La campagne bat son plein et aujourd’hui nous avons tenu une conférence de presse au nom du comité neuchâtelois Non au 2ème tunnel au Gothard. Comme intervenant vous trouviez, par ordre d’apparition Monsieur le Conseiller aux Etats Didier Berberat, votre blogueur préféré (enfin, je l’espère), et Monsieur le Député au Grand Conseil Pierre Hainard.
Vous trouvez ci-dessous le texte de mon intervention incluant les images projetés lors de ma présentation.
N’oubliez pas d’aller voter !!!
Laurent-David Jospin
Mesdames et Messieurs,
Lorsqu’un ménage ou une entreprise réfléchit à un investissement respectivement une dépense, l’élément déterminant reste de savoir s’il n’y a pas une autre dépense plus importante ou plus urgente à traiter avant.
Dans le cas du deuxième tunnel au Gothard cette réflexion élémentaire n’a clairement pas été faite. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la liste des points noirs du réseau routier en terme d’accidentalité telle que publié par l’Office Fédéral des Routes (OFROU). Le Gothard n’y apparaît qu’en 33ème positions sur la période 2012-2014, ou n’y apparaît en général pas. Concrètement, cela signifie que des dizaines d’endroits du réseau sont plus dangereux et devraient être améliorés de manière plus urgente.
Si vous vous intéressez plus strictement à la question de la mobilité, vous découvrirez que le Gothard voit passer en moyenne de l’ordre de 17’000 véhicules par jour plaçant clairement ce tronçon parmi les routes secondaires. L’axe Neuchâtel – La Chaux-de-Fonds lui-même en voit passer bien davantage avec 22’000 véhicules selon comptage OFROU de 2012.
Or voilà l’argent qui aura été dépensé au Gothard ne pourra pas l’être ailleurs. Aujourd’hui plusieurs signaux virent clairement au rouge au niveau de nos finances. Des exercices sont annoncés déficitaires. Les discussions sur le fonds FORTA sensé couvrir ces dépenses viennent à peine de commencer et déjà le total des projets proposés représente environ 3 fois l’argent qu’il a été prévu d’y injecter.
Gaspiller 3 milliards au Gothard implique obligatoirement que de l’argent manquera ailleurs. C’est entre autre notre région qui en fera les frais avec le nouveau projet de RUN ainsi que le contournement des villes du Locle et de La Chaux-de-Fonds qui passeront tous à la trappe. Il est complètement illusoire de croire que le fait de voter oui assurerait un retour d’ascenseur. Premièrement comme déjà dit car l’argent manquera, mais également de par le fait que la création de ce 2ème tunnel conduirait à une aggravation des conditions de trafic sur l’ensemble du plateau par l’effet d’appel d’air et partant mobiliserait encore davantage les ressources pour traiter les difficultés nouvellement créées.
L’argent dépensé au Gothard, même s’il eut pu être plus utile ailleurs, est-il au moins investi utilement ? Il nous est permis d’en douter sérieusement.
En effet, même si la douteuse promesse de n’ouvrir qu’une seule piste par tube venait à être tenue malgré tout, le simple fait d’avoir 2 tubes séparés permet d’injecter plus de camion au vu des règles du « compte-goutte » filtrant les dits camions.
Or ces camions viendront de l’Europe cela ne fait pas l’ombre d’un doute. L’axe du Brenner est d’une part saturé mais représente également une rallonge en terme de parcours pour l’ensemble des camions provenant d’Allemagne, Hollande ou encore du Danemark. Les autoroutes du plateau suisse sont à la limite de la congestion, rajouter ne serait-ce que 30 % de camion en plus garantit le bouchon quasi permanent sur nos axes les plus essentiels pour notre économie.
Nos concitoyens à qui l’on fait croire de manière sournoise qu’ils éviteront les bouchons lors de leurs départs en vacance sont doublement trompés, car non seulement ils ne gagneront rien à ce niveau mais seront perdants dans leurs déplacements ordinaires au jour le jour.
Et si la fameuse promesse n’est pas tenue, alors c’est bien pire encore. Oubliez les 30 % de camion supplémentaires, pensez simplement à un doublement avec des conséquences dramatiques pour notre mobilité. Doubler la capacité du Gothard conduirait à devoir rajouter une 3ème voie sur la grande majorité de l’axe autoroutier Bâle-Chiasso, ce qui est tout simplement irréalisable.
L’autogoal serait ici de toute première force. En plus des simples citoyens, les milieux économiques seraient particulièrement impactés.
La cerise sur le gâteau se situe au niveau des conséquences pour la santé humaine. La question ne prête plus à débat, les particules fines provoquent une série de maladies dont certaines mortelles en commençant par l’asthme chronique et en finissant par le cancer de la plèvre pulmonaire.
On ne peut admettre aujourd’hui que cet aspect ne soit pas pris en compte dans la réflexion globale qui doit être menée sur cet axe de transit important. Il est bon de rappeler que si l’ensemble de la Suisse subissait les conditions de pollution prévalant au Tessin, les primes d’assurance maladie grimperaient de 10 à 15% , soit un coût à la charge de la collectivité s’approchant des 5 milliards par année !!
Tout ceci sans dire que nous parlons ici froidement d’argent, alors qu’il se cache derrière une immense souffrance humaine.
En résumé, l’option proposée par le Conseil Fédéral consiste à dépenser un montant considérable sur un endroit non prioritaire, induisant de facto l’effet contraire recherché en terme de sécurité ou même de mobilité, et générateur de coûts indirects colossaux sur notre système de santé publique déjà fortement sous pression. Nous recommandons à l’ensemble des citoyens suisses et de ce canton de mettre un non résolu dans l’urne pour ce 28 février.