En tant que bon libéral, je suis bien forcé d’avouer être mal à l’aise avec le système Billag tel qu’actuellement en vigueur. Du coup, même si No-Billag présente manifestement toutes les caractéristiques d’une initiative extrémiste, je n’avais pas imaginé m’investir dans cette campagne.
Mon revirement, tout à fait déterminé n’en doutez pas, trouve son origine dans un récent sondage montrant que, contrairement à toutes attentes, cette initiative représentait un vrai danger.
La question naturelle est bien celle-là : comment peut-on avoir une pareille dichotomie entre une population qui exprime une très grande satisfaction, à juste titre d’ailleurs, sur la qualité des programmes offerts par nos chaînes de radio et télévision nationales, et une même population ne souhaitant manifestement plus payer ?
L’explication puise sa source ici :
Les statistiques du renchérissement représentent une réalité, et le disponible des ménages une autre manifestement bien différente !
Regardez les médias récents : plus d’un suisse sur 5 est incapable de faire face à une dépense imprévue de CHF 2’500.– ! Récemment, nous avons eu droit à un Temps Présent sur le thème « Épargner ? On n’y arrive plus ! ».
Il ne faut pas chercher plus loin le problème. Une frange importante de notre population ne supporte plus l’idée de recevoir encore et encore des factures non sollicitées mais à caractère obligatoire. Rajoutez à ce qui précède une dose substantielle de personnes manipulées et ainsi que quelques libertariens non raisonnés et vous obtenez les sondages que nous avons vus.
Il faut le dire haut et fort : malgré ses imperfections, condamner à une mort certaine notre meilleure source d’informations pour un débat démocratique réellement ouvert et sain conduira inéluctablement à une aggravation de la situation !
Imaginons donc, juste pour se faire un peu peur, un monde sans Billag, ni autre système de subventionnement à des médias neutres et indépendants comme le veut cette initiative, dans le cadre d’une votation visant à accroître encore et de manière outrancière le pouvoir des caisses d’assurance maladie. La campagne de votation serait inévitablement complètement biaisée vu que la seule voix qui disposerait des moyens de se faire entendre via des médias privés, vendant au plus offrant sa visibilité, serait celle des compagnies d’assurance. Or on le sait, face à un matraquage trop lourd, les meilleurs arguments ne peuvent plus rien. Les campagnes électorales aux USA le démontrent de manière très claire : l’argent ne fait pas tout en politique ; mais lorsque la différence devient trop importante, les arguments même les plus pertinents se révèlent inopérants.
Dès lors, dans le scénario imaginé ci-dessus les caisses maladies renforceraient très certainement aisément leur position au détriment du plus grand nombre. En fait, à chaque fois qu’une votation concernerait un sujet impliquant un acteur disposant d’une force de frappe économique en dessus de la moyenne, il faudrait légitimement craindre que la décision populaire soit manipulée par des campagnes de désinformation. Avec comme résultat final que l’argent économisé sur la facture Billag se retrouverait perdu un multiple de fois pour les citoyens concernés. En cascade, nous verrions au fil des années une perte de confiance dans notre système politique et nous subirions les dysfonctionnements que l’on peut observer dans de nombreux pays comme la France ou les USA pour ne citer que quelques exemples.
Définitivement No-Billag est une initiative trompeuse, et il faut la refuser sèchement.
Laurent-David Jospin
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