niant la nécessité de l’action a dès lors une autoroute devant elle en opposant les deux composantes de la majorité. L’effort risque d’impacter les ménages les plus faibles ? Les opposants au changement en prennent prétexte pour saper la proposition. Dans le scénario inverse, on brandit la menace d’un affaiblissement de l’économie et d’une montée du chômage. Quelle que soit la variante, nous nous retrouvons au final avec une majorité négative obtenue par une véritable manipulation de l’opinion.
Cette construction à la fois artificielle et de circonstance bloque ou ralentit gravement tout progrès significatif. Lors de deux votations récentes, sur l’économie verte et la sortie du nucléaire, les adversaires ont joué la double partition en affirmant simultanément que les ménages et les entreprises allaient être lourdement impactés alors que cette affirmation, matraquée à coup de millions dépensés en affichage mensonger, occultait la nécessité urgente de changer de modèle de développement et oubliait que le bilan en termes d’emplois non délocalisables se révèle nettement meilleur dans une économie dite verte ou à travers les économies d’énergie, la réparabilité et les énergies renouvelables et décentralisées. Ainsi les changements indispensables et bénéfiques à tous points de vue, mais qui ne trouvent pas grâce devant les lobbies du court terme et à courte vue, sont systématiquement bloqués.
Le fameux continent de plastique, bien connu, désastreux pour les chaînes alimentaires, et pourtant négligé au détriment de la nature jusqu’à et y compris notre propre santé
En arrière-plan : les intérêts économiques particuliers et le pouvoir
Malheureusement, les acteurs économiques dont le rôle et l’importance pourraient le plus être remis en question sont aussi ceux qui détiennent la plus grande capacité financière pour s’opposer à tout changement. On sait depuis plusieurs années que les énergies fossiles bénéficient en réalité de subventions et d’investissements plus élevés que ceux accordés aux renouvelables notamment compte tenu des conséquences dommageables non assumées. Un tel constat aurait dû conduire à une action immédiate. Allant exactement dans le sens contraire de ce qui semblerait être de la simple logique, on a même entendu récemment un ex-conseiller fédéral, prétendument partisan d’une autonomie accrue du pays face à l’étranger, réclamer que l’énergie nucléaire, énergie non suisse par excellence, soit subventionnée puisque pas rentable… Le meilleur commentaire que nous puissions proposer repose sur le diagramme ci-dessous : ceux qui affirment que les énergies renouvelables coûtent trop chères mentent éhontément, car c’est bien le contraire qui est vrai.
L’exemple américain est éloquent : si on exclut les bio-carburants tirés du maïs car très problématiques, on constate que les allégements ou aides directes privilégient les énergies sales d’un facteur supérieur à 4 et ceci toujours sans prendre en compte les dommages générés!
En outre, la question ne se résume pas à ses aspects économiques. Celui qui livre l’énergie détient un pouvoir évident. Or voilà, une partie de la solution passe également par plus de production et consommation autonome. Cette auto-responsabilisation n’arrange pas certains bénéficiaires des monopoles actuels qui dès lors profitant de leurs positions présentes influencent les lois et les règlements pour freiner ce mouvement. On peut certes citer des exemples qui contredisent ce qui précède, mais il n’en reste pas moins que ceux des acteurs majeurs de l’énergie s’engageant dans une telle voie portent une immense responsabilité dans les retards pris sur la nécessaire transition énergétique. Dans certains cas, les collectivités publiques deviennent elles-mêmes complices, plus ou moins malgré elles, de ce phénomène, car elles sont souvent des actionnaires majoritaires de ces entités (ex. EDF en France).
Prendre conscience des manipulations
Ceux qui entendent défendre l’environnement au sens large, peu importe que la motivation soit de laisser une terre viable à nos descendants ou une préoccupation plus locale et individuelle, doivent prendre conscience de cette manipulation répétée à de multiples fois, qui dénature profondément notre démocratie directe dont nous sommes à juste titre fiers.
Un coup d’œil dans le rétroviseur nous montre que ces mécanismes de manipulation ont fonctionné à plein régime lors de deux dernières votations liées à cette thématique. Les débats ont été pollués par force contre-vérités et on a instillé la peur auprès des citoyens. Ceci doit nous inquiéter tous. En effet, le référendum sur la stratégie énergétique 2050 a abouti et on peut s’attendre à nouveau à un déferlement de moyens pour influencer citoyennes et citoyens à voter contre leur propre intérêt, notamment par un authentique matraquage au niveau publicité payante. Les défendeurs d’une évolution, encore insuffisante pour éviter la dérive du climat selon la majorité des scientifiques, seraient bien avisés de se préparer à une bataille peut-être plus rude que celle attendue.
Si nous voulons, ne serait-ce que tenir nos engagements minimaux comme celui de l’Accord de Paris récemment entré en vigueur (4 novembre 2016) et plus récemment encore ratifié par le Conseil national, nous devons dénoncer avec force l’achat massif des voix du peuple et à défaut de pouvoir exiger un contrôle voir un plafonnement du financement des campagnes politiques, une vraie transparence sur qui finance quoi doit devenir la règle. Il n’est pas acceptable que des lobbies puissent par des artifices créer des majorités de circonstance pour rejeter une transition énergétique si urgemment nécessaire. La réunion de toutes les composantes de la majorité plurielle appelant à la vraie prise en compte du problème climatique sera la clef des votations à venir.
Sans éthique l’action collective ne mène à rien
L’éthique dans l’exercice du pouvoir politique ou économique a préoccupé les penseurs et philosophes dès l’Antiquité, et la notion de justice, de juste part des ressources a été formulée au Moyen Age. Peu à peu, l’idée d’égalité de droits et de chances s’est imposée, à travers la philosophie dite des Lumières.
Une compréhension déficiente de l’économie pervertit l’action publique
D’autres courants de pensée ont popularisé le libéralisme sous ses multiples variantes y compris le concept de la main invisible du marché. Selon ce dernier, l’intérêt général résulterait quasi automatiquement de l’addition des intérêts individuels, et au bout du compte, aucune régulation collective ne serait nécessaire, voire deviendrait illégitime. Malheureusement, l’expérience vécue montre que cet idéal ne fonctionne guère mieux que les illusions étatistes qui se sont effondrées en même temps que le Mur. Le nœud du problème tient à un élément fondamental : la réalité des coûts doit inclure toutes les externalités soit les dommages infligés à autrui, y compris les générations futures, faute de quoi les prix sont dramatiquement faussés et donc l’ensemble du marché ; des subventions ou autres taxes incitatives ne sont que des contributions à une compensation de ce calcul tronqué de rentabilité.
Il est patent que certains trouvent confortable de privatiser les gains mais étatiser les pertes, et ce tout particulièrement en relation avec les questions environnementales relevant fréquemment du moyen et long terme. On voit justement que cette fameuse minorité régnant en divisant, s’agite précisément le plus fortement face à toute initiative cherchant à rétablir cette fameuse vérité des coûts.
Cette illusion s’est trouvée renforcée par un Occident ayant profité d’une période appelée les 30 Glorieuses, où pour la première fois l’on a connu la consommation de masse, dont nous commençons seulement à payer vraiment les conséquences environnementales. Ce modèle présentait le grand avantage de substituer à la lutte pour la répartition l’augmentation quasi automatique du gâteau, suggérant une possibilité de paix sociale par la croissance quasi infinie des biens matériels. Que cette croissance n’est pas de nature à satisfaire, une fois les besoins de base assurés, les humains (qui ne vivent pas que de pain…) et présente de graves risques environnementaux est connu au moins depuis le Rapport du Club de Rome de 1972 ! (voir image ci-dessous)
Alors même que la compréhension du réchauffement climatique n’en était qu’à ses tout premiers balbutiements, que la diffusion à large échelle des polluants dans la chaîne alimentaire relevait encore de la science fiction, ou encore que la fuite du phosphore épandu massivement en agriculture restait superbement ignorée – mécanismes qui peuvent tout trois conduire à l’extinction de l’humanité telle que nous la connaissons –, malgré cette ignorance, ainsi que les limitations de la science de l’époque, le Club de Rome en 1972 a établi des prédictions qui se confirment décennie après décennie. Nous suivons actuellement la courbe baptisée “standard run” ou autrement dit “business as usual” avec une précision étonnante et elle nous laisse entrevoir un futur peu enviable si nous ne modifions pas radicalement notre façon de gérer les ressources planétaires.
Une nécessité reconnue : changer de cap
Depuis, les conférences internationales n’ont pas cessé, insistant à la fois sur le droit au développement (mais pas n’importe quel développement), l’universalité des droits économiques, culturels et sociaux des hommes et des peuples, et sur une autre orientation de la consommation et de la production. La notion de développement durable consignée en 1992 au Sommet de la Terre vise à inscrire les activités humaines dans les capacités de charge de la nature, reconnues comme limitées. Des analyses approfondies nous donnent indiscutabement un état de situation non réjouissant, comme le rapport bisannuel Planète vivante, édité par le WWF, la Société zoologique de Londres, le Réseau empreinte écologique globale et le Centre de résilience de Stockholm1. Et depuis deux mois maintenant un pays parmi les plus grands pollueurs de la planète a un président qui interdit à son administration d’évoquer le changement climatique (décret de Trump du 23 janvier 2017). Nous ne sommes plus dans le domaine du souhaitable mais dans un véritable combat entre irresponsabilité et fuite en avant, contre gestion des intérêts communs de l’humanité.
Les engagements des États demeureront-ils lettre morte ?
Un nouveau paradigme, un changement de cap est largement réclamé, et en principe acquis à travers diverses déclarations internationales et de nombreux textes de droit, sur les mers, la biodiversité, le climat, la désertification, l’atmosphère, etc.. Mais quelle difficulté pour passer à l’acte !
Pour quasiment chaque substance polluante, comme le mercure qui s’accumule dans la chaîne du vivant, les pesticides, dont les plus toxiques ont fini par être interdits, les PCB, ou le plomb dans l’essence, ce fut un combat homérique, du même genre que celui qui a fini par faire reconnaître le droit des non fumeurs à ne pas être intoxiqués par les fumeurs dans les lieux fermés.
A chaque fois, les lobbies économiques achetaient des experts, faisaient peur aux décideurs politiques, invoquaient la défense d’emplois qu’ils étaient les premiers à détruire quand cela les arrangeait financièrement. Peu à peu, la pollution de l’air et des eaux a pu, du moins dans les pays industrialisés, être réduite. La couche d’ozone se régénère, un des plus importants succès de la coopération environnementale internationale.
Mais sur le plan quantitatif, l’essentiel reste à faire. Des études comme celles déterminant l’indice planète vivante nous démontrent que nous surexploitons la biodiversité (forêts tropicales, océans, espèces) au point qu’on évoque une 6e grande extinction, due, pour la première fois, à une seule espèce. Le climat dérape, mettant en péril des régions entières, et causant des dommages économiques croissants. Les sols sont en danger et les ressources non renouvelables s’épuisent inéluctablement. Si bien que la question est: voulons-nous vraiment détruire les bases de notre vie, ce qui ne pourrait qu’aboutir à la lutte de tous contre tous ? A travers l’écologie, ce sont bien les valeurs humaines qui sont en jeu.
Les solutions sont connues, mais on ne les applique pas
Collectivement, les agendas sont clairement définis. Les 17 Objectifs de développement durable retenus en septembre 2015 par l’assemblée générale des Nations unies donnent une cible aux efforts et actions des humains, et en particulier au secteur privé. Y affecter 5% du PIB mondial suffirait pour relever les principaux défis de l’humanité.
Les techniques existent
Les techniques pour mieux gérer les ressources planétaires sont connues. De l’agro-écologie à la maison positive, une multitude de solutions s’offrent à nous. Tirer sa plus-value de l’entretien et non de l’obsolescence : des objets réparables, réutilisables (soit l’économie de la fonctionnalité) est aujourd’hui un modèle éprouvé. Le commerce équitable existe et montre comment concilier économie et développement social. Mais les bonnes pratiques ne se généralisent pas. Alors qu’elles créent infiniment plus d’emplois que le modèle obsolète des 30 Glorieuses qui laisse de plus en plus de monde au bord du chemin.
Les comportements ne changent pas suffisamment
In fine, la solution se retrouve dans les mains de l’individu, en tant que citoyen-ne ou consommateur/trice. Mais en même temps, cet individu hésite à changer. Il recycle, mais cela n’empêche pas le volume des déchets de croître. Il prend plus le train, mais achète des véhicules toujours plus puissants. Il fait quelques économies d’énergie, mais se réjouit de partir en week-end en vol low cost. Il parle d’environnement, mais ne veut pas redéfinir son rapport aux ressources naturelles. Les produits bio plafonnent à 8% du marché agro-alimentaire, le commerce équitable à moins encore, les énergies vertes sont à la peine, personne ou presque ne veut d’éoliennes.
Bref, sans la pression d’un fort mouvement de base, pas grand chose ne se passe. Et tant que le citoyen n’est pas informé ou vraiment contraint par la loi, un peu comme c’est le cas avec les règles de la circulation routière, rien de substantiel ne change. Pour sortir de ce cercle vicieux, nous avons en Suisse les droits populaires. Régulièrement des propositions de régulation intelligente sont soumises au peuple. Mais chacun sait qu’une votation s’achète. Et c’est là que les lobbies étouffent l’innovation dont ils ne cessent de se réclamer.
Les fausses oppositions
On oppose progrès et conservation de la nature. Or il faut les deux : le vrai progrès respecte ce qui nous fait vivre. On oppose marché et régulation. Or il faut à la fois un marché pour que consommateurs et producteurs s’ajustent à travers la rencontre de l’offre et la demande, et une régulation quand les conditions cadres sont faussées. Encore une fois, le marché ne peut fonctionner que s’il est sincère, c’est à dire qu’il intègre toutes les conséquences d’une action ou transaction. Or, comme pour les questions environnementales certains effets soit se reportent dans le temps, ou se diffusent auprès d’un grand nombre de personne le marché ne peut fonctionner à satisfaction, car le bénéfice immédiat de l’un devient des pertes multiples auprès des autres.
L’intégration des externalités doit représenter le cœur des mécanismes de régulation. Prenons comme exemple le prix de l’essence, car il semblerait bien que la population suisse soit très sensible sur cette question. Les lobbies de l’industrie pétrolière se gardent bien d’expliquer qu’en réalité le consommateur paye au minimum 2 fois son essence, une première fois à la pompe, mais ensuite une deuxième via les coûts induits sur la santé (donc des primes maladie plus élevées), ainsi que via les frais d’entretien des bâtiments qui se dégradent plus rapidement dans une atmosphère polluée (donc ici les loyers).
Au final le vrai prix complet du litre d’essence doit se situer pas si loin du double du prix apparent payé par les automobilistes. Il faut comprendre qu’une augmentation du prix de l’essence représente rapidement des économies substantielles sur les conséquences externes (santé, entretien du bâti), et le surcoût se compense également par la baisse de la consommation. Au final, le citoyen – consommateur – payeur retrouve plus que sa mise avec une qualité de vie améliorée en prime.
Occulter les externalités correspond clairement à un report de charge sur autrui et/ou sur les générations à venir. Profiter de manière abusive du libre marché pour réaliser du dumping écologique ou social relève de la même logique “que les autres payent à ma place !”. A partir de ces comportements biaisés, on oppose croissance et décroissance, alors que la part des énergies renouvelables doit massivement croître, de même celle de l’agriculture biologique, des coopératives de logement, des transports publics, ou encore de l’autoconsommation, pour que puisse décroître la part de l’économie non durable.
Pour le meilleur ou le pire ?
Une votation se gagne sur la peur, sur la diabolisation de l’adversaire, sur le refus du changement. Ce sont des victoires à la Pyrrhus, car fondées sur la philosophie de l’Autruche : nier les problèmes, mettre la tête dans le sable, n’a jamais fait avancer une société. Les périls sont connus et tout retard à les empoigner ne fera qu’augmenter les coûts financiers, énergétiques, humains et pour la biosphère. On sait maintenant de manière certaine que les climato-sceptiques ont, durant bien plus de 20 ans, empêché toute action efficace en matière climatique. La société pétrolière Exxon notamment avait été informée par ses propres scientifiques en 1977 sur la mécanique du réchauffement climatique. Shell dénonçait publiquement en 1991 via un film éducatif mis à disposition des écoles les risques et conséquences liés au réchauffement climatique. Ces deux sociétés se sont d’une part abstenues d’entreprendre quoique ce soit contre la menace qu’elles avaient identifiée, mais, bien plus grave encore, ont délibérément choisi d’utiliser leurs connaissances pour induire le public en erreur afin de préserver leur modèle d’affaire à court terme. On peut déjà prédire que les générations futures accuseront les climato-sceptiques de crime contre l’humanité.
Alors sommes-nous capables de changer un peu notre perception du confort, notre mode de vie ultra-matérialiste pour gagner un avenir serein et vivable, ou faisons-nous comme le président Bush père, qui, en 1992, déclarait au Sommet de Rio le mode de vie américain non négociable ? Si chaque humain voulait vivre comme l’Américain moyen, il nous faudrait 5 planètes, ou alors accepter l’inégalité comme règle fondamentale du genre humain. Ce serait définitivement prendre congé de ce qui a fondé la notion de progrès : l’égalité de chances et de droits et la capacité d’innover de l’être humain.
Les scientifiques le clament de manière unanime : nous devons prendre maintenant un virage résolu pour éviter des conséquences insupportables. Alors refusons de nous laisser diviser par une minorité manipulatrice et prenons maintenant les décisions nécessaires pour assurer un avenir sur cette planète à nos enfants. Alors cessons de nous laisser berner par les lobbies du court terme et de la vue étroite qui nous mènent droit dans le mur.
René LONGET & Laurent-David JOSPIN
Réf 1 : http://www.wwf.fr/?10540/Rapport-Planete-Vivante-2016
Article 1 sur Le Temps : https://www.letemps.ch/opinions/2016/09/15/lutter-contre-manipulation
Article 2 : voir publication papier du 20 septembre 2016
Article 3 : https://www.letemps.ch/opinions/2016/09/20/lobbies-etouffent-linnovation-iii
Post-Scriptum : certains d’entre vous l’ont remarqué, nous avons eu un problème avec la promotion sur Facebook. Le problème résidait dans le message tagué sur l’image utilisée pour rendre le teaser attractif. Facebook se considère autorisée à définir ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. Nous contournons le problème avec une variante alternative de l’image que vous pouvez trouver ci-dessous, si elle vous plaisait (cliquer sur la miniature pour obtenir la pleine résolution).