Cela faisait bien longtemps que je n’avais plus trouvé le temps de rédiger un message pour Ouvrir les Yeux malgré mon envie.
Mais voilà, l’étape, que nous venons de franchir pour le projet d’autoroute solaire autant pour sa déclinaison spécifique de Fully, que le projet en général, méritait un petit bout de chronique.
Depuis l’été 2022, nous étions lancé sur la finalisation du projet en tant que rapport complet et structuré selon les normes de l’OFROU (Office Fédéral des Routes pour ceux qui découvrent le projet). Nous espérions finir en décembre (2022!), mais les imprévus se sont succédés à un rythme épouvantable entre la géologie qui nous avait préparé quelques surprises, la simulation au feu réel qui nous a forcé à planifier une modification essentielle du projet, un partenaire nous ayant induit en erreur (on suppose intentionnellement et du coup ce n’est plus un partenaire!), des nouvelles normes constructives imposant de nouveaux modes de calcul de la résistance de la structure, …. nous avons atteint le but il y a seulement quelques jours.
Le mercredi 4 octobre, j’ai commencé d’imprimer diverses sections du rapport final. Le mercredi soir, des amis ont débarqué dans mes bureaux pour jouer au Go. Après avoir consommé mon énergie à donner une petite simultanée, j’étais bien trop épuisé pour imaginer relancer le travail vers minuit.
Le jeudi 5, j’ai re-commencé à imprimer depuis 07:00. A nouveau vers minuit, notre table de conférence présentait cet aspect :
Le vendredi matin à 02:30, c’est la majorité des tables du bureaux qui étaient bouleversées, comme par exemple notre coin distraction préféré :
Pour les curieux blanc a gagné
Ensuite toute la journée du vendredi 6, deux de mes collègues m’ont relayé pour pré-assembler les dossiers.
Pourquoi seulement pré-assembler ???
Car pendant tout ce temps, Michel, notre ingénieur-civil, s’occupait d’imprimer les plans, lui. Et on ne parle pas d’une broutille ! La surface actuelle projetée au sol de notre projet d’autoroute solaire dépasse les 80’000 m². Du coup, plusieurs plans atteignent les maximums possibles des plotters, et la simple tâche d’imprimer puis plier des dizaines de plans prend un temps énorme.
Vers midi Michel a pu nous apporter les plans et un guide de pointage pour vérifier que les dossiers étaient assemblés correctement. En fin d’après-midi, malgré un engagement irréprochable de mes collègues, le constat s’imposait sans discussion, nous étions encore loin du but, et l’espoir de pouvoir expédier un paquet à l’OFROU s’était envolé. Il ne manquait plus grand chose, mais rien à faire les classeurs ne pouvaient être remis dans leur état de la minute :
Voir les pages mises perpendiculairement pour les parties encore pendantes
Lundi matin, Mélinda a relancé la machine avec moi, et miracle un peu avant 14:00, je peux sauter dans ma voiture et me précipiter pour livrer les dits classeurs directement en mains propres du responsable. Et juste après 15:00, ils sont sur son bureau :
Livré, OFROU Ittigen
Nous les avons feuilletés ensemble et quand je repars vers 15:40, il y a un grand sourire sur son visage me montrant un premier accueil très positif.
L’OFROU va maintenant faire expertiser ces rapports par un bureau tiers n’ayant jamais participé à la planification. Selon la disponibilité de l’expert, nous pouvons espérer son rapport d’ici 6 semaines environ. Il y aura sûrement quelques petits compléments à apporter, mais nous pensons sincérement avoir atteint une maturité rare à ce stade d’un projet. Nous dépassons notamment très largement le niveau usuel de plans de mise à l’enquête.
Et puisqu’on en parle, c’est notre prochaine étape. Notre équipe souffle 2 semaines et nous commençons la préparation de la mise à l’enquête pour gagner un maximum de temps.
Notre espoir : pouvoir lancer la dite mise à l’enquête publique fin février.
A une semaine de la
votation, je jette un dernier coup d’oeil dans le rétroviseur de la
campagne et que voit-on ?
Le flot des
nouvelles, internationales pour la plupart, concluant à la nécessité
impérieuse d’aller vers la décarbonation de nos sociétés
n’arrêtent pas.
On y trouve aussi des nouvelles plus directement en lien avec notre pays, comme celle-ci :
Dans la masse, j’ai noté une annonce dont on pourrait croire qu’elle a été produite juste pour l’article de ce jour :
Ce n’est bien sûr
pas le cas, mais elle situe idéalement l’enjeu du débat, et donc
posons-nous vraiment la question sans tabou, la loi CO2 proposée
représente-t-elle une entrave ou un soutien à l’économie ?
Aujourd’hui, notre
économie nationale tourne globalement avec un mix constitué
majoritairement de fossile. Entre les combustibles pétroliers
(=mazout), les carburants (essence, diesel), le gaz, et la part
d’électricité produite à partir d’uranium, nous atteignons une
part fossile ou non-renouvelable de l’ordre de 75 %. (source :
statistique globale suisse de l’énergie 2019, OFEN).
Vouloir sortir du
fossile représente donc objectivement une révolution, le nier
n’apporte pas une contribution utile au débat.
Oui, mais voilà
nous ne sommes pas les seuls à le faire. D’autres pays, très
proches de nous aussi bien géographiquement qu’en terme de
développement économique ont annoncé des objectifs encore plus
ambitieux que nous, comme par ex. l’Allemagne.
L’exemple du câble
ci-dessus est très significatif : il y a un énorme marché à
prendre et les premiers seront les mieux servis !
Pour paraphraser le
slogan de la première crise pétrolière : en Suisse, on n’a
pas de pétrole, mais on a de la valeur ajoutée !
Et effectivement,
notre économie génère l’essentiel de sa richesse par des services
à forte valeur ajoutée (comme le monde de la finance), ou de
l’industrie incluant également une telle composante (ex. les
pharmas, ou Nespresso, …).
Conséquemment,
l’image de notre pays à l’étranger est le premier poste du bilan à
l’actif de l’entreprise “Suisse SA”.
Endommager cette
image pour un gain à court terme relève du très mauvais calcul
stratégique.
Le câble allemand
montre que les autres économies n’attendent pas, tout spécialement
nos concurrentes directes.
Notre pays vit, au
sens littéral du terme puisque notre agriculture n’arrive qu’à
nourrir à peine 50 % de la population, de la valeur ajoutée et
donc de l’innovation. L’attitude de repli cherchant à bloquer ou au
minimum ralentir la transition énergétique correspond à un pur et
simple auto-goal.
Par ailleurs,
l’étude des statistiques de l’OFEN, des rapports de l’Union
Pétrolière Suisse, et quelques autres sources complémentaires
montre que le total de la vente des produits fossiles dérivés du
pétroles se situe à environ 12 milliards de CHF / an. Une part
essentielle de cette somme part à l’étranger et ne retourne pas
dans nos circuits économiques locaux.
Si on admet que
seulement la moitié de cette somme pourrait rester en Suisse, soit
donc 6 milliards de CHF/an, nous recevons donc “gratuitement”
(puisqu’il s’agit d’argent qui ne serait plus dépensé) un stimulus
de notre économie à hauteur de 0.75 milliard par million d’habitant
par an.
Cela mérite d’être
comparé, par ex. avec le plan de relance de la Commission Européenne
à hauteur de 750 milliards EUR = 825 milliards CHF pour 446
millions d’habitants, et donc un stimulus total de 1.84 milliards CHF
par million d’habitants à répartir sur les années 2021 à 2023,
soit 0.61 milliards CHF par million habitants-an.
La loi CO2 va donc
créer un stimulus dans notre pays supérieur à celui du plan de
relance de la Commission Européenne avec en plus l’avantage que
celui-ci ne fera pas appel à de l’endettement (et donc un fardeau
pour les générations futures), mais sera gagné par une économie
permanente et se renouvellera donc au fil du temps.
Rajouter à tout ce qui précède le risque que je vous mentionnais dans l’article “Loi CO2, nécessaire versus insuffisante pour l’environnement ? ” de subir une pénalisation via une taxation CO2 pour nos entreprises exportatrices et le lecteur raisonnable ne peut que conclure à l’impérieuse nécessité de mettre en œuvre la loi prévue.
En réalité toute
cette campagne de votation n’existe que par la volonté et l’argent
d’un groupe économique défendant son pré-carré au détriment de
l’intérêt de tous !!! On pourrait presque parler de traîtres
à la patrie !
Il faut voter OUI à
la loi aussi CO2, aussi bien pour garantir notre indépendance de
l’étranger, que pour protéger les plus démunis de notre société,
que pour préserver notre environnement pour les générations
futures, et aussi pour positionner nos entreprises de la meilleure
façon face à la concurrence mondiale.
On garde ses bonnes habitudes et vite un petit coup d’oeil dans le rétroviseur de la campagne.
On voit que nos adversaires matraquent avec essentiellement deux mensonges :
Le premier,
l’abject : Notre loi CO2 n’aura(it) aucun effet sur le
réchauffement climatique. Qualifier cette affirmation d’ignoble
reste encore sur la retenue. Bien évidemment, notre participation à
l’effort planétaire doit et ne peut se faire qu’à hauteur de notre
importance relative en terme de population et niveau de vie. Comme
nous sommes 8 millions de Suisses contre 8 milliards d’humains sur la
planète, notre contribution se situe de l’ordre du millième. Oui
bien sûr, mais si nous, qui appartenons aux plus riches de cette
planète, ne faisons pas notre juste part, pourquoi les plus pauvres
le feraient ??? Ce mensonge relève d’un égoïsme et d’une
irresponsabilité sans limite.
Le deuxième, le
stupide : La loi CO2 va pénaliser les plus pauvres de notre
pays. Puisque le but de ce post est justement d’évoquer les aspects
sociaux de la loi, je me contente ici de rappeler que le
réchauffement climatique impactera justement les plus pauvres, car
ils ne pourront pas prendre les mesures onéreuses pour se protéger.
Au surplus, nous allons développer cela un peu plus loin.
Indépendamment de
ceci, les nouvelles internationales clefs n’arrêtent pas d’arriver
ces derniers temps.
Nous découvrons sur le site de la RTS, que l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) recommande maintenant de renoncer à tout nouvel investissement dans les énergies fossiles.
Quand on connaît l’influence des pays producteurs de pétrole et gaz dans cette institution, c’est presque incroyable et cela montre bien que subitement dans les hautes sphères dirigeantes, on commence d’avoir sérieusement peur des conséquences du réchauffement climatique.
Par ailleurs, le G7 va même un pas plus loin puisqu’il veut cesser de subventionner le charbon, ceci inclut donc les centrales actuellement en activité. L’incidence sera très significative sur le prix des énergies, notamment de l’électricité en Europe qui est actuellement pollué autant au sens figuré que propre par du charbon subventionné utilisé dans des centrales déjà amorties et en fin de vie.
Si vous lisez
l’article complet sur le site de la RTS, vous découvrirez que sans
aucune ambiguïté, on nous annonce que cette mesure légitimera de
contraindre les pays qui ne feraient pas leur part du travail !
Et maintenant,
alors, sociale ou pas cette loi CO2 ?
Dans le débat public, l’attaque est un peu toujours la même et ressemble assez à celle déposée sur la page FB du blog :
Monsieur Rubner
répète ici un argument, que je suppose avoir été préparé par
quelques têtes pensantes, qui passe en boucle lors de chaque débat,
à résumer en “c’est injuste pour ceux qui ne peuvent pas se
passer de leur voiture, de leur chauffage au mazout, ….”.
La réponse amenée
par les débatteurs de notre camp, même si intrinsèquement
correcte, me laisse sur ma faim. En effet, on évoque la
redistribution via l’assurance maladie et on se lance dans des
calculs d’apothicaire pour savoir qui va gagner et qui va perdre.
Ces calculs me
désolent, car ils font complètement l’impasse sur une réalité
basique, à savoir que le but de la loi est d’induire une
modification des comportements. Et dès lors, il suffit de voir les
faits pour constater que cette soi-disante punition des
automobilistes contraints de l’être n’existe pas, si on fait les
bons choix.
Regardons cela en détail (les feuilles de calcul sont à disposition sur demande), je prends ici comme exemple fictif mais basé sur une famille habitant dans un coin perdu du Jura ayant fait l’objet d’un reportage sur la RTS. Elle a impérativement besoin d’un 4×4, et nous retiendrons donc un 4×4 d’entrée de gamme à CHF 40’000.– roulant 30’000 km par année avec une consommation de 6 lt/100.
La famille a conclu
un leasing avec valeur résiduelle 0 sans apport sur 60 mois à un
taux de 3.5 %, elle va payer globalement CHF 728.– de
mensualité leasing, et 30’000 km /100 km * 6 lt = 1’800 lt d’essence
à un tarif de CHF 1.6 /lt, donc CHF 2’880.– essence.
Nous obtenons donc
12 * 728 + 2’880 soit CHF 11’616.– hors assurance et taxes.
Et maintenant, soit la même famille qui achète un 4×4 tout électrique avec 500 km d’autonomie (j’ai personnellement testé le véhicule sur lequel je base mon calcul, c’est vrai!) à CHF 50’000.–. Ce modèle montre une consommation effective de l’ordre 12 kWh/100 km, pour le calcul je retiendrai 15 kWh à 15 cts / 100 km (supposition 50 % de la charge en heures pleines, 50 % en heures creuses).
La famille a conclu
le même leasing (60 mois, taux 3.5 %, apport zéro, valeur
résiduelle zéro).
Elle va payer CHF
910.–/mois de leasing, et donc 30’000 / 100 * 15 * 0.15 soit CHF
675.– en électricité.
Au final, cette
famille paye dans cette deuxième variante “taxe CO2 free”
12 * 910 + 675 soit CHF 11’595.–.
Soit une différence
de CHF 21.–/année !!!! Je ne relève même pas que les CHF
21.– sont en faveur du véhicule électrique, ce qui compte est
qu’en prenant les bons choix la situation ne sera pas péjorée
significativement sur le plan économique.
Bien sûr, on peut faire jouer les paramètres et essayer de modifier le résultat final, mais si on se base sur un 4×4 essence encore moins cher, la consommation monte ! Si on se réfère à des taux leasing 0 %, le résultat devient outrancièrement en faveur du véhicule électrique, etc etc . Bref, si on reste honnêtes sur les choix de scénario à comparer, il se dégagera toujours une quasi équivalence.
En ce qui concerne
les chauffages à mazout, il existe aujourd’hui d’excellente PAC. On
peut sans autre refaire l’exercice ci-dessus de la voiture. Au final,
ce sont les choix personnels qui détermineront le résultat.
La question
économique évacuée, il reste un point beaucoup plus fondamental à
mentionner, quid du futur ?
En effet, nous
oublions toujours trop vite les conséquences du réchauffement
climatique. Les modèles convergent tous vers des épisodes
caniculaires plus fréquents, plus intenses et plus longs.
Le besoin en
protection contre les conséquences de ces canicules croîtra donc de
manière importante et cela va coûter !!!!
On pense bien sûr à la climatisation, mais en réalité il ne s’agit que d’un aspect minime, presque secondaire. Avec des canicules à ce point si violentes, les rendements agricoles s’effondreront. Le coût de la nourriture va donc monter, ne serait-ce qu’en fonction du coût de l’eau d’arrosage, mais aussi des productions plus faibles à l’hectare. Si nous voulons conserver une filière laitière dans notre pays, nous devrons importer toujours plus de fourrage et de toujours plus loin.
Et puis il y a la
question migratoire. Actuellement, nous vivons un psychodrame
pan-européen pour quelque chose qui doit se situer de l’ordre de 20
à 25 millions de réfugiés. Les scénarios des agences de
renseignement pronostiquent qu’environ 500 millions de personnes se
mettront en mouvement rien qu’en Afrique si on ne lutte pas
(beaucoup) plus contre le réchauffement climatique et ses
conséquences.
L’argument comme
quoi on punirait la classe moyenne avec la loi CO2 est donc non
seulement faux, mensonger, mais aussi complètement stupide, car
c’est en premier lieu les moins favorisés de notre société qui ont
urgemment besoin d’une action déterminée et urgente contre le
réchauffement climatique !
Avant d’attaquer notre sujet du jour, jetons vite un petit coup d’œil dans le rétroviseur de la campagne et cette fois plutôt que s’intéresser aux tendances des sondages, élargissons notre point de vue et observons ce qui se passe ailleurs.
Dans l’article
précédent, je vous parlais du risque pour notre pays de rester
dépendant de l’étranger pour nos sources d’approvisionnement
énergétique. Or voilà des nouvelles toutes fraîches confortent ce
point de vue.
Nous apprenons d’une part que les services secrets britanniques souhaitent vérifier que les autres économies respectent leurs engagements climatiques (voir extrait partiel publication RTS:)
Mais nous avons également l’UE et les USA qui ont des positions claires (extraits idem ci-dessous)
et
Il ressort de ces
articles que d’une part une prise de conscience est en train d’opérer
au niveau mondial, mais également que la peur de l’inégalité de
traitement est bien présente et on cherche à s’assurer que les
acteurs importants joueront le jeu. L’UE notamment envisage une taxe
carbone aux frontières.
En confirmation de l’article précédent, il apparaît donc de plus en plus évident que rentrer dans un mécanisme de réduction des émissions carbone tel que prévu par la loi CO2 n’est pas une option mais un impératif pour que notre pays et nos entreprises n’aient pas à subir des pressions et des sanctions hautement pénalisantes.
Venons en à notre
sujet du jour, l’environnement nécessite-t-il vraiment une telle loi
ou respectivement peut-il s’en contenter ?
On peut fixer l’émergence du débat environnemental plus ou moins au rapport du club de Rome (aussi appelé rapport Meadows). En résumé ultra-succinct, ce rapport, principalement centré sur les ressources, concluait que si aucun changement majeur n’était apporté à notre gestion de la croissance, un effondrement de notre civilisation était inéluctable. Ce rapport a depuis toujours été fortement critiqué, mais force reste de constater que les courbes prédites en 1972 se révèlent jusqu’à aujourd’hui toujours étonnamment exactes.
Quand on parle CO2,
on pense climat et donc GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental
sur l’Evolution du Climat). Fondamentalement, le rapport du Club de
Rome cherche à intégrer l’ensemble des facteurs significatifs alors
que le GIEC se concentre sur l’aspect climat.
Depuis 1990, le GIEC
a produit 5 rapports. Une constante se dégage avec une masse de
critiques vociférant à l’exagération lors de la parution, puis
lors de la version suivante, le constat qu’en réalité les
prévisions étaient encore trop optimistes.
Lorsque vous étudiez
la météorologie en tant que futur pilote d’avion, on vous apprend
qu’une prévision météo ayant divergé va logiquement continuer à
diverger. En clair, il faut partir de l’idée qu’une péjoration
récente par rapport à la prévision initiale aura encore tendance à
se renforcer dans l’intervalle de temps suivant.
Si on applique cette
règle empirique au climat dans son ensemble, on peut légitimement
craindre que les prochains rapports du GIEC continueront sur cette
lancée d’être toujours plus graves qu’attendu.
On pourrait donc
entendre le discours des opposants à la loi du côté Grève du
Climat. Toutefois, la composante politique ne peut-être négligée.
Si, par catastrophe,
la loi venait à être refusée, il faudrait alors remettre l’ouvrage
sur le métier. La loi qu’on nous propose aujourd’hui puise son
fondement dans un débat qui avait déjà commencé bien avant la
votation de la loi que nous proposions en 2015 (et qui soit-disant
devait être plus rapidement appliquée si notre projet était
refusé). Précisément, suite à l’adoption en 2013 de la révision
de 2011 de la loi adoptée en 1999, la question s’était déjà
imposée comme nécessaire.
Mais voilà, la
froide réalité est que de 2013 à 2021, 8 années se sont passées,
et que dès lors si nous rajoutons 8 années pour refaire une
nouvelle mouture de la loi, nous arrivons précisément à cette date
butoir de 2030 prévue par le rapport du Club de Rome.
Nous n’avons simplement pas le choix. La loi actuelle, même avec toutes ses imperfections, doit être appliquée de toute urgence. Et une nouvelle loi améliorée doit être mise en travail pour pouvoir être disponible aussi vite que possible, ce qui en temps politique signifie quelque chose entre 5 et 10 ans !
En préambule à ce post, jetons un rapide coup d’œil sur la campagne qui a démarré sur les chapeaux de roue. Comme le post précédent le présentait, nous avons eu droit à un communiqué de presse d’un comité de campagne formellement aux couleurs de l’UDC, mais dont franchement il ne semble pas déraisonnable de penser qu’il a été dicté par des cadres de l’Union Pétrolière Suisse / SwissOil / Avenergy. Je vous laisse juger sur la base de la copie d’écran ci-dessous (partielle) :
Nous avons eu aussi
droit à une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux, par
exemple lors de la promotion d’un lien FB sur l’article précédent
par un ami, Alain Farrugia, dont la plupart ne font répéter le
message d’une manière outrancière. On a vu aussi lors de l’émission
Infrarouge du 14 avril sur la RTS le secrétaire de l’UDC Vaud
instiller ce même discours d’une façon particulièrement retorse
“si si nous voulons aussi sauver la planète, mais pas comme
ça“. C’est précisément ce discours qui a jusqu’à présent
réussi à tromper la population, car mis à part le “pas comme
ça” aucune proposition suffisante n’est jamais venue.
Retournons à notre
sujet du jour, les enjeux géostratégiques liés à cette fameuse
loi CO2
Sans mauvais jeu de
mot, l’énergie, surtout l’énergie bon marché, est le moteur de
l’économie. Un nombre incalculable de guerres puisent leurs causes
justement dans le besoin de contrôler les ressources énergétiques.
L’inextricable situation du Proche-Orient s’exhibe devant nos yeux
jour après jour avec ses tombereaux de noirceurs et drames humains
pour le rappeler à ceux qui voudraient l’oublier.
Tout naturellement,
les opposants à la loi CO2 brandissent dès lors les pertes d’emploi
pour justifier leur volonté de statu quo.
Il vaut la peine de
se plonger dans la logique économique des énergies fossiles pour
réellement comprendre où se cachent les risques.
Il existe une
réflexion sur les limites du parallélisme en économie “Si une
femme fait un bébé en 9 mois, 9 femmes ne font pas un bébé en un
mois”, qui trouve une application dans le domaine de l’énergie
avec une très large portée :
Soit 8 puits de
pétroles produisant du pétrole à un prix de revient de 30$ et un
puit produisant à 60$, si la consommation est égale ou inférieure
à la production des 8 puits, le pétrole se vendra à 30$+une marge,
si la consommation est égale ou inférieure aux 8+1 puits, tout le
pétrole se vendra à 60$+une marge, si la consommation devrait
dépasser la production totale des 8+1 puits alors le prix du pétrole
n’aura plus de limite vers le haut.
Ce premier élément nous offre un bon début d’explication de la volatilité des prix du pétrole :
Mais cela ne suffit
clairement pas. En effet, avec une volatilité pareille devenir riche
devrait être d’une facilité déconcertante : il suffit
d’acheter sur les zones basses, garder, et vendre sur les périodes
hautes. Oui, mais voilà garder signifie ici stocker et stocker une
matière aussi dangereuse que le pétrole coûte, et coûte même
beaucoup.
On peut comparer le
pétrole aux yoghurts pour les supermarchés dont les lots de
production perdent de la valeur en fonction de l’approche de la date
de péremption. Ceci explique d’ailleurs pourquoi nous avons vu
récemment des prix négatifs pour le pétrole.
La conjonction de
ces deux caractéristiques essentielles explique la situation que
nous connaissons au Proche-Orient et dans une majorité des pays
producteurs de pétrole : des dictatures épouvantables, et
d’autant plus épouvantables que le dit pétrole représente une part
importante des richesses produites dans le pays, le tout arrosé
d’une copieuse ration d’ingérence voir carrément de prise de
contrôle totale occulte, car nos économies, un peu comme des
patients devenus accrocs à la morphine, se vautrent dangereusement
dans une dépendance aux énergies fossiles mortifère.
La volonté de
contrôle sur la durée pour garantir la sécurité de
l’approvisionnement en premier lieu, mais aussi des rentes de
situation pour certains, pousse à toutes les compromissions et
autres jeux troubles. Le conflit syrien pourrait bien puiser sa vraie
source dans le refus de Bachar d’avoir laissé transiter un gazoduc à
travers son pays.
A ce sujet, je vous suggère de prendre quelque minutes pour visionner l’excellente vidéo réalisée par un mathématicien anglais et youtubeur CGP Grey “The rules for rulers”, vous y verrez pourquoi vous pouvez abandonner ces idées romantiques de population se soulevant pour chasser le tyran. Quelqu’un se cachait au commande et il faut juste se demander à qui cela profite (le fait que Bachar soit un abject dictateur ne change rien à l’affaire).
Dépendre des
énergies fossiles correspond donc à dépendre de l’étranger. Si
vous êtes un grand pays avec une influence internationale réelle
et des services spéciaux à la hauteur, vous pouvez peut-être vous
le permettre, même si j’en reste persuadé, à long terme vous
finirez par le payer un jour. Toutefois, un petit pays, qui souhaite
de surcroît se comporter de manière conforme au droit, se met en
situation de dépendance élevée face à des pays voyous, qu’ils en
portent le titre ou non.
Instaurer une taxe
CO2 visant à infléchir notre consommation de carburants fossiles
contribue donc directement à protéger notre indépendance
nationale.
En politique
étrangère, on rappelle souvent que nous n’avons pas d’amis
uniquement des intérêts. Si ceux-ci convergent, tout va bien. Dans
le cas contraire, un petit pays doit se faire du souci.
Il semble utile de
rappeler que le contrat-cadre avec l’UE donne une fâcheuse
impression de bébé mort-né. L’UE pourrait s’énerver quelque peu,
pas beaucoup juste un peu, mais de manière à mettre une pression
telle que nous devrons céder sur un point ou l’autre.
Au final, je
n’aimerais pas jouer les Cassandres, mais nous rendre indépendant
des énergies fossiles protège aussi notre système politique et
donc notre démocratie directe.
Pour le prochain article, nous passerons en revue les points essentiels de la question environnementale.
Depuis quelques
temps, je participe un peu moins aux débats sur les grandes
questions politiques liées à l’énergie et/ou l’environnement et/ou
…, car j’ai un besoin vital pour le dire pudiquement de faire
avancer notre grand projet d’autoroute solaire.
Néanmoins, suite au
contexte très particulier de la votation de la loi CO2, et très
effrayé par une éventuelle issue négative, je m’en voudrais
vraiment de ne pas avoir apporté ma modeste contribution à une
issue dont il est également crucial qu’elle tourne du côté
positif.
Nous votons sur
l’objet car il y a eu référendum. Or justement, la double origine
du dit référendum laisse entrevoir des débats publics chaotiques
et incertains.
Nous voyons d’un
côté en apparence l’UDC renforcée par certains milieux
économiques, mais en réalité c’est bien de SwissOil, la faîtière
des importateurs de produits pétroliers, qu’il s’agit. Les autres
acteurs relèvent plus de la cosmétique voir carrément de l’alibi
qu’autre chose.
Or je connais cet
adversaire pour y avoir été confronté par le passé, également de
manière partiellement occulte.
soit l’importation
totale de produits pétroliers par année, transformée en litres
(formule arrondie) et dont on évalue le bénéfice de la branche
entière de manière très conservatrice. Pour que chacun comprenne
bien, chaque tonne de pétrole importée passe au travers d’un
importateur, une bonne part d’un raffineur, de même pour un
stockage, d’un transporteur, et enfin d’un détaillant, ce bénéfice
supputé de 10 cts par litre est donc bien le bénéfice net cumulé
de chacun de ces acteurs, en clair de l’ensemble de la branche.
On peut aussi évaluer ce bénéfice par un regard sur un acteur également très représentatif de la branche fossile, à savoir Avenergy l’ex-Union Pétrolière Suisse, qui, dans son rapport annuel 2019 (page 21), se targue d’avoir apporté 996.5 M CHF de taxe sur la valeur ajoutée au budget de la Confédération. Or, pour pouvoir générer un tel montant de TVA, il faut avoir réalisé 12’941.5 M CHF de bénéfice brut au taux de 7.7 % en vigueur. Dès lors, les 1’042’250’000.– ci-dessus représentent un rapport bénéfice net sur bénéfice brut de 8.05 %, ce qui semble effectivement raisonnablement conservateur au niveau estimation.
Notre premier adversaire est donc assurément puissant. Et malin de surcroît, car il s’abstient d’apparaître de manière trop évidente pour éviter de se faire attaquer par “vous défendez vos intérêts privés de court terme au détriment du bien commun de long terme“.
“Balrog SwissOil contre Gandalf loi CO2”
Mais, il s’agit
précisément de cela !!! Lorsque vous gagnez 1 milliard de CHF
par année (oui, bien 1 milliard soit 1’000 millions), vous ne
laissez pas votre “beefsteak” s’envoler sans essayer de le
retenir. Et lorsque vous gagnez toujours ce même milliard, vous
pouvez mettre beaucoup de moyens à disposition pour vous battre.
Face à un tel adversaire, il eut été avisé de présenter un front commun. Mais voilà, une partie du mouvement de la grève pour le climat a choisi de combattre elle aussi la loi. La motivation est bien sûr exactement l’opposé du premier adversaire, mais il n’en reste que cette voix discordante pourrait coûter très cher lors du décompte final.
En politique dit-on
“l’argent ne compte pas“. Mais on précise aussi
tout de suite “sauf si la différence est plus grande que le
simple au double“, car là vous avez un vrai problème.
En général, une
campagne de votation au niveau national coûte en Suisse quelque
chose compris entre 2 et 5 M CHF. Lors du cas qui m’avait occupé fin
2014 début 2015 notre adversaire avait mis sur la table largement
plus de 10 M CHF alors que nous allions seuls au combat avec un
budget de l”ordre de 1 M CHF. Autant dire, que malgré la solidité
de nos arguments, nous avons été proprement balayés.
L’affichage ou les
campagnes de pub médias sont par essence même visibles et peuvent
être estimées. Par contre, les salaires versés à des trolls
restent la plupart du temps indémontrables. Conséquemment, personne
ne pourra jamais savoir combien la branche pétrolière mettra dans
la campagne en réalité, mais un raisonnement reste vrai :
mettraient-ils jusqu’à un montant exorbitant de 100 M CHF pour
obtenir ne serait-ce que 5 années de répit, qu’ils retrouveraient
50 fois leur mise !!!
Je n’ai évidemment
pas dit qu’ils mettraient une telle somme, mais il faut comprendre
que leur intérêt est tel, qu’ils mettront forcément des moyens à
la hauteur de l’enjeu.
En cas de résultat
négatif, les lobbyistes, toujours financés par la même
corporation, organiseront une authentique guerre des tranchées à
Berne pour gagner mois après mois avant qu’une nouvelle loi ne soit
reproposée en votation.
Je peins le diable
sur la muraille dites-vous ? Lors de la fameuse campagne perdue
de 2014/2015, on nous argumentait justement qu’une loi plus efficace
allait arriver immédiatement et qu’en fin de compte les objectifs de
notre initiative seraient atteints plus rapidement si on laissait la
nouvelle loi arriver. Les faits sont têtus comme le répétait
Lénine : nous sommes aujourd’hui 6 ans plus tard, et que cela
plaise ou non, 6 années se sont écoulées, et ce alors que nous
vivons une urgence climatique absolue !!!
Même si la nouvelle
loi se révélait beaucoup plus ambitieuse, ce dont il faut douter
compte tenu des équilibres politique de notre pays, les nombreuses
années perdues ne se rattraperont pas !
Cette loi, même
résultat de douloureux compromis et donc forcément imparfaite,
reste infiniment nécessaire.
J’ai de la sympathie
bien réelle pour une part importante des idées de la grève pour le
climat, mais manifestement une frange du mouvement fait preuve de
naïveté politique qui pourrait au final nous coûter très cher.
Je vais donc vous
proposer dans les prochaines semaines une série de réflexions, qui,
je l’espère, contribueront un peu à faire pencher la balance du bon
côté.
Pour le prochain article, nous discuterons les enjeux géostratégiques liés à cette loi sur le CO2.
Le Coronavirus répondant au doux nom de SRAS-COV-2, ou Covid-19 brutalise nos sociétés, nos économies, et tout ce qui nous semblait acquis pour toujours. On constate néanmoins que certains pays s’en sortent beaucoup mieux que d’autres. Exemple :
L’Italie, malgré des mesures de confinement de plus en plus drastiques voit sa courbe de décès par millions d’habitants s’envoler, la Suisse avec des mesures moins sévères semble avoir une courbe un peu moins grave, tandis que la Corée réalise presque un sans faute sans confinement, mais avec une politique de tests intensive et des mises en quarantaine ciblées.
C’est notamment sur cette base que je me permets de penser que la façon dont nous gérons cette histoire est tout sauf optimale.
Voyons un peu ce que
nous avons à apprendre des deux cas les plus extrêmes :
Cas de l’Italie
Actuellement, le cas
italien occupe le devant de la scène vu la situation manifestement
pas sous contrôle et ce malgré des mesures de confinement de plus
en plus sévères.
Comprendre les
raisons de la courbe quasi exponentielle constatée en Italie et
assez spécifiquement dans la région nord (Lombardie) est une
nécessité pour éviter une répétition de ce scénario ailleurs.
De nombreuses pistes
ont été évoquées, et nous allons passer en revue celles qui
semblent les plus significatives :
1. Mutation du Covid-19 en une version plus agressive encore. Il me semble personnellement que ceci aurait déjà dû être confirmé, les moyens d’analyse modernes étant si performant (PCR). Quoi qu’il en soit, si cela s’avérait vrai, cela tuerait dans l’œuf toute velléité de créer un vaccin.
2. charge
environnementale+tabac
La Lombardie est une des régions les
plus polluées d’Europe de par son caractère fortement industrialisé
et également l’important trafic nord-sud qui la traverse. Les taux
de particules fines notamment y dépassent régulièrement les normes
recommandées. Dès lors, la population présentera dans sa grande
majorité des tissus bronchiques en état de pré-inflammation
chronique. Le Covid-19 s’attaquant justement (respectivement devenant
dangereux lorsqu’il s’attaque) à l’appareil respiratoire, la
présence de tissus déjà affaiblis lui facilite le travail et
accélère donc son impact.
Pour ceux qui additionnent encore le
fait d’être fumeur, tout se trouve réuni pour la catastrophe !
3. stratégie
erronée contre la fièvre
Depuis la fin des années 60, nous
savons que faire baisser la fièvre n’est pas une bonne approche.
Ceci a été démontré par les travaux du Prof. André Lwoff, prix
Nobel de médecine en 1965. Grâce à l’INA, nous pouvons profiter
d’une courte vidéo dans laquelle le Prof. A. Lwoff démontre avec
des lapins soumis au virus de la myxomatose qu’une augmentation de
2°C des lapins divisait la mortalité par 3.
Or, nous continuons à vouloir faire baisser la fièvre coûte que coûte. Ce penchant n’est toutefois pas uniforme et de fortes différences “culturelles” se font sentir selon les écoles. Pour en avoir le cœur net, il faudrait disposer des statistiques de consommation des anti-fébrifuges les plus courants (aspirine, ibuprofène, paracétamol).
Pour l’Italie, je ne
sais pas. Par contre, pour la France, autre pays très problématique
également, il est de notoriété publique que les
“dolidolomachintrucchouette” en tout genre sont presque
assimilés à des bonbons. Il n’y a qu’à aller dans une pharmacie et
“admirer” le rayon concerné, placé à l’endroit le plus
visible et assurant manifestement une part importante du chiffre
d’affaires de la pharmacie.
Certains médecins
commencent à penser qu’un des éléments déclencheurs de la
gravité ou non de l’attaque pourrait se cacher ici. L’idée serait
qu’en faisant baisser la fièvre, on facilite la prolifération du
virus et que celui-ci trouve ensuite plus facilement son chemin
depuis les voies aériennes supérieures (non problématique) vers
les bronches (très problématique).
4. couverture vaccinale contre-productive
On sait par
expérience que le vaccin contre la grippe ne fonctionne pas toujours
selon la souche grippale en circulation et celle pour laquelle le
vaccin a été préparé. Une étude récente sur des personnes âgées
montre qu’il n’y a pas de différence significative en terme
d’hospitalisation entre les vaccinés et les non-vaccinés[1].
Cette étude ne fait que confirmer ce que l’expérience vécue a déjà
montré à beaucoup de personnes.
Ce qu’on savait moins :
une étude basée sur du personnel des forces américaines[2]
vient de montrer que le fait de se faire vacciner contre la grippe
augmentait votre risque d’attraper le Covid-19 de 36 %,
spectaculaire !! (note pour la précision :
l’étude en question conclut qu’il faut continuer de vacciner le
personnel militaire contre la grippe. Cette augmentation du risque de
contracter le Covid-19 suite à la vaccination contre influenza
apparaît en clair dans les tableaux statistiques de l’étude, mais
l’auteur choisit de ne pas en parler.)
Le fait d’opter ou
non pour le vaccin contre influenza varie beaucoup selon des facteurs
culturels : chez nous en Suisse, on voit une nette différence
entre les francophones (pro-vaccination) et les germanophones (un peu
plus réservés). Si les italophones partagent avec nous une telle
caractéristique qui serait alors latine, cela pourrait bien être
la goutte de trop rajoutée aux facteurs 2 et 3, l’ensemble de ces
facteurs devenant l’explication du tableau actuellement visible en
Italie.
5. infection par des
travailleurs au noir
Un de mes relecteurs me signale un article
expliquant le problème italien par les travailleurs au noir chinois
obligés de se cacher et par force échappant au système de
surveillance sanitaire. La référence est ici : [3]
Pour ma part, je
serais prêt à accepter l’explication pour le nombre de cas initiaux
importants, mais cela n’explique pas pourquoi malgré les tours de
vis successifs sur les mesures de confinement, l’épidémie continue
de progresser et même de plus en plus vite ; et encore plus
cela n’explique nullement pourquoi la mortalité serait
incomparablement supérieure à ce que l’on voit en Islande ou sur le
Diamond Princess.
Il serait intéressant de connaître les
penchants politiques de ceux qui ont écrit cet article.
6. Et enfin en
dernière minute, juste avant la publication du post, un ami italien
m’explique que la politique sanitaire déficiente a conduit à une
aggravation de la situation. Il m’a cité en vrac accueil des
suspectés malades dans des conditions de promiscuité conduisant à
des infections acquises à l’hôpital, démantèlement des soins
intensifs ces dernières années, mauvaise orientation des malades, …
Je ne peux juger à ce stade ces affirmations, mais je verrai si je
trouve des sources référencés.
En synthèse, les
cas italien, français, et espagnol présentant des caractéristiques
proches, il me semble raisonnable de penser que des comportements
culturels similaires (pt. 2 et 4), sans doute complété par des
conditions environnementales également similaires doivent expliquer
une bonne partie de la hausse des cas.
Cas de la Corée
La Corée, malgré
sa proximité avec le foyer originel de Wuhan, notamment de par ses
liens économiques avec la Chine, s’en est remarquablement bien
sortie avec un nombre minimum de décès et un impact tout autant
minimal sur l’économie.
La stratégie a
privilégié les tests systématiques sur toute personne suspectée
d’être porteuse, des mises en quarantaine spécifiques, le tout
appuyé par un soutien technologique intensif (comme par exemple, ces
applications sur smartphone pour jauger presque en temps réel la
santé de la population).
Il faut souligner
que la Corée est un pays densément peuplé et aurait dû souffrir
d’autant de plus de cette pandémie. La comparaison avec l’Italie
s’en trouve d’autant plus intéressante, et cela permet de mieux
évaluer la pertinence des choix défensifs des uns et des autres.
Cette politique est
également beaucoup mieux acceptée par la population, car être mis
en quarantaine sur la base d’une infection démontrée passera
toujours mieux, qu’un confinement généralisé arbitraire.
Sur les chiffres
Pour commencer
rappelons quelques points de base : vers la fin de la rédaction
de ce post (démarré le vendredi 19 mars et publié en principe le
25), 417’698 cas de Covid-19 ont été diagnostiqués au niveau
mondial, un peu plus de 18’600 personnes sont décédées et
107’800 sont considérées comme guéries (ce qui signifierait que ±
290’000 personnes vont encore soit guérir soit mourir).
La politique de test
variant fortement d’un pays à l’autre, il est très difficile de
connaître réellement le nombre de personnes touchées par ce virus,
mais on peut soupçonner que dans de nombreux pays, les cas légers
ou asymptomatiques sont infiniment plus nombreux que les cas
diagnostiqués.
L’exemple de
l’Islande semble assez représentatif. Ce pays a démarré tout
récemment un test à large échelle sur plusieurs milliers de
volontaires. Au jour du démarrage de la rédaction le 19 mars, 3’700
échantillons ont été déterminés et moins de 1 % se sont
révélés positifs [4]. Ramené au
niveau de la population islandaise (364’260 en 2019), ceci
indiquerait donc qu’environ 3’500 personnes doivent être porteuses
du Covid-19. Le pays reconnaissant 330 cas de Covid-19, ceci signifie
que pour 90 % des porteurs du virus, son impact sur l’organisme
n’est pas suffisamment significatif pour que la personne soit
consulte son médecin, soit ce dernier soupçonne un cas. Par
ailleurs, comme il n’y avait qu’un seul décès répertorié
on peut légitimement
penser que la mortalité reste relativement faible, dans le cas
d’espèces de l’ordre de 0.3 % en terme de rapport décès
contre cas admis, ou 0.03 % sur le rapport décès contre cas
supputés. En date du 24 mars au soir, il y 648 cas confirmés et 2
décès, globalement les pourcentages resteraient, au moins
provisoirement, dans les mêmes ordres de grandeur.
Un autre cas mérite
un regard attentif, soit celui du bateau mis en quarantaine au Japon,
le Diamond Princess. Il y a eu globalement 700 cas confirmés à bord
et 7 ou 8 décès selon les sources. Ceci indiquerait donc un taux de
mortalité légèrement supérieur à 1 % par cas confirmé, et
environ 0.25 % sur le total de la population observée (un peu
plus de 3000 passagers). Cette proportion doit aussi être mise en
regard de la population observée : sur le Diamond Princess se
trouvait une forte majorité de personnes plutôt âgées (une
typique croisière de retraités), il semble juste de dire qu’en
moyenne il s’agissait d’un groupe à risque.
La grippe
saisonnière, ou plus précisément Influenza, tue chaque année au
niveau mondial entre 290’000 et 650’000 personnes (OMS). Le nombre de
personnes réellement touchées (et qui guérissent donc) n’est pas
connu mais estimé par des méthodes empiriques allant des
consultations chez les médecins généralistes à la fréquence de
la recherche du mot grippe dans les moteurs de recherche internet.
La mortalité annuelle mondiale totale s’élève à 57’000’000[5]. En faisant le pronostic, une sorte de scénario du pire restant crédible, que le nombre de morts reconnus comme provoqués par le Covid-19 gonfle encore d’un facteur 10 et atteigne donc 200’000 personnes en arrondi au niveau mondial, on constate qu’il représenterait encore que 70 % des décès provoqués par la grippe en variante basse et 30 % en variante haute, et 0,017 % des décès totaux (soit 1 cause sur 5’700 morts).
Pour la bonne forme,
on peut relever que les maladies des voies respiratoires inférieures
tuent bon an mal an environ 3.5 millions de personnes soit plus de
175 fois ce que Covid-19 a provoqué comme décès jusqu’à ce jour.
Ceci étant rappelé sur le plan des chiffres, il convient aussi
d’évoquer le climat anxiogène qui règne actuellement sans partage
dans les esprits.
On entend moult et
moult appels à des mesures les plus strictes possibles. Il y a une
dizaine de jours, j’ai reçu par courriel la circulaire
hyper-émotionnelle que voici
la pression générée
par un tel document est énorme. Dans nos démocraties occidentales,
nous vivons en réalité sous la dictature de l’image et des médias.
Pour ceux qui ont reçu la même pétition, prenez le temps de la
relire à tête reposée et vous devriez constater qu’aucun argument
digne de ce nom n’est apporté, on se situe dans l’émotion pure.
Plus grave encore,
des rumeurs, quelques fois colportées par des personnes proches des
milieux médicaux, contribuent à complètement déstabiliser
émotionnellement le public et lui faire perdre tout esprit critique.
Une de mes filles, étudiant la biologie, me citait l’exemple
suivant : une connaissance a lancé dans la discussion qu’en
France ils en étaient arrivés à devoir choisir qui intuber entre
des prématurés ou des malades atteint du C-19. Il s’agit bien
évidemment d’un mensonge éhonté, il suffit de songer à la taille
d’un prématuré (voir tableau) pour savoir que c’est impossible.
Il est évident que les équipements pour les prématurés appartiennent à une classe absolument spécifique (pour être encore plus clair : vous assassineriez un prématuré si vous tentiez d’y insérer du matériel pour adulte, et symétriquement du matériel pour prématuré ne servira à rien pour des adultes).
Mais, essayez juste
d’imaginer l’effet dévastateur d’une telle affirmation sur une
population de moins en moins habituée à exercer son esprit critique
d’une manière générale, et de surcroît dans une période de
fragilité émotionnelle immense suite au matraquage anxiogène des
médias depuis plusieurs semaines.
Sur ce, j’aimerais
vous parler du Prof. Didier Raoult (voir page wikipedia[6],
et extrait ci-dessous) abrégé DR dans la suite du post.
DR est
infectiologue, virologue, appartient aux 100 microbiologistes
mondiaux les plus influents. Il gère l’Institut Hospitalier
Universitaire de Marseille Méditerranée Infection. Il a été
intégré par le gouvernement français dans le panel d’experts
censés conseiller les autorités pour la gestion de la crise
Covid-19.
Il s’est intéressé
aux travaux de ses collègues chinois ayant travaillé sur le C-19 et
a rapidement proposé que l’on reprenne plusieurs de leurs
découvertes à ce sujet. Il y a eu notamment le cas de la
Chloroquine, pour lequel il s’est retrouvé face à un refus complet
du monde médical français (voir vidéo dans les liens “Chloroquine
pourquoi tant de haine[7]). Il a néanmoins réussi à
mettre en place un essai limité dans le cadre de son IHU. Les
résultats se sont révélés si prometteurs qu’il y a eu une ruée
sur le médicament en question.
DR s’est beaucoup
exprimé publiquement, notamment sur la chloroquine et les
difficultés qu’il a rencontrées pour juste pouvoir faire les tests,
liens ci-dessous [8][9].
Mais ici, nous
allons nous intéresser à un interview sur la gestion de cette
crise, sujet principal de ce post :
Dans la vidéo
ci-dessus, tout est intéressant, mais les passages suivants méritent
un décryptage particulier :
2:30 – 2:40 :
DR énonce ici que les mesures prises en France sont
vraisemblablement exagérées. Comme mentionné plus haut, DR est
membre du panel nommé par le gouvernement français pour le
conseiller sur le C-19. On connaît la hiérarchie très forte de la
France (on parle quelque fois de monarchie républicaine …). Il
faut donc bien comprendre que si une personne directement en lien
avec les autorités et dépendant d’elle pour son avenir
professionnel se permet d’émettre un doute, c’est qu’en réalité la
gestion est réellement calamiteuse, et que DR sait qu’il peut
justifier sa position si nécessaire.
5:50 ne pas créer
la panique pour une maladie qui ne changera pas les statistiques.
Dans une autre vidéo (dans les liens ci-dessous), DR rappelle qu’il
est fréquent que l’effet de panique crée plus de morts que la cause
elle-même.
6:10 diagnostics +
traitements versus effet d’aubaine pour argent :
DR dénonce ici de
manière extrêmement discrète pour une personne externe au monde
médical, mais assez frontalement pour quelqu’un de ce monde, les
grandes pharmas et certains instituts de recherche qui “profitent”
de ces crises pour obtenir des crédits de recherche et développement
sans justification réelle. DR nous dit en réalité : les gens
qui réclament cet argent nous détournent de l’essentiel et de ce
que nous devrions faire réellement.
Donc que devons-nous
faire ou que pouvons-nous faire …
Récapitulation des stratégies possibles
Globalement, et sauf
nouvelle percée médicale, nous disposons de 4 stratégies possibles
face au Covid-19.
I. Jouer la carte de l’immunité collective, en clair laisser les choses suivre leurs cours naturellement et accepter les décès en découlant. A court terme, cette option se révèle très difficilement, voire pas du tout, défendable face à la pression des médias. Elle aurait néanmoins un mérite à moyen-long terme, soit celui de protéger la population contre la prochaine vague prévisible.
L’Angleterre
semblait avoir pris ce chemin, mais le premier ministre, Boris
Johnson, a dû rétro-pédaler partiellement, et une certaine forme
de confinement a été mise en place.
Pour l’instant, dans
les pays proches de nous, seuls les Pays-Bas semblent persister dans
cette voie.
Son gros avantage
évident réside dans l’impact quasi nul sur l’économie.
II. Confinement plus
ou moins modéré
C’est la voie
choisie par la Suisse à ce jour. On espère un infléchissement de
la courbe des cas après une durée correspondant à la période
d’incubation moyenne (14 jours).
L’impact sur
l’économie est très important.
III Confinement
strict
Méthode française,
à ce jour elle ne semble pas donner les résultats espérés.
L’impact sur
l’économie est colossal. On évoque un chiffre provisoire pour la
France de mille milliards d’EUR.
IV. La solution
Coréenne
On teste tout le
monde, ou presque et en tout cas toute personne présentant un
risque. On met spécifiquement en quarantaine les cas positifs et on
les traite médicalement jusqu’à guérison.
Cette méthode
n’impacte pas d’avantage l’économie que la solution I, en tout cas
pas significativement plus.
Conséquences sur la santé
La justification
principale du confinement étant la santé, il peut être bon de
poser la question de savoir si cette obligation ne pourrait pas aussi
avoir des conséquences délétères sur cette même santé qu’on
souhaite protéger.
La réponse est
clairement oui, même s’il est complexe de le démontrer.
La santé mentale se
trouve en première ligne. Plusieurs psys ont d’ailleurs été
interviewés par les médias pour expliquer comment mieux résister
au stress généré par le confinement. Pour la grande majorité
d’entre nous, l’effet restera peu important. Par contre,
rappelons-nous que si seulement 5 % de nos concitoyens venaient
à avoir besoin de soins prolongés dans ce domaine, rien que cet
aspect conduirait à une hausse de primes d’assurance de maladie de
l’ordre de CHF 10.–/mois (base 2 consultations par mois à 100.–).
CHF 10.– peuvent sembler peu de chose, mais additionnée de 10.–
autres ici, et 20.– par là, et … et … on arrive à la situation
que tout le monde connaît, soit des primes à la limite du
supportable pour une grosse part des ménages suisses.
Le manque d’activité
va également générer à long terme des pathologies multiples. On
sent d’ailleurs monter une certaine inquiétude auprès des autorités
qui diffusent maintenant des messages via les médias encourageant
la population à rester active malgré le confinement.
Le plus dommageable reste la question de la fragilité économique induite. L’adage dit que “Plaie d’argent n’est pas mortelle”. Or la réalité vécue au jour le jour dans le canton de Neuchâtel prouve le contraire. La proportion de familles dans la précarité se situe en tête du classement suisse, et bizarrement la même chose est vraie pour les taux de divorce et les taux de suicide.
Il faut signaler
enfin une étude de l’université de Toronto[10] sur les
effets de la quarantaine lié à l’événement SARS, des syndromes de
stress post-traumatique et des dépressions ont été observés dans
28.9 % et 31.2 % des cas étudiés. Il est donc certain que
le choix de la quarantaine comme stratégie défensive aura des
répercussions sur la santé de la population très longtemps après
la fin de la pandémie.
Conséquence sur l’environnement court terme versus long terme
A très court terme,
le ralentissement brutal de l’économie présente de nombreux effets
spectaculaires assez positifs, comme les nuages de pollution des
principales villes chinoises disparaissant comme par magie, ou encore
les canaux de Venise subitement limpides.
A moyen-long terme,
il en va très probablement, et très malheureusement d’ailleurs,
tout autrement. Le ralentissement de l’économie a provoqué une
chute brutale des cours du pétrole, rendant ce vecteur énergétique
d’autant plus tentant à court terme.
Ayant été ramené à grosso modo 30$ le baril, un kWh électrique généré par ce vecteur va arriver à un prix de revient en-dessous de 3 cts. La majorité des investissements en énergie verte conduisent à des coûts par kWh légèrement supérieurs à cette valeur. Dès lors, plutôt que ré-investir dans une nouvelle infrastructure, beaucoup d’investisseurs préféreront brûler encore un peu de fossile, surtout avec un environnement économique très incertain.
A 70$ le baril, ce même kWh électrique passe à plus de 6 cts, et dès lors de très nombreux projets verts deviennent naturellement plus compétitifs et la transition énergétique s’enclenche d’elle-même.
D’une façon
générale, les choix de la durabilité s’appuient sur des calculs à
long terme et tout facteur d’incertitude s’oppose frontalement à une
telle approche.
Il faut espérer
qu’au minimum les acteurs économiques s’étant déjà engagés sur
la voie de la durabilité ne renieront pas leurs promesses. On peut
par contre concrètement craindre que l’adhésion de nouveaux
acteurs ralentira sur une période encore à déterminer.
Conséquences sur les libertés individuelles
J’avoue ici ma
grande inquiétude. Les tenants du confinement ne voulant apparemment
reconnaître les limites de leurs choix, il existe une forte
propension à dire que c’est la faute à ceux qui n’ont pas été
stricts et que donc il faut serrer encore davantage la vis …
C’est précisément
ce genre de mécanismes pernicieux qui ont conduit à l’avènement
des pires dictatures. Certes, nous en sommes encore loin, mais
s’engager sur ce chemin ne devrait laisser personne serein !
Conséquences sociétales
Elles découlent des
autres conséquences et personne ne peut prétendre savoir jusqu’où
cela pourrait nous amener.
Je vous proposerais
donc juste une comparaison pour ce thème :
Le problème des
“Gilets Jaunes”, avec forces émeutes et mort d’homme, en
France a été provoqué par une broutille à 5 milliards d’EUR. La
France doit se préparer à devoir absorber une autre bagatelle à
vraisemblablement 1000 milliards d’EUR …
Quelques lignes plus haut dans mon post, vous pouvez relire la mention de cette réflexion de DR, ou ré-écouter la vidéo, qui rappelle que la panique tue quelques fois plus que la cause …
Conséquences économiques du confinement
Quelle que soit la
variante de confinement, l’impact sur l’économie se révèle vite
beaucoup plus important que ce l’on pouvait imaginer à l’initial.
Le Conseil Fédéral
a dû rapidement revoir sa copie, après une première annonce qu’il
injecterait 10 milliards pour compenser les pertes de l’économie, il
a dû monter à 42 milliards et dire clairement qu’il s’agissait d’un
plancher et non d’un plafond.
Lors de l’annonce
initiale à 10 milliards, une estimation rapide m’avait montré que
nous étions obligatoirement loin du compte. En effet, le PIB suisse
s’élevant à un montant situé entre 600 et 700 mia /an, on voit que
le PIB mensuel tourne aux alentours de 55 mia (avec une certaine
variabilité saisonnière).
Mettre un pays à l’arrêt ne fait pas tomber le PIB à zéro puisque les services essentiels continuent d’être assurés. La perte directe doit donc être inférieure à ce montant. Toutefois, on a bien trop vite tendance à oublier la perte indirecte, soit celle générée par les pertes de substance (PME mise au tapis par exemple) et les coûts de redémarrage de l’activité.
A mon sens, il est
impossible de déterminer au sens strict en temps réel la perte
générée par la politique choisie. Au mieux, on peut envisager
d’estimer des fourchettes hautes et basses. Il convient donc de
prendre conscience, en premier lieu sur le principe, qu’en voulant
éviter les risques du C-19, nous en prenons d’autres, et que les
deuxièmes ne sont certainement pas plus clairs que les premiers.
Pour beaucoup
d’individus, tout spécialement les indépendants et les micro-PME,
la crise actuelle représente tout simplement un risque économique
majeur mettant en péril jusqu’à la sécurité de leur emploi. Si
effectivement, un nombre important de ces acteurs économiques
venaient à tomber, on découvrira ensuite un très désagréable
effet domino (exemple : l’indépendant mis à terre ne peut plus
aller au restaurant, ce qui met cet autre acteur économique
également en difficulté, et ainsi de suite…).
Le KOF (Institut
conjoncturel dépendant de l’EPFZ) a estimé qu’il faudrait 100 Mia.
Je n’ai objectivement pas autorité dans le domaine, mais mon
estimation intuitive était que si nous stoppions le confinement fin
mars (par ex. en optant pour la solution coréenne), nous aurions au
minimum 50 milliards à rattraper, mais que si nous persistions
jusqu’à fin avril, alors ce chiffre pourrait monter à 200 milliards
(dont plus de la moitié généré par l’impact sur la substance et
les coûts de relance).
Si nous en arrivons
à une telle extrémité, il y aura de manière quasi certaine une
hausse sensible du chômage et une pression conséquente sur les
salaires !
Nous risquons
également par effet de ricochet de fragiliser nos retraites. Un
affaiblissement de l’économie touche directement le premier pilier
(AVS), mais plus pernicieux et sans doute plus grave encore, le
deuxième pilier sera atteint par les incertitudes sur les marchés
voire une baisse de l’immobilier.
Et, cerise sur le
gâteau, il ne faut pas être grand devin pour annoncer une hausse
des impôts ! L’État va forcément s’endetter pour les
milliards évoqués ci-dessus, peu importe que cela soit 42, 50, 100
ou 200. Lors de Forum sur la RTS du vendredi 20 mars, l’économiste
Cédric Tille a évoqué un doublement de la dette de 15 % à
30 %. Tout restant égal par ailleurs, cela nous remettrait
plusieurs années en arrière et conséquemment annulerait les
efforts consentis par la population pendant ces mêmes années pour
réduire cette dette. Oui, mais voilà, par définition tout ne
resterait pas égal, même si l’argent investi le serait justement
pour limiter la casse, car, la meilleure volonté du monde, n’arrive
pas à aider tout le monde de manière optimale. Il existe toujours
des cas spéciaux, et même en nombre plus important que l’on
pourrait l’imaginer. Prenons comme exemple une PME de type startup en
phase d’investissement mais n’ayant pas encore prouvé sa capacité
de générer du CA, sur quelle base sera-t-il possible de l’aider
tout en respectant l’équité avec les autres entreprises plus
usuelles ??
Un petit commentaire sur le choix de la stratégie actuelle
Le choix défendu
par nos autorités est un choix de court terme sous la pression des
médias et d’une opinion publique apeurée par le climat anxiogène
pour lequel les conséquences économiques n’ont manifestement pas
été correctement prises en compte au moment de la décision.
Les mesures
annoncées pour limiter la casse représentent un point de départ et
pas une arrivée. En clair, puisque l’incendie a été allumé, il
faudra “du liquide” pour l’éteindre et il ne pourra être
question de rationner !!
Mais personne ne
devrait trop vite se réjouir, car une chose reste souvent vraie :
Quand vous ne
savez pas qui paye, c’est sûrement vous à votre insu… au minimum
partiellement !
Et c’est bien le cas
ici, la charge que la Confédération s’apprête à assumer pour
éviter la catastrophe retombera sur la collectivité, c’est à dire
au final vous et moi qui sommes tous les payeurs de dernier recours !
Conclusion
La gestion de cette
crise représente l’exemple même de ce qu’il ne faut pas faire :
– céder à la panique ambiante,
– suivre le mouvement
sans recul ni discernement,
– ne pas anticiper et subir les
événements au fur et à mesure de leurs arrivées.
Une autre voie était
possible. La Corée l’a prouvé. De surcroît, cet autre choix était
certainement meilleur pour l’économie mais également pour la santé
publique.
En guise de mot de
la fin, j’aimerais rappeler une maxime qui me semble tellement
d’actualité dans ces temps troublés :
Quand tout le
monde pense la même chose, la seule chose qui reste certaine, est
que plus personne ne pense !
Laurent-David Jospin
Sources :
[1] :
Anderson ML et al. The Effect of Influenza Vaccination for
the Elderly on Hospitalization and Mortality: An Observational Study
With a Regression Discontinuity Design. Ann Intern MedPublished
Ann Intern Med. 2020. DOI: 10.7326/M19-3075
[2] : Wolff
GG. Influenza vaccination and respiratory virus interference among
Department of Defense personnel during the 2017–2018 influenza
season. Vaccine 2020;38:350.
Être débordé n’étant pas une raison pour ne pas sacrifier aux usages immémoriaux, c’est avec un grand plaisir que je présente à tous mes chers lecteurs mes meilleurs voeux.
Nous continuons à soutenir la fondation Abbé Pierre et la carte envoyée par notre entreprise,
que voici :
a donc été achetée auprès de cette institution.
J’espère bientôt pouvoir vous soumettre à nouveau plus régulièrement des réflexions sur les sujets sociétaux m’intéressant. Aujourd’hui, en guise d’étrennes, je vous glisse le lien ci-après avec une heure de bonne musique et un sympathique interview de Couleur 3 sur le projet d’autoroute solaire : https://www.rts.ch/play/radio/o-d-d/audio/lautoroute-du-futur-sera-solaire?id=10922400.
On croise les doigts très forts et 2020 sera l’année du décollage comme sur la carte de voeux !!!
Nous n’allons évidemment pas créer un énième cours de vulgarisation à la permaculture. Il y en a bien suffisamment, apportant des éclairages aussi variés que de qualité (pour les intéressés voici une vidéo https://www.youtube.com/watch?v=FXaD3NGRQQo et une autre https://vimeo.com/35870820 )
Non, nous voulons juste vous démontrer par la mise en parallèle de l’axiomatique de base de la permaculture et des éléments les plus essentiels du Solar Highway Project que l’esprit de l’une a bel et bien infusé dans l’autre.
Lorsque vous interrogez en tant que profane un adepte de la permaculture, il vous répondra vraisemblablement que la permaculture consiste à :
– prendre soin de la terre ou Terre,
– prendre soin de soi (ou des hommes),
– partager
Ensuite, il continuera sans doute en vous expliquant qu’il convient :
– de faire avec la nature plutôt que contre elle,
– de combiner les espèces (pas de monoculture!),
– et enfin qu’il faut observer, observer et encore observer
Nous pensons pouvoir vous démontrer que le Solar Highway Project se fond effectivement dans le moule de la permaculture, dont les concepts, soit dit en passant, se déclinent dans une multitude de domaines autres que l’agriculture.
Puisque nous vous parlons donc du Solar Highway Project, nous allons nous permettre de passer les 6 éléments ci-dessus dans un ordre plus favorable à la compréhension globale car, depuis le début de cette série, nous vous annonçons que “l’autoroute solaire” ne se limite pas du tout à mettre des panneaux solaires en dessus de l’autoroute (ce qui serait effectivement peu rationnel).
Observer, observer, et encore observer
Le mieux que je puisse faire ici est de vous parler, un peu, de l’histoire du projet.
Lors des vacances de l’été 2009, nous nous baladions dans le Lubéron avec ma famille et lors de la discussion, j’ai expliqué mon souhait de revenir dans une activité me permettant de valoriser mes compétences d’ingénieur, que j’imaginais jeter mon dévolu sur le photovoltaïque, mais qu’il y avait déjà trop de monde faisant la même chose et que si c’était pour être un de plus parmi tant d’autres, cela n’en valait certainement pas la peine.
Mon épouse, biologiste, a alors exprimé l’idée que nous devions imiter la nature, car celle-ci représentait l’optimum obtenu après des millions d’années d’évolution, et qu’ainsi nous devions réaliser des arbres solaires.
Oui, mais voilà la nature dispose de la chlorophylle (entre temps, son mode de fonctionnement, notamment quantique, a été explicité par la science et nous connaissons son efficacité proche de 100 % incomparable avec les cellules au Silicium de la branche photovoltaïque aux alentours de 20 %). Tout en nous approchant du marché où nous voulions aller faire nos courses avant de rentrer, la discussion tournait autour de cette question. C’est alors que je me suis parqué devant ce qui aurait dû être un bel arbre donnant de l’ombre, mais qui était resté à l’état d’arbrisseau chétif suite à un litige entre le marché en question récemment rénové et la mairie locale sur l’agencement du parking.
Dans un premier temps, j’ai souri, puis j’ai mieux regardé : cet arbre avait quelque chose à me dire. L’inspiration a jailli de cette observation : si nous voulions aller plus loin avec le photovoltaïque, il fallait lui donner une, voire plusieurs, autres fonctions comme la nature le fait.
Par la suite, plusieurs des avancées significatives que nous avons obtenues proviennent de cette fameuse observation initiale si importante en permaculture. Et cela ne s’arrêtera pas là, nous savons que nous pouvons encore ajouter plusieurs fonctions renforçant l’ensemble, qui viendront en temps utile.
Le Solar Highway Projet en mode permaculture jusqu’à son histoire
Combiner les espèces
Vidéo à l’appui de notre propos :
Au hasard, discutons ceci : la structure possède une pente (variable selon le but recherché), celle-ci va créer un effet d’accélération du vent vers la partie aval (pour les puristes voir effet Bernoulli sur Wikipédia). Il “suffit” ensuite de placer de manière judicieuse une éolienne dans l’espace concerné pour récupérer l’énergie qui a été ainsi concentrée (note : l’éolienne et donc son placement judicieux n’est volontairement pas dessinée ici pour des questions de propriété intellectuelle).
Cet effet est bien sûr dépendant du vent initialement existant, mais, selon les localisations et les orientations de la structure, on peut espérer tripler la quantité d’énergie totale comparée avec le photovoltaïque seul. En outre, l’éolien produisant de l’énergie de façon temporellement fortement décalée par rapport au photovoltaïque, cela contribue au lissage de la courbe d’énergie et diminue les besoins en stockage ou autres moyens de suppléer à une production insuffisante à un moment donné.
Nous voyons donc que l’éolien et le photovoltaïque se renforcent l’un l’autre exactement comme la combinaison des plantes différentes (choisies judicieusement évidemment) apporte des avantages à l’une et l’autre.
Faire avec la nature plutôt que contre elle
La fonction du Solar Highway dont nous allons parler ici ne concerne pas toutes les régions du monde, mais elle est très représentative de la logique suivie.
La pluie, surtout les fortes pluies, représente un vrai problème pour une voie de circulation. Si l’eau s’accumule en surface, l’aquaplaning ne tardera pas à se manifester avec toutes ses conséquences fâcheuses. Le revêtement doit donc la laisser passer tout en garantissant qu’elle puisse continuer son chemin sans endommager la fondation (risque de l’érosion).
Pour une autoroute usuelle, la pluie représente un risque, si ce n’est une ennemie.
Le Solar Highway quant à lui capte l’eau de pluie, la conduit à un endroit choisi, où elle peut être stockée et conservée pour des usages ultérieurs (agricole, …). Cette même pluie va réaliser la fonction de nettroyer les panneaux solaires protégeant ainsi l’efficacité des modules solaires.
Pour le Solar Highway, la pluie représente une chance et des possibilités de valorisation additionnelles.
Prendre soin de la terre ou Terre
Alors effectivement, ici on ne parle pas directement de la terre, puisque nous sommes en dessus de l’autoroute, mais le Solar Higway Project apporte ici aussi une contribution utile à la Terre.
En hiver, sous les latitudes moyennes, protéger le revêtement des chutes de neige permettra de diminuer le service hivernal et notamment l’épandage de sel, sel qui ne se retrouvera donc pas dans l’environnement. Les installations seront également épargnées de la corrosion et verront leur durée de vie prolongée.
A l’inverse en été, entre les tropiques et l’équateur notamment, ombrager le revêtement routier lui évitera de monter trop haut en température. Pour le grand public, ceci peut paraître anecdotique, mais il s’avère qu’en réalité l’usure du revêtement routier est encore plus important lors des très grosses chaleurs.
En prolongeant la durée de vie du revêtement routier, le Solar Highway Project évite la consommation d’énergie grise et d’une multitude de produits chimiques utilisés lors du renouvellement du bitume.
En permaculture, on prône le paillage du sol pour le garder vivant et limiter les arrosages. Le Solar Highway Project réalise une fonction somme toute très similaire de par l’ombrage qu’il réalise sur l’autoroute.
Prendre soins de soi (ou des hommes)
Nous pourrions bien sûr penser à l’importance de pouvoir produire des quantités importantes d’énergies totalement verte, et décrire l’impact positif sur nous tous, mais nous allons mentionner un autre aspect, à savoir la réduction du bruit.
Introduire quelques ajustements dans notre design a permis d’obtenir des réductions du bruit généré par l’autoroute pour le voisinage entre -5 et -8 dB. L’échelle des dB étant logarithmique, ce résultat est très significatif. Il correspond globalement à une diminution par 4 du bruit perçu. Et il peut donc largement faire la différence entre devoir dormir la fenêtre fermée ou pouvoir l’ouvrir.
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L’équipe du Solar Highway Project est unanime : il faut que la foule puisse participer au projet et profiter des retombées au même titre que les investisseurs institutionnels.
Dès lors, même si un des “major players” avec qui nous sommes en négociation pour le financement du démonstrateur de Fully se décide avant, il a été décidé que le crowdfunding serait mis en place et réalisé dans tous les cas de figure.
A ce sujet, nous vous rappelons que, si vous souhaitez être informé du lancement de cette fameuse démarche de crowdfunding, c’est ici qu’il faut s’inscrire : http://www.energypier.ch/index.php/fully-ch-project-overview/crowdfunding-and-equity/
Et pour répondre à une question récurrente : nous ne partageons pas vos adresses courriels avec quiconque !
Le prochain article introduira aux concepts de durabilité du Solar Highway Project et s’attachera à démontrer qu’il s’intègre sans restriction dans le modèle d’économie circulaire.
La série d’articles sur notre Solar Highway Project se décline maintenant comme suit :
La finance moderne s’est construite au fil du temps et pour une part importante en réaction à des événements subits et inattendus. On peut citer par exemple la faillite de la banque Lehman aux USA, qui a failli lancer une réaction en chaîne évitée de juste et a conduit à l’adoption du concept “too big to fail”.
Les règles en question présentent assurément quelques vertus, mais en revers de la médaille elles amènent également une lourdeur, notamment bureaucratique, créant des difficultés pour les projets sortant quelque peu des “cases habituelles”
La plupart des grands projets historiques du passé ne pourraient vraisemblablement plus se réaliser aujourd’hui, ou tout au moins pas de la manière dont ils avaient été réalisés à l’époque, car plus finançables. Et on peut penser aussi bien à la découverte des Amériques qu’à la réalisation de nos barrages helvétiques.
Toujours avec l’idée de vous laisser apercevoir un bout du futur, voici encore un tronçon en cours d’étude du fameux projet A4-KW devant suivre le démonstrateur de Fully :
C’est ce genre de réalisation qu’il devient complexe de financer pour la première fois.
(note : la paroi anti-bruit est pré-existante et n’appartient pas à notre solution)
La nature ayant horreur du vide, un mécanisme s’impose progressivement pour pallier à ce manque : le crowdfunding.
On peut d’ailleurs souligner que le crowdfunding tel que nous le connaissons aujourd’hui sur des plateformes informatiques les plus diverses n’est que l’aboutissement d’un mode de financement ancestral souvent déployé dans des communautés soit faibles soit malmenées. On peut citer en exemple la communauté émigrée chinoise en Europe au début des années 1960 qui n’avait à peu près rien, mais qui par un mécanisme de solidarité intelligent a réussi un décollage économique de première force.
Le Tong Xiang Hui en traduction littérale : association de même pays natal.
A la base, un projet tel que le notre peut trouver son financement via les canaux suivants :
– institutionnels type caisse de retraite souhaitant un rendement pas trop élevé mais ultra-stable sur le très long terme,
– fonds bancaires type emprunt,
– ICO discuté dans le post du 6 mai 2019 ici,
– crowdfunding ,
– programmes de subventions étatiques verts et/ou de soutien à l’innovation,
– prévente de la production électrique.
Les institutionnels nous tiennent en général un des deux discours suivants : “votre concept est génial, dès que vous en avez réalisé un, nous finançons les suivants …” ou “amenez une part de financement complémentaire assimilable à des fonds propres et nous vous suivons“.
Dès lors, envisager un financement partiel par la foule devient une option qui ne peut être négligée et peut servir de formidable accélérateur pour le projet.
Pour ne pas enfreindre les lois financières, nous devons soit nous tenir à l’écart de la vente de simples actions à l’attention du public soit nous faire accompagner par un institut autorisé à le faire. Par contre, nous pouvons proposer en toute liberté :
– la pré-vente d’une contre-prestation future (typiquement des tranches de kWh),
– de la vente de produits dérivés, aussi appelé goodies,
– la participation à la composante philosophique du projet.
La démarche crowdfunding ne se limite pas à chercher du financement. Associer le public à la démarche, permet de mieux appréhender les souhaits du plus grand nombre et contribue aussi à assurer la diffusion de la solution à une plus large échelle.
Il faut garder à l’esprit que le Solar Highway Project de Fully possède aussi comme objectif d’être un démonstrateur et que donc le vrai but visé était, reste et sera de remplacer à une échelle mondiale des centrales nucléaires et/ou à charbon.
Le processus peut être assez joliment visualisé. Nous vous proposons cette variante pour illustrer le propos de ce post :
Le prochain article apportera un éclairage sur le concept fondamental du Solar Highway Project, à savoir la permaculture de panneaux solaire.
La série d’articles sur notre Solar Highway Project se décline maintenant comme suit :
– Introduction à la série ici,
– Liens avec la blockchain,
– Crowdfunding et autoroute solaire (vous y êtes justement),
– Permaculture de panneaux solaires,
– Nouveau : Autoroute solaire et durabilité,
– et d’autres encore à suivre …
En me réjouissant d’échanger avec vous prochainement …
Résumé : Dans ce post, nous continuons de vous informer sur nos réflexions en cours dans le cadre du projet “Solar Highway” et plus précisément des liens croisés entre la blockchain, notre futur énergétique, et bien évidemment notre projet d’autoroute solaire.
Très accessoirement nous vous donnerons, peut-être, l’opportunité de devenir millionnaire gratuitement, mais sans garantie cela va de soi.
L’article précédent vous avait annoncé notre sujet du jour : la blockchain comme option possible pour financer totalement ou partiellement des tronçons d’autoroute solaire.
Par quel cheminement tortueux en sommes-nous arrivés à voir un lien entre notre projet et le monde des cryptomonnaies ?
Il se trouve qu’un projet anglais connu sous le nom du KWATT a attiré notre attention, car il avait levé exactement la somme dont nous avons besoin (et en plus, pour un projet sincèrement non comparable avec le notre en terme de durabilité, au minimum au moment de la levée de fonds) et de surcroît avec une facilité déconcertante via une émission de cryptomonnaie.
De là à imaginer possible de financer le Solar Highway Project via une émission de token ou quelque chose de ce genre, il n’y a qu’un pas que nous avons allègrement franchi avec mon équipe.
Mais voilà le temps où n’importe qui, en faisant n’importe quoi, n’importe comment, levait n’importe quelle somme est bien révolu. Aujourd’hui la majeure partie des ICO échouent. Ce fait pris en compte, nous sommes arrivés à la conclusion que seul un partenariat avec un acteur réellement performant/compétent sur le créneau justifierait d’engager du temps et des ressources sur cette voie.
Les partenaires potentiels rencontrés se tâtent encore. Le problème se résume en peu de mots : les vraiment bons, débordés de sollicitations, se concentrent sur les gains immédiats facilement réalisables et hésitent à investir avec nous. Les perspectives exceptionnelles à moyen/long terme de notre projet poussent d’un coté, tandis que l’effort à fournir immédiat entraîne à regarder de l’autre.
Mes compétences personnelles en blockchain ne dépassant pas vraiment la compréhension des principes généraux, j’avais pris la décision ferme de pas engager notre équipe seule sur cette voie, soit un partenaire du monde crypto au niveau du projet Solar Highway s’engageait avec nous, soit nous renoncions à cette piste.
Mais voilà un article dans Science & Vie de mars 2019 sur le thème de la consommation électrique générée par la blockchain a montré que la relation allait clairement dans les deux sens : Oui la blockchain pourrait éventuellement être une solution de levée de fonds pour le Solar Highway Project, mais de l’autre coté les besoins énergétiques prévisibles de la blockchain nécessitent impérativement la mise en place de moyens de productions d’énergie propre à une échelle telle que notre solution semble parfaitement taillée pour y répondre
Dans le cadre du droit de citation, voici le scan de la première page de l’article ci-dessus :
Au surplus, vous êtes encouragés à vous le procurer (site de Science&Vie ici : https://www.science-et-vie.com/ ) ou éventuellement à aller le consulter dans votre bibliothèque municipale préférée.
Du coup, j’ai commencé à investiguer un peu plus ce monde des cryptomonnaies et autres blockchains. Les experts du domaine s’amuseront certainement beaucoup d’apprendre ma surprise lorsque j’ai découvert le phénomène des distributions gratuites.
Voilà bien quelque chose de totalement contre-intuitif : des porteurs d’un projet (créer une nouvelle cryptomonnaie, un outil basé sur la blockchain, etc etc ) et donc souhaitant lever des fonds, commencent par donner gratuitement un nombre, souvent important, des monnaies ou autres jetons aussi appelé token au public.
Bien sûr, il existe une explication parfaitement rationnelle. Et à nouveau celle-ci trace un certain parallèle avec notre projet Solar Highway !
Dans les démarches évoquées dans l’article précédent, nous avons mentionné le crowdfunding. Alors voici notre dilemme le plus douloureux : pour le démonstrateur à Fully du Solar Highway, nous pourrions sans doute relativement facilement trouver le financement via l’émission d’un grand nombre de petites actions, car vu l’attrait de notre projet et la prise de conscience de l’urgence de décarboner notre économie, il est presque certain qu’un nombre suffisant de petits porteurs souhaiteraient devenir co-actionnaires et le projet serait ainsi financé.
Mais voilà, une telle démarche tombe quasiment à coup sûr sous le coup de la loi. En effet, le législateur assimilera le processus à de l’appel à l’épargne (privilège des banques) et/ou à de la vente de produit financier sans autorisation de mise sur le marché.
Voilà pour la problématique de base, et nous nous étendrons plus sur le crowdfunding dans le prochain post.
Pour revenir à la question des ICO, les porteurs d’un projet “crypto” rencontrent globalement la même difficulté. Tant qu’un objet à caractère essentiellement financier n’existe pas encore, toute tentative de le faire souscrire contre payement à un nombre indéterminé de petits porteurs tombe également sous le coup de la loi presque obligatoirement. Or, pour fonctionner respectivement devenir une réussite un système crypto doit impérativement présenter une liquidité significative. Dans certains cas, il est possible de réaliser l’émission de token contre un droit non assimilable à un produit financier (presque comme dans le crowdfunding ci-dessus, ex le bitcoin pour lequel vous recevez des BTC contre le travail de minage) et dans d’autres pas. Dans ce deuxième cas, la distribution gratuite “e-coins” ou autre token devient une solution élégante pour lancer l’écosystème du projet.
En effet, prenons l’exemple théorique d’un groupe de personnes voulant lancer un projet de token donnant droit à un part de quelque chose (non déterminé ici, mais on peut par exemple penser à une solution facilitant l’e-commerce) devant exister essentiellement par la liquidité des token. Si le groupe en question décide d’émettre 1 M de token et les propose un prix quelconque (disons 1.– le token), comme ils n’ont aucune liquidité à la création, ils n’ont conséquemment qu’une valeur spéculative sur les perspectives futures. La réussite de l’opération semble donc bien incertaine d’une part, et en outre, à moins d’être assimilé à une banque et enregistré comme tel auprès de l’autorité de régulation des marchés financiers de chaque pays dans lequel la promotion du nouveau e-coin est réalisée, la démarche sera sanctionnée par l’autorité mentionnée.
Par contre, si le même groupe décide de créer non pas 1 M mais 2 M et donner ce deuxième M dans le cadre d’une distribution gratuite à un nombre élevé de personnes, il évitera l’écueil juridique (il est toujours permis de donner!) et il créera spontanément un écosystème dans lequel certains bénéficiaires vont décider de revendre assez vite leurs tokens reçus gratuitement et d’autres au contraire voudront capitaliser sur le montant initial reçu en achetant des parts complémentaires. Il “suffit” ensuite que le token en question ait une vraie utilité pour créer une hausse de la valeur et partant garantir la réussite du projet.
Au stade actuel, il semble à peu près certain que le financement du Solar Highway Project à Fully ne se réalisera pas avec une part de blockchain. Toutefois, on peut raisonnablement penser que cela deviendra le cas pour les tronçons ultérieurs. Il deviendra impératif que notre équipe augmente ses compétences en blockchain, car à trop dépendre de partenaires externes pour des sujets stratégiques, on prend des risques fondamentaux d’une part, et non clairement identifiés d’autre part, la combinaison des deux facteurs étant strictement insupportable au sens premier du terme.
Vous l’avez compris, pour préparer le futur, j’ai commencé de m’investir un peu plus dans l’étude du monde crypto.
La création d’une nouvelle crypto ou token passant par cette phase ICO, il vaut la peine de concentrer ses efforts sur la compréhension des divers mécanismes impliqués. J’ai donc décidé de sélectionner une dizaine de distributions gratuites et y participer pour prioritairement gagner de l’expérience.
Bien évidemment, votre rédacteur préféré reste toujours le même, totalement convaincu de l’urgence de créer un monde durable entre autres. Le choix de cette dizaine de cibles se fera donc en mettant en avant quelques critères de base dont
a/ l’utilité réelle du nouvel écosystème prévu,
b/ l’absence d’effet délétères sur la durabilité générale,
c/ et nous exclurons tout système à visée purement spéculative.
Comme un nombre important des lecteurs pourraient être intéressés à participer aussi à l’une ou l’autre de ces distributions gratuites (cela a déjà commencé bêtement avec les relecteurs avant publication, donc on peut imaginer pour les lecteurs ….), il convient de préciser les points suivants :
– ces distributions sont gratuites dans le sens qu’aucune somme ne doit être payée pour obtenir les cryptos en question, mais un effort plus ou moins important est demandé dont au minimum inscription dans le monde de la crypto concernée, et éventuellement des démarches accessoires comme publier un lien sur vos comptes de médias sociaux, …
– ensuite les cryptos reçues ainsi sans bourse délier peuvent éventuellement prendre une valeur considérable (allez, on va tous souhaiter devenir multi-millionnaires), mais il se peut également que cela fasse plop et que la crypto disparaisse purement et simplement.
Pour mon cas personnel, il y a un but clair : gagner une meilleure compréhension de l’univers de la blockchain, et ainsi si les quelques heures (au total) que j’aurai investies ne donnent rien, cela ne me fera ni chaud ni froid car le sens initial de la démarche était autre.
Alors, voilà la première “distribution gratuite” qui a attiré notre attention :
Il s’agit d’un projet visant à faciliter le e-commerce pour des petits acteurs et donc rendre ceux-ci moins dépendants des mastodontes tels Amazon ou Alibaba. Il y a clairement une vertu sociale à ce projet en cherchant à renforcer les “petits” qui sont souvent pieds et poings liés face aux “gros” ou au minimum leur offrir une alternative. Je n’ai pas le temps de faire toute une étude prospective pour essayer de déterminer les chances de succès de cette démarche, mais au minimum le but visé correspond à un besoin et ne s’oppose pas frontalement aux valeurs défendues par ce blog.
Je vous tiendrai au courant de mes découvertes dans ce monde crypto, tout en sachant que cela reste un sujet secondaire et que mon/notre but principal demeure le décollage de l’autoroute solaire, si l’on ose ainsi s’exprimer.
Et puis pour rester dans notre sujet principal, voici cette fois une nouvelle image provenant du cadre de nos études pour le projet Knonauer Amt :
La série d’articles sur notre Solar Highway Project se décline maintenant comme suit :
– Introduction à la série ici,
– Liens avec la blockchain (vous y êtes),
– Dito avec le Crowdfunding,
– Permaculture de panneaux solaires,
– Nouveau : Autoroute solaire et durabilité,
– et d’autres encore à suivre …
En espérant que nous pourrons ensemble contribuer à un monde plus durable.
Les lecteurs d’ouvrirlesyeux le savaient déjà : les forces mobilisées pour le blog se sont quelque peu déplacées pendant quelques temps pour notre projet d’autoroute solaire, plus connu sous son acronyme anglais « Solar Highway Project » du coup le rythme des parutions sur le blog s’en ressent fortement.
Nous nous concentrons de manière essentielle sur plusieurs fronts simultanés, dont la préparation de la demande de permis de construire, les recherches de projets pour assurer le futur, la constitution d’une équipe solide, et enfin voir surtout celui de la recherche de la meilleure solution de financement possible.
Au sujet de la recherche des projets futurs, je suis très heureux de pouvoir vous informer qu’un partenariat se met gentiment en place avec la “Standort Förderung” du Knonauer Amt. L’intérêt de cette région pour disposer également rapidement d’une autoroute solaire semble être vraiment fort. Sur cette région le projet possède même un nom A4-KW qui est un jeu de mots avec AKW (centrale nucléaire en allemand) et A4 qui est le numéro de l’autoroute concernée.
Voici où se situe le Knonauer Amt sur une carte Suisse :
Et voici le tracé de ce fameux A4-KW, 6 tronçons sont envisagés pour un total supérieur à 5 km :
Nous avons donc offert de démarrer les études à compte d’auteur pour accélérer autant que faire se peut le déploiement à large échelle dans notre pays.
Voici en avant première une des premières images de synthèses générées dans le cadre de nos études préliminaires.
Pour revenir au sujet le plus chaud du moment, soit le financement du projet vitrine sur Fully, plusieurs pistes sont actuellement suivies pour cette levée de fonds dont des négociations complexes avec des institutionnels spécialisés dans le financement d’infrastructures à long terme, des fonds verts, des business angels, du crowdfunding, l’utilisation des possibilités offertes par la blockchain, …
Il y aura forcément des possibilités pour tout un chacun de participer à titre individuel. Si vous souhaitez être informé du lancement concret de la campagne c’est ici : http://www.energypier.ch/index.php/fully-ch-project-overview/crowdfunding-and-equity/
Vous laissez vos coordonnées et vous serez informés en avant-première de chacune des étapes.
Tout va s’accélérer très prochainement, si vous souhaitez avoir la chance de vous positionner en temps utiles, il vaut vraiment la peine de prendre les 30 secondes pour vous inscrire.
Les prochains articles toujours en rapport avec le projet d’autoroute solaire traiteront par ordre chronologique :
– de la blockchain, publié le 6.5.2019 ici
– du crowdfunding, publié le 18.5.2019 ici
– de la permaculture de panneaux solaires,
– et d’autres encore à suivre …
En me réjouissant d’échanger avec vous prochainement …
L’article que j’avais rédigé en janvier 2014 sur l’intégration du photovoltaïque en toiture (sous entendu par opposition à la pose décollée ou ajoutée ou encore sur-imposée) génère, malgré les 4 années écoulées, une fréquentation de visiteurs assez étonnante. On parle ici en moyenne d’une bonne trentaine de visiteurs par semaine de manière presque non discontinue avec des bas vers une dizaine et des hauts à largement plus de cent.
Des échos variés me sont revenus en direct, mais visiblement les gens hésitent à s’afficher dans les débats techniques. Et puis, il y a quelques semaines (désolé pour le temps mis à répondre, mais un imprévu familial grave avec l’un de mes enfants a perturbé ma fragile organisation) Monsieur Jérémy Venetz s’est fendu d’un long commentaire tendant à démontrer que l’intégration n’était pas un choix aussi mauvais que ce que mon analyse cherchait à démontrer (son commentaire se trouve à la fin de l’article de 2014, soit ici).
Pour être franc, je ne suis pas convaincu par les arguments qu’il apporte, mais honnêtement un article générant à la fois un tel trafic (peut-être 10’000 lecteurs à ce jour), et dépendant fortement de l’évolution de la technique mérite une re-lecture critique de temps en temps.
Du coup, je profite du commentaire de notre visiteur et de la réponse que je souhaite lui apporter pour vous proposer une mise à jour de cet article essentiel à mes yeux dès lors que l’on veut bien mettre en relation les conséquences énergétiques, puis économiques, et enfin sociétales de contraintes légales imposées par des intérêts très (trop) partisans.
En préambule et puisque ce post sert donc de réponse au commentaire de Monsieur Venetz, il me semble approprié de signaler qu’une recherche sur internet montre qu’il apparaît comme chef de projet solaire chez Eternit, entreprise qui propose justement des solutions d’intégration. Il existe donc un certain conflit d’intérêt dans sa prise de position.
Pour démarrer, un petit rappel sur notre dépendance à une énergie abondante et bon marchée, nous en aurons besoin plus tard :
Nous n’en sommes généralement pas conscient, mais toute notre société a été bâtie sur le principe d’une énergie quasi gratuite et illimitée.
Un certain Jean-Marc Jancovici a développé le concept d’esclave énergétique pour rendre palpable notre consommation effrénée. Vous pouvez trouver son article ici.
Et pour ceux qui veulent aller à l’essentiel, je vous propose juste l’extrait du champion du monde de cyclisme affrontant un grille-pain dans un combat dantesque.
Votre grille-pain vous battrait donc à place couture (à moins que vous ayez des cuisses encore plus impressionnantes que celles du Robert de la vidéo ci-dessus), mais imaginez juste un instant votre aspirateur ± 1’400 Watts = 2 “Roberts”, votre PC de gaming = “1 Robert”, votre cuisinière électrique = 6-7 “Roberts”, etc etc Bref, je ne sais pas comment vous trouvez encore un peu place pour votre propre lit avec cette pullulation de “Roberts” dans votre appartement.
Et encore, on ne parle ici que de votre consommation domestique, rajoutez seulement à ce qui précède votre part de consommation des infrastructures communes (pensez à l’éclairage publique, les écoles, les hôpitaux, l’entretien des routes, …) ou plus essentiel encore la disponibilité quasi illimitée de nourriture accessible sans effort dans les supermarchés et vous devez réaliser que nous usons et abusons de nos “esclaves énergétiques”.
En résumé, notre mode de vie incluant notamment toutes les prestations sociales que nous avons mises en place dépend totalement de la disponibilité d’une énergie ultra-abondante et hyper bon marchée.
Le corolaire se déduit de lui-même, chaque augmentation du coût de l’énergie va impacter notre mode de vie. Et c’est justement l’argument asséné comme une massue par les adversaires des énergies renouvelables : nous n’arriverons pas à encaisser la moindre hausse de l’énergie sans hausse du chômage, baisse des prestations sociales, ou autres diminutions de la qualité de vie. Comme vous le savez, mon blog défend justement la position que oui une transition énergétique est non seulement possible mais également indispensable pour préserver notre qualité de vie sur le long terme. Il faut toutefois laisser ceci à nos adversaires : Si on retient les mauvais choix pour le déploiement des énergies renouvelables, alors effectivement nous subirons des problèmes sociétaux potentiellement graves voir non gérables.
Ceci étant rappelé, que nous dit Monsieur Venetz (les “bullet points” seulement, merci de vous référer à son message pour le détail) ?
A. les installations intégrées se destinent prioritairement aux toitures refaites à neuf.
Bien, mais alors pourquoi toute une série de services d’urbanismes s’obstinent à vouloir imposer cette contrainte également pour des installations prévues sur des toitures existantes ???
Il est correct que la différence en terme de coût est sensiblement moindre sur un projet inclus dans une toiture conçue et faite pour la première fois (même si il reste une différence).
Par contre, l’argument sur la durée de vie se retourne contre Monsieur Venetz, car une toiture bien faite devrait durer 80-100 ans et les centrales PV ont une espérance de vie de 25 à 40 ans. Or, la reprise d’une installation intégrée alors que la technique a fortement évolué représente un vrai challenge pour ne pas dire grosse incertitude.
B. les installations intégrées profitent d’une subvention plus élevée.
Juste, mais … . Au demeurant, Monsieur Venetz a la correction d’admettre que ce différentiel de subvention ne couvre pas entièrement la différence de coût.
Maintenant, il faut être clair ! L’argent ne tombe pas du ciel ! Mais il est prélevé sur l’ensemble des citoyens et donc prélevé sur les circuits économiques avec comme résultat un coût de l’énergie plus élevé qui d’une part donne des arguments à tout ceux qui veulent freiner la transition énergétique et d’autre part, les grandes choses restant la somme des petites, impacte notre économie (pensez par ex. aux primes d’assurances maladies qui conduisent beaucoup de ménages de la classe moyenne inférieure à diminuer leurs loisirs voir pire). Un prélèvement n’est jamais indolore, il est toujours compensé ailleurs.
C. Les installations intégrées offrent une meilleure esthétique.
Subjectif ! On peut discuter pendant des heures et nous tomberons jamais d’accord, si vous aimez les blanches et moi les brunes (je parlais des bières bien sûr !), il n’y a pas d’argument factuel qui permette de trancher que l’une ou l’autre variante soit à préférer.
Vous argumentez qu’un nombre important de personnes trouve la variante intégrée plus jolie (notamment des architectes). Je peux vous répondre qu’il y a pas si longtemps les mêmes personnes ne voulaient pas entendre parler de panneaux solaires intégrés ou pas.
Les canons de l’esthétique évoluent.
Cette question de la soit disant esthétique supérieure n’en finissant pas de pourrir le débat du photovoltaïque (et en passant ralentit sa diffusion) des sondages ont été réalisés et il apparaît qu’à plus de 20 m seul un expert est capable de voir la différence entre une installation intégrée ou sur-imposée. Une association française le GPPEP (Groupement des Particuliers Producteurs d’Energie Photovoltaique) a réalisé le test suivant sur 250 personnes prises au hasard. 20 photographies d’installations sur-imposées et 20 autres intégrées étaient présentées et les personnes devaient déterminer le type de chaque installation. Le résultat parle de lui-même : moins de 10 % du public est capable de faire la différence.
D. Une installation intégrée peut produire autant qu’une installation ajoutée.
Pas d’accord !
En premier lieu, il faut savoir de quoi l’on parle : intégrée ou pseudo-intégrée.
Dans une installation intégrée, au sens où les services d’urbanisme l’entendent, l’espace résiduel entre les panneaux solaires et la toiture proprement dite est recouvert par une garniture de même nature que la ferblanterie de la toiture et ferme donc cet espace.
De plus, les mêmes services d’urbanisme s’attendent à ce que les modules solaires soit posés dans le plan même de la couverture de toiture principale.
Si ces deux contraintes sont effectivement respectées, il n’y a pas photo-finish, l’espace sous les modules solaires présente un faible volume et est clos.
Dans ce cas de figure, selon la localisation de l’installation, les températures régnantes, les conditions de vent, le type de modules installés, … le delta max d’efficience peut atteindre 50-60°C * 0.55 % soit 30 % et une moyenne de l’ordre de 20 % (le principe étant que le matin l’installation n’est pas encore monté en température de manière importante, mais que dès 11h environ un maximum de température est atteint et conservé presque intégralement jusqu’au coucher du soleil).
Si vous souhaitez l’expérimenter : lorsque vous êtes en vacances dans le sud, prenez une voiture bleue ou verte foncée, laisser la en plein soleil 30 minutes ou plus et poser la main sur le toit ! (Bon sans plaisanter cette fois, ne faites surtout pas cela, car si vous laissez la main trop longtemps vous risquez la brûlure au 2ème degrés !!).
Compter avec 15 % de perte dans ce genre d’installation semble assez raisonnable.
Une installation pseudo-intégré cherche à imiter une installation intégrée tout en dégageant des espaces de circulation d’air. On parle souvent ici d’intégration simplifiée. Ce type d’installation s’impose actuellement notamment en France vu la position des Monuments de France. Notre logiciel de calcul de rendement de centrale PV part de l’idée qu’il s’agit de ce type d’intégration lorsqu’on décoche la case “free-standing”.
Ici, nous obtenons une perte de production annuelle de 5.5 %, soit vraisemblablement des pointes de 10-12 % sur les mois les plus productifs.
Pourquoi ?
La ventilation, certes existante, ne se compare pas avec celle d’une installation décollée correctement planifiée.
Exemple d’intégration simplifiée – Source Voltoya
Dans l’exemple ci-dessus, l’installation serait donc “intégrée”, et il existe bel et bien une lame d’air, mais celle-ci est d’à peine 5 cm (moins qu’une demi hauteur de tuile) et comparable à un parcours d’obstacle, à comparer avec les 20 cm parfaitement réguliers d’une installation décollée standard. L’espace intercalaire entre les panneaux joue aussi un rôle. Dans une installation décollée, il existe un vide d’au minimum 1 cm et allant jusqu’à 2 cm selon le système de fixation entre chaque panneau, créant ainsi autant d’échappatoires pour la chaleur excessive. Dans l’exemple ci-dessus, on voit que les panneaux sont très proches d’être ajustés les uns aux autres (ce qui est d’ailleurs fréquemment le cas).
E. La durée d’un vie serait la même puisque la ventilation serait suffisante
Et bien non, la ventilation n’est pas suffisante. La preuve en un raisonnement simple : la production est péjorée d’au minimum 5 % (voir ci-dessus) dans le meilleur des cas, cette diminution provient d’une élévation supérieure de la température du panneau, dès lors le facteur de dilation thermique va s’appliquer et les efforts sur les soudures notamment (mais aussi le laminage) induit une fatigue mécanique supplémentaire, et ainsi obligatoirement un panneau intégré toutes choses restant égales par ailleurs vieillira plus vite.
Le Fraunhofer Institut en Allemagne a récemment posé l’évaluation que les panneaux solaires actuels avaient une espérance de vie de 40 ans. Cette affirmation se basait sur une configuration classique pour les allemands, c’est à dire en pose ajoutée ou libre. L’usine avec laquelle nous travaillons m’indique officieusement que les modules actuels posés en intégrés devraient tout juste pouvoir tenir 20 à 25 ans soit les termes des garanties actuelles. D’ailleurs les dites conditions de garantie spécifient très souvent ” … avec une aération suffisante … “, sous-entendu pour les modules intégrés les fabricants se gardent une porte de secours pour ne pas devoir assumer des cas de vieillissement prématuré. Potentiellement, c’est donc jusqu’à 50 % de perte !
F. Il n’y aurait pas de différence d’énergie grise entre les variantes décollées et intégrées.
Hummm.
Je peux entendre l’argument pour une installation conçue sur une toiture complètement nouvelle. Sur une toiture refaite à neuf, j’en suis déjà moins sûr, car lors de sa conception initiale l’intégration des modules n’a en principe pas été imaginée. Par contre sur une toiture existante, c’est manifestement faux. Le simple fait de déconstruire la toiture présente conduit déjà à une aberration environnementale.
Mais à mon avis le problème principal avec l’énergie grise du système doit être considéré sur son cycle de vie intégral et donc en incluant la fin de l’installation, ce qui nous amène directement au point suivant.
G. Monsieur Venetz admet que le problème de l’évolutivité et réversibilité est bien réel.
Merci à lui.
Sur ce, j’aimerais encore préciser ceci : il s’agit bien de 3 problèmes distincts dont a. maintenance, b. évolutivité et c. réversibilité.
a. La maintenance s’apparente à une loterie. Est-ce que les fabricants des composants ou des modules installés existent-ils toujours ? Et dans l’affirmative produisent-ils toujours les modèles retenus ? L’évolution technique ne s’arrête jamais, nous le savons tous. Globalement, le propriétaire d’une installation intégrée ne peut que “croiser les doigts” et espérer ne pas rencontrer une grosse difficulté car sinon cela pourrait bien signifier la fin de vie prématurée de l’installation. Dans son argumentaire, Monsieur Venetz n’a pas oublié de dire que le maître d’ouvrage d’une installation intégrée profitait d’une subvention bonifiée. Précisons alors ici que cela ne vaut pas pour la maintenance, qui coûte également proportionnellement plus cher. b. Il ne faut pas planifier pouvoir faire évoluer une installation intégrée, ou alors à des coûts disproportionnés. L’évolution en taille (agrandissement de la centrale) correspond au cas de l’installation intégrée sur un toit existant que Monsieur Venetz lui-même considérait comme moins favorable avec en plus la difficulté de devoir déconstruire une interface d’étanchéité entre l’installation actuelle et la toiture puis garantir l’étanchéité entre l’ancienne et la nouvelle partie de la centrale. L’évolution technologique (vers des panneaux plus performants) tombe dans la catégorie de la maintenance. La probabilité que des nouveaux types de module s’adaptent sans difficulté relève de l’utopie. c. Mais pour moi, le problème principal en lien avec cette question d’esthétique se situe toujours au niveau de cette réversibilité quasiment inexistante ou alors réellement très problématique. Si on veut préserver le bâti existant, il faudrait commencer par ne pas le déconstruire !! Dans mon article de 2014, j’annonçais un magnifique patchwork à venir d’ici une vingtaine d’année. Vu mes activités professionnelles, j’ai déjà connaissance de 2 cas de centrale PV intégrées ne fonctionnant plus dans un cas et de manière marginale dans l’autre et que les propriétaires concernés, au vu des coûts et du faible rendement économique, ne remettront pas en état.
H. Et ce dont Monsieur Venetz n’a pas parlé, les risques d’incendie accrus !
Si vous vous amusez à faire une recherche sur internet avec les mots clefs incendie et photovoltaïque, vous constaterez dans une importante majorité des cas l’implication d’installations intégrées . Il existe une bonne raison pour cela.
Si le panneau solaire chauffe, le petit boîtier à l’arrière du panneau avec les diodes peut chauffer encore bien davantage. Dans le cas d’une défectuosité, il peut même s’auto-allumer et provoquer un départ de feu via les plastiques présents. C’est ici que cela se corse et que la différence entre une installation intégrée ou décollé prend tout son sens.
Dans le cas d’une installation décollée, le plastique du boîtier brûlera certainement intégralement tandis que le tedlar de l’arrière du panneau aura tendance à charbonner. Les modules photovoltaïques appartiennent à la catégorie des matériaux difficilement combustibles, et en cas de départ de feu vont s’éteindre spontanément à la condition expresse qu’il n’existe pas un apport de chaleur extérieure. Ainsi et dès lors qu’il existe une lame d’air suffisante puis des tuiles normalement épaisses, on peut raisonnablement espérer que le dit départ de feu soit circonscrit au module solaire concerné avec encore un peu de noircissement du module voisin.
Il en va tout autrement dans le cas d’une installation intégrée qui premièrement se situe à proximité immédiate de la charpente et n’est séparée de celle-ci que par un bac d’étanchéité éventuellement en acier (très bon transporteur de la chaleur!) ou en plastique et donc potentiellement combustible ; et qui rappelons-le se trouve dans un espace confiné. Dès lors, le scénario s’écrit avec une facilité déconcertante : le module défectueux se combustionne lentement et discrètement par manque d’oxygène et allume de manière similaire la charpente proche. Ce feu rampant peut couver de nombreuses heures et lorsqu’il éclate au grand jour, il a atteint une taille conséquente garantissant des dommages substantiels au bâtiment.
Il me semble utile de le souligner, ce cas de figure peut survenir avec une installation intégrée correctement réalisée et des panneaux solaires ayant passé tout les contrôles de qualité. Il suffit par exemple qu’un coup de foudre aie légèrement endommagé l’installation mais sans la mettre hors service. Je ne connais pas les statistiques actuelles, mais nous nous situons le plus probablement à largement moins qu’un module sur 100’000 prenant feu spontanément durant sa durée de vie normale. Simplement, si cet exemplaire défectueux se trouve dans une installation décollée, nous resterons certainement dans l’anecdote. Dans le cas contraire, il existe une probabilité bien tangible que cela tourne au drame.
Juste pour la petite histoire, ce post a été rédigé durant le mois de juillet, et nous avons eu droit à un incendie de toiture photovoltaïque à peine à 25 km de chez nous et selon les images satellites, il semble bien que cette installation ait été réalisée en intégré. voir ci-dessous (ArcInfo et GoogleEarth) :
En conclusions :
Intégrer les panneaux solaires coûte, induit une baisse de production, diminue leur durée de vie, et enfin complexifie la fin de vie de l’installation. Même si on peut discuter sur les chiffres précis, on arrive tout de même à déterminer un ordre de grandeur de manière assez conservatrice, en retenant :
a. surcoût 20 % ramené à 10 %
b. perte de production 10 % ramené à 5 %
c. durée de vie réduite 50 % ramené à 30 % (de réduction donc, pas 30 % de durée vie totale)
d. surcoût sur l’évolutivité/maintenance/fin de vie 30 % ramené à 15 % (conservateur pour le moins).
e. prime d’assurance plus élevée = pour mémoire
Or voilà, si on retient en ordre de grandeur 10 cts pour le coût du courant PV décollé, on obtient au bas mot (10 / (0.9*0.95*0.7*0.85)) soit 19.65 cts et donc un quasi doublement du coût du courant produit !!! Ce sont bien les facteurs c. et d., généralement pas pris en compte à leur juste importance, qui déterminent l’essentiel de la différence.
Pour l’exprimer autrement, on parle, en chiffre absolu, d’un surcoût d’environ 10 cts, à comparer avec les prélèvements proposés pour financer les ENR de l’ordre du centime.
Lors des divers débats politiques dans notre petite Helvétie, il a souvent été argumenté qu’un prélèvement cantonal additionnel, même aussi bas que 0.5 centime (bien une moitié de centime) ! mettrait à mal l’économie et obligerait les entreprises énergivores à délocaliser. On n’ose imaginer ce que 10 centimes générerait comme conséquences.
Relisez les explications de Monsieur Jean-Marc Jancovici, elles démontrent on ne peut plus clairement que nos sociétés ne peuvent se permettre une hausse du coût de l’énergie sans devoir remettre en cause des acquis sociaux, qui semblaient pourtant gravés dans le marbre.
La conclusion finale est simple : en imposant de manière illégitime des intégrations des centrales solaires, on ralentit dramatiquement le déploiement à large échelle du photovoltaïque au détriment de notre planète et des générations futures. On le voit clairement en comparant 2 pays cherchant à imposer cette pratique presque systématiquement comme la France et la Suisse avec l’Allemagne ou même l’Angleterre, toutes deux pourtant largement moins insolées, et qui n’imposent l’intégration que de manière exceptionnelle : il n’y a pas photo-finish pour utiliser l’expression consacrée : La France (en enlevant la part des DOM-TOM) et encore plus la Suisse appartiennent aux mauvais élèves en terme de part du photovoltaïque dans le mix énergétique du pays, alors que l’Allemagne caracole dans le peloton de tête.
En tant que bon libéral, je suis bien forcé d’avouer être mal à l’aise avec le système Billag tel qu’actuellement en vigueur. Du coup, même si No-Billag présente manifestement toutes les caractéristiques d’une initiative extrémiste, je n’avais pas imaginé m’investir dans cette campagne.
Mon revirement, tout à fait déterminé n’en doutez pas, trouve son origine dans un récent sondage montrant que, contrairement à toutes attentes, cette initiative représentait un vrai danger.
La question naturelle est bien celle-là : comment peut-on avoir une pareille dichotomie entre une population qui exprime une très grande satisfaction, à juste titre d’ailleurs, sur la qualité des programmes offerts par nos chaînes de radio et télévision nationales, et une même population ne souhaitant manifestement plus payer ?
L’explication puise sa source ici :
Les statistiques du renchérissement représentent une réalité, et le disponible des ménages une autre manifestement bien différente !
Regardez les médias récents : plus d’un suisse sur 5 est incapable de faire face à une dépense imprévue de CHF 2’500.– ! Récemment, nous avons eu droit à un Temps Présent sur le thème « Épargner ? On n’y arrive plus ! ».
Il ne faut pas chercher plus loin le problème. Une frange importante de notre population ne supporte plus l’idée de recevoir encore et encore des factures non sollicitées mais à caractère obligatoire. Rajoutez à ce qui précède une dose substantielle de personnes manipulées et ainsi que quelques libertariens non raisonnés et vous obtenez les sondages que nous avons vus.
Il faut le dire haut et fort : malgré ses imperfections, condamner à une mort certaine notre meilleure source d’informations pour un débat démocratique réellement ouvert et sain conduira inéluctablement à une aggravation de la situation !
Imaginons donc, juste pour se faire un peu peur, un monde sans Billag, ni autre système de subventionnement à des médias neutres et indépendants comme le veut cette initiative, dans le cadre d’une votation visant à accroître encore et de manière outrancière le pouvoir des caisses d’assurance maladie. La campagne de votation serait inévitablement complètement biaisée vu que la seule voix qui disposerait des moyens de se faire entendre via des médias privés, vendant au plus offrant sa visibilité, serait celle des compagnies d’assurance. Or on le sait, face à un matraquage trop lourd, les meilleurs arguments ne peuvent plus rien. Les campagnes électorales aux USA le démontrent de manière très claire : l’argent ne fait pas tout en politique ; mais lorsque la différence devient trop importante, les arguments même les plus pertinents se révèlent inopérants.
Dès lors, dans le scénario imaginé ci-dessus les caisses maladies renforceraient très certainement aisément leur position au détriment du plus grand nombre. En fait, à chaque fois qu’une votation concernerait un sujet impliquant un acteur disposant d’une force de frappe économique en dessus de la moyenne, il faudrait légitimement craindre que la décision populaire soit manipulée par des campagnes de désinformation. Avec comme résultat final que l’argent économisé sur la facture Billag se retrouverait perdu un multiple de fois pour les citoyens concernés. En cascade, nous verrions au fil des années une perte de confiance dans notre système politique et nous subirions les dysfonctionnements que l’on peut observer dans de nombreux pays comme la France ou les USA pour ne citer que quelques exemples.
Définitivement No-Billag est une initiative trompeuse, et il faut la refuser sèchement.
A vous tous qui prenez le temps de me lire, relayer, commenter, ou encore participer à la rédaction du blog par une aide ou une autre, un tout grand merci ! Grace à vous, certains de mes posts ont atteint en 2017 une audience du même ordre que celle d’un quotidien à grand tirage (niveau Suisse Romande naturellement).
L’image ci-dessus provient de la carte choisie par notre entreprise (Les Éditions du Partage liées à la fondation Abbé Pierre pour un mini coup de pub à une oeuvre qui le mérite). Nous l’avons choisie pour son message ouvrant des horizons, nouveaux, à découvrir certainement, à défricher peut-être, à conquérir éventuellement, mais aussi et surtout à aimer et protéger.
Avec mes meilleurs voeux pour une période de fêtes joyeuse ainsi qu’une année 2018 qui nous permette à tous d’atteindre nos objectifs.
Le présent post est une extension non initialement prévue à la série santé (ici) et complète l’article sur la relation malsaine au profit des grandes pharmas (ici).
Notre article commun avec Blaise Courvoisier qui questionnait sur la légitimité des méthodes employées pour la recherche de profit par les grandes pharmas semble avoir été mal compris par une partie de nos lecteurs.
Deux principales incompréhensions semblent avoir accaparé la majorité des discussions ayant suivi, soit a. le fait que nous aurions préconisé de renoncer à tout médicament, et b. que nous nous opposions aux vaccins.
Il s’agit dans les deux cas d’une lecture superficielle manifestement influencée par une forte émotionnalité avec une tendance du style « si vous n’êtes pas à 100 % avec nous , alors vous êtes contre nous ».
Cette compréhension erronée nous attriste beaucoup, car justement, notre message se voulait dans la nuance. Affirmer qu’il y a sur-consommation ne veut surtout pas dire qu’il ne faut plus rien accepter du tout.
Laurent-David aimerait rappeler ici cette maxime pleine de sagesse et pourtant si souvent oubliée : « Quand tous pensent la même chose, alors plus personne ne pense ».
Sur le thème de la surconsommation générale de médicaments
Nous pourrions bien sûr nous répéter tout en essayant de détailler plus notre propos, mais au final il y a plus simple et surtout plus tranchant. Il se trouve que des médecins de référence ont défendu des points de vue extrêmement proches du notre et nous allons donc rapidement en passer en revue quelqu’uns parmi les plus significatifs :
Dr. Richard J. Roberts, Prix Nobel de médecine 1993 : « Les médicaments qui guérissent complètement ne sont pas rentables »[1].
Et bien voilà une affirmation encore bien plus violente que ce que nous nous sommes permis d’avancer, provenant d’un prix Nobel en médecine, permettez-nous de dire que c’est de la dynamite à l’état pur (sans jeu de mot avec le prix Nobel!).
Prenez donc le temps de lire l’interview, cela en vaut vraiment la peine. L’accusation dépasse largement en intensité tout ce que l’on imaginerait d’une telle personne, citation : « Because drug companies often are not as interested in healing you as in getting your money, so that investigation, suddenly, is diverted to the discovery of drugs that do not heal completely, but chronify the disease and make you experience an improvement that disappears when you stop taking the drug. ». Soit en traduction libre : « Les entreprises pharmaceutiques sont fréquemment plus intéressées à prendre votre argent plutôt que vous guérir. Ainsi, la recherche est subitement détournée vers des médicaments qui ne vous guérissent pas complètement mais font évoluer la pathologie vers un mal chronique, conduisant à ce que vous ressentiez une amélioration lorsque vous prenez le médicament, et qui disparaît lorsque vous cessez de le prendre. »
C’est manifestement à juste titre qu’une partie grandissante de la population se sent dans la peau d’une vache à traire, source : RTS, “Des centaines de Genevois dans la rue contre la hausse des primes maladies”
Dr. Aseem Malhotra cardiologue NHS (National Health Service) , Sir Richard Thompson ancien Président du Royal College of Physicians et médecin traitant personnel de la Reine d’Angleterre pendant 21 années, ainsi que 4 autres : « La rapacité des grandes pharmas tue des dizaines de milliers de personnes à travers le monde : Les patients sont sur-médicamentés et fréquemment traités avec des médicaments très rentables mais offrant peu de bénéfice thérapeutique prouvé »[2a et 2b].
Sir Richard Thompson et le Dr. Aseem Malhotra, source Mail Online
Sur ce 2ème exemple, encore plus dur, nous vous proposons deux liens mais une recherche avec les mots clefs du titre vous permettront d’approfondir encore cet aspect.
Si vous ne deviez retenir qu’une information, nous vous proposerions la conclusion du Dr. Malhotra à la fin de l’article du Dailymail : “For the sake of our future health and the sustainability of the NHS it’s time for real collective action against ‘too much medicine’.“, soit en traduction libre « Pour la sauvegarde de notre santé future et la durabilité de notre système de santé, il est grand temps d’agir de manière groupée contre les excès médicaux ».
Et si vous doutez encore de l’utilité de lire ces deux articles, voici ce que nous dit The Independent : “Pharmaceutical companies cause doctors to receive biased information about drugs ‘costing hundreds of thousands of lives’”, soit en traduction libre « Les entreprises pharmaceutiques se sont organisées pour que les médecins reçoivent des informations biaisées sur les médicaments conduisant à des centaines de milliers de morts ».
Ces deux articles méritent définitivement d’être lus de bout en bout. À se demander même si une traduction en français ne s’imposerait pas.
Sur le thème des vaccins
Bon là, il faut avouer que notre choix d’exemple aurait pû être plus simple. Manifestement, le simple fait de prononcer le mot “vaccins” génèrent une avalanche de réactions hyper-émotionnelles et un sain débat devient tout simplement impossible.
Laurent :
J’ai cité dans une de mes réponses sur Facebook, un autre exemple qui eut été infiniment moins sujet à controverse, à savoir le mauvaise usage des antibiotiques. Aujourd’hui cela semble trivial tellement la presse, même grand public, s’en fait l’écho [exemple : 3]. Toutefois, si l’on se donne la peine de regarder dans le rétroviseur, ne serait-ce que 20 ans en arrière : un médecin de famille qui ne prescrivait pas systématiquement des antibiotiques était considéré comme un mauvais médecin. Or cette pratique, que nous savons aujourd’hui être gravement dommageable, n’est pas apparue spontanément dans la tête de nos médecins. Dans les nombreux facteurs de pression responsables de ce comportement, on trouve justement ces fameux visiteurs médicaux n’ayant qu’un seul but pousser à la consommation et donc pousser à la prescription.
Cette parenthèse faite, nous n’avons pas dit qu’il fallait renoncer aux vaccins, mais que la politique de “big pharma” cherchant à imposer une obligation vaccinale maximale par la force n’était simplement pas admissible. Les droits de l’Homme étendus dans leur variante des droits des patients stipulent de manière très claire qu’au grand jamais qu’un traitement thérapeutique quel qu’il soit ne peut être imposé contre la volonté du patient, et que par ailleurs, le dit patient possède le droit inaliénable d’être informé sans aucune réticence des risques et bénéfices d’un traitement donné afin qu’il puisse prendre sa décision en pleine connaissance / conscience.
La nouvelle loi française sur la politique vaccinale des jeunes enfants ne remplit pas ces critères. Elle a été imposée par la force du lobby pharmaceutique pour des questions bassement financières, ce qui ne veut toujours pas dire qu’il faille dire systématiquement non aux vaccins. Simplement le choix doit rester un choix.
Certains des commentaires laissés sur la page Facebook soutenaient une position extrêmement dogmatique pro-vaccin et sans aucune nuance. Pour la bonne forme et redonner un peu d’équilibre au débat, j’aimerais attirer l’attention de nos lecteurs sur les publications suivantes :
A. La compilation faite par Lorenzo Accera en 2001/2002 sur un gros millier de publications sur des complications ou échecs vaccinaux, ici. À noter qu’en 2011, des américains ont voulu contredire cette compilation en réalisant une autre compilation d’études prouvant elles que les accidents sont rares, puis en 2016 un certain Jeff Prager a réalisé une nouvelle compilation doublée d’une étude statistique sur la période 1915 à 2015 qui elle tendrait à prouver que les accidents sont beaucoup plus fréquents qu’admis par l’industrie. Cette dernière synthèse fait plus de 1000 pages et se réfère aux données statistiques des USA.
B. Beaucoup plus lisible (seulement l’équivalent d’une trentaine de page, y compris le débat ayant suivi dans la partie commentaire!), le site ChildHealthSafety a publié une étude comparative fouillée sur l’évolution des taux de mortalité liés à toute une série de pathologies diverses avant et après introduction des vaccins relatifs, voir pas de vaccins du tout pour certaines. Je n’ai pas vérifié personnellement la/les source(s) des données, mais elle semble difficilement contestable. Cette étude a manifestement énervé l’industrie aux USA qui s’est évertuée à la décrédibiliser et même de manière assez maladroite. Les premières contestations publiées sur le site même dans la partie commentaire sont toutes répondues de manière très claire. Au final, il semblerait qu’il existerait aux USA/Canada de nombreux témoignages de médecins ayant révisé leurs positions sur la politique vaccinale nord-américaine suite à cette étude.
PDF (résumé sans la partie commentaires) ici, lien original ici.
C. Nous avons aussi eu des commentaires sur la relation vaccin sur l’hépatite et la sclérose en plaque, alors là c’est tout simple et désolé pour ceux à qui cela ne plairait pas, les tribunaux ont admis maintenant à plusieurs reprises la très haute vraisemblance de la cause à l’effet (deux exemples) :
D. Et enfin pour faire plus court et plus proche de chez nous, un article intéressant paru dans Migros Magazine, dans lequel le Dr. Jean-Paul Ecklin défend un point de vue assez critique sur la vaccination systématique contre la rougeole. Je citerai une seule phrase de l’article (en espérant que vous preniez quand même le temps de le lire) : « Nous ne sommes pas des anti-vaccinalistes, mais des médecins favorables à la réflexion critique, nuancée et indépendante sur la question des vaccins. Encore un tabou en médecine. »[4]
En espérant avoir permis une ouverture d’esprit d’un public le plus large possible et contribué ainsi à un débat sans tabou et surtout sans à priori.
Rédigé par Laurent-David Jospin, relecture par Blaise Courvoisier
[1] : “The Drugs that completely cure are not profitable”, Interview with Dr. Richard J. Roberts, Nobel Prize in Medicine 1993, lien en anglais ici, original en espagnol ici
[2a] : DailyMail MailOnline, “EXCLUSIVE: How Big Pharma greed is killing tens of thousands around the world: Patients are over-medicated and often given profitable drugs with ‘little proven benefits,’ leading doctors warn”, Anna Hodgekiss et Ben Spencer, 23 février 2016, lien ici
[2b] : The Independent, “Pharmaceutical companies cause doctors to receive biased information about drugs ‘costing hundreds of thousands of lives”, Loulla-Mae Eleftheriou-Smith, 24 février 2016, lien ici
[3] : RTS, “Le phénomène de résistance aux antibiotiques inquiète en Suisse”, Emission On en parle ,10 novembre 2017, lien ici
N’espérez pas un coup de baguette magique, car aucune mesure ne pourra seule rétablir une solidité durable d’un système qui emporte avec lui des tares originelles aussi fortement ancrées dans son ADN. La lucidité l’impose : il faut un ensemble de mesures cohérentes adressant l’ensemble des faiblesses reconnues pour offrir la possibilité de reconstruire un système pérenne.
Si vous ne supportez plus vos factures médicales ….
Le plus libéral des deux auteurs envisage en toute logique que le patient puisse reprendre le contrôle de sa santé selon ce qu’il jugera bon pour lui, mais également que la deuxième face de la médaille de la liberté soit la responsabilité reprenne la juste place qu’il lui revient pour l’ensemble des acteurs impliqués que cela soit le patient, le politicien, la grande industrie pharmas comprises !, ou même le corps médical.
Symétriquement le médecin voit en premier lieu les difficultés concrètes dans sa pratique de tout les jours ou encore les incohérences du système tiraillé entre les contraintes financières, politiques, et ha oui aussi médicales respectivement scientifiques !
Blaise & Laurent :
Historiquement, le médecin représentait l’autorité dont les avis ne se discutent pas de la même façon que Monsieur le Maire ou le Notaire du village. Malheureusement, ce principe initial conduit une grande part de la population à ne s’intéresser à sa santé que lorsqu’elle est déjà tombée malade. Le patient doit reprendre le contrôle de son propre corps et donc sa propre vie autant que possible. Il faut imaginer former dès le plus jeune âge, via des programmes scolaires adaptés et ouverts, à savoir lire et comprendre une notice de médicament, à ce que veut dire concrètement “des effets secondaires”, à la prévention, à comprendre ce que la surmédication apporte comme conséquences négatives jusqu’à de la létalité supplémentaire … bref à regagner une liberté de choix effective car en pleine connaissance des bénéfices et coûts. Pour beaucoup de patients, découvrir que l’opération ou le traitement projeté pour telle pathologie ne signifie pas réellement guérison mais juste vivre avec un problème moins grave représente un choc douloureux.
Laurent :
Une meilleure compréhension des enjeux médicaux permet aussi aux patients une collaboration active au niveau thérapeutique. Sur internet se côtoient le pire et le meilleur. Il faut néanmoins reconnaître que pour certaines pathologies rares, la recherche de cas similaires au plan mondial a permis à des malades ayant pratiquement perdu tout espoir de retrouver le chemin soit d’une guérison ou tout au moins d’une vie meilleure. Donner à notre population les clefs pour trier les charlatanismes des thérapies novatrices et porteuses d’espoirs réels contribuera utilement à une relation apaisée entre patient et médecin. La pression liée aux intérêts économiques des industries, pharmas comprises, s’oppose frontalement à une telle évolution. Toutefois, j’en suis persuadé, il n’y a pas de perspectives durables dans le tout artificiel ou tout chimique.
Blaise & Laurent :
La population a souhaité que le système d’assurance maladie soit obligatoire. Il est dès lors inacceptable de ne pas disposer d’une transparence totale sur les coûts pour les acteurs au bénéfice d’un monopole étatique. On pense bien sûr aux assurances, mais également aux grandes pharmas qui imposent des coûts exorbitants sur certaines nouvelles molécules sans que le bénéfice en terme de santé soit du même ordre de grandeur pour le patient.
Blaise & Laurent :
L’indépendance des organes sensés contrôler les acteurs doit être complètement repensée et renforcée. De fait, aujourd’hui très fréquemment les personnes en charge de ces contrôles proviennent des mêmes cercles que ceux qu’ils sont sensés contrôler ou pire encore dépendent d’eux pour des budgets de recherche.
Blaise & Laurent :
La justification des soins de haut niveau dans les deux extrémités de la vie doit pouvoir être débattue sereinement politiquement. Est-il réellement nécessaire de chercher à faire survivre des « enfants » de moins de 26 semaines de gestation en mettant en jeu des moyens excessivement sophistiqués, et donc excessivement onéreux, tout en sachant que le taux de séquelles est très élevé et que ce risque va devoir être supporté par la société dans son ensemble ? Tandis qu’à l’autre extrême de la vie, on doit s’interroger sur le bien fondé d’engager des traitements lourds, invalidants et onéreux pour des malades dont on sait très bien que l’espérance de vie n’est que de quelques semaines.
Ces questions de société sont douloureuses et ne peuvent être seulement décidées par le corps médical ou l’entourage du patient. Car, rappelons-le dans notre modèle mutualiste des soins, c’est toute la population qui participe aux frais engendrés. Nos élus devraient avoir le courage de trancher ces questions et imposer des limites raisonnables ou autrement dit durables au système.
Blaise :
Le ministre de la santé doit continuer à influencer et au besoin décider unilatéralement de la valeur du point Tarmed ou de la dévalorisation de points techniques lorsque l’on se trouve face à des abus manifestes, en particulier pour des actes très courants et devenus beaucoup plus simples du point de vue technique comme l’opération de la cataracte, ou certains examens radiologiques ou encore le recours systématique à l’endoscopie pour de petites interventions de chirurgie de la main, par exemple, entraînant des frais techniques aberrants.
Blaise :
Le Conseil Fédéral devrait aussi décider unilatéralement, – car un consensus sera impossible!- de l’importance du catalogue des prestations à charge de l’assurance maladie mutuelle, car actuellement on assiste à une dérive de prestations qui relèvent plus du bien-être que de la médecine, et devraient donc être exclus du dit catalogue, par exemple certaines interventions phlébologiques, certaines consultations psychologiques et divers traitements dermatologiques, pour n’en citer que quelques uns.
Blaise & Laurent :
Il faut aussi légiférer sur l’opportunité de valoriser le recours à des infirmiers/ères de premier recours, spécifiquement formés/ées pour prendre en charge les suivis d’affections fréquentes, en particulier le suivi de l’hypertension, du diabète, des troubles nutritionnels, les soins de base traumatiques, etc. , ce qui déchargerait d’autant les consultations des médecins généralistes qui sont surchargées de petits contrôles sans réelle nécessité de la présence d’un médecin.
Blaise :
Il faut chercher par tous les moyens à inverser la tendance au recours systématique à une médecine défensive, qui entraîne une avalanche d’examens et de consiliums, cause en partie du renchérissement des coûts et en particulier des coûts ambulatoires et source de bénéfices importants pour certains laboratoires et prestataires de soins hyperspécialisés. Pour ce faire, la FMH doit avoir une attitude défensive à l’égard de ses membres et systématiquement attaquer le recours trop fréquent à la judiciarisation des actes médicaux que ce soit au niveau des assureurs, des avocats et autres tribunaux. A mon sens, les médecins ne se sentent pas suffisamment soutenus par leur instance faîtière et cherchent donc à se protéger dans toutes leurs décisions.
Blaise :
La FMH et les sociétés de discipline médicale doivent généraliser l’usage des guidelines pour toutes les affections courantes, avec la possibilité de recourir à des sanctions vis à vis de ceux qui s’y opposeraient sans justification, allant de l’avertissement aux amendes et jusqu’à l’exclusion de la société médicale.
Laurent :
Je comprend la logique d’une telle pratique, toutefois, il faut à mon sens la tempérer, car certains consensus médicaux sont sujets à débats. Ex. Pour de nombreux patients le protocole de traitement “helvétique” de la maladie de Lyme se révèle totalement inopérant, alors que la variante préconisée par les médecins américains offre un réel bénéfice thérapeutique.
Blaise :
Le dossier médical du patient, informatisé, doit être généralisé et devenir une obligation tant pour le patient lui-même que pour le prestataire de soins, de façon à éviter les doublons dans les examens et là aussi des sanctions devraient être mises en place à l’égard de ceux qui n’en tiendraient pas compte.
Laurent :
On comprend aisément l’avantage d’une telle mesure, toutefois elle pose aussi un problème potentiel grave d’atteinte aux libertés individuelles. Le corollaire d’une mesure aussi stricte risque bien d’être le droit de s’affranchir complètement du système. Ce point doit également être mis en perspective avec les limites de la mutualité, à partir d’un certain point, il peut devenir parfaitement légitime de vouloir renoncer à l’ensemble et se prendre en charge soit-même. On rappellera en passant qu’environ 50 % des coûts de la santé sont assumés par les impôts ordinaires. Dès lors, même en refusant de cotiser et profiter du système, on reste solidaire via sa fiscalité. Je suis parfaitement conscient que préconiser l’abrogation de l’obligation de s’assurer ne trouvera pas une majorité aujourd’hui devant la population. Toutefois, au début de la LAMAL une infime minorité, de l’ordre de 5 %, de la population adhérait à une telle vision. A l’heure actuelle, nous avons passé les 30 %. Encore 20 à 30 % de hausse (soit ± 6 années au rythme actuel) et nous pouvons être quasiment sûr que cette option ne pourra plus être balayé d’un revers de la main.
Blaise & Laurent :
Une réflexion doit débuter pour envisager les limites du mutualisme avec la possibilité d’introduire, pour les assureurs, des bonus/malus dans les attitudes de vie : tabagisme, inactivité,par exemple. Ce d’autant plus que, comme expliqué ci-dessus, même ainsi le citoyen restera partiellement solidaire via non plus sa prime mais son bordereau d’impôt.
Blaise & Laurent :
Les assureurs doivent favoriser et promouvoir la prévention au niveau du mode de vie, avec là aussi des incitations financières fortes.
Blaise & Laurent :
Chaque patient devrait recevoir en fin d’année, systématiquement, un décompte global des frais qu’il a engendrés de façon à le rendre conscient de l’importance de ceux-ci.( la réaction humaine veut que ce soit toujours le voisin qui coûte le plus cher…)
Blaise & Laurent :
Et bien sûr, puisqu’il y a manifestement un incendie, il faut arrêter d’arroser avec de l’huile. L’OFEV (Office Fédéral de l’Environnement a évalué que la pollution de l’air induisaient des coûts de sur la santé se situant à environ 6 milliards par an, soit 10 % des coûts totaux. Pour la première fois en Suisse, une autorité a officiellement reconnu que nos choix sociétaux, ou plus précisément l’absence d’une politique environnementale suffisante, induisait un coût concret. Si on extrapole ce résultat à la pollution des sols, en rappelant par exemple que même les consommateurs bio présentent des taux de glyphosate, cancérogène supputé, dans leurs urines, ainsi que à la pollution des eaux chargées en résidu de médicaments les plus divers , il ne semble pas complétement absurde d’affirmer que peut-être jusqu’à un tiers de nos problèmes médicaux puisse provenir en fait de la pollution sous toute ses formes.
En agissant sur ces causes externes, on obtiendra un résultat bien plus durable qu’avec milles mesures de gesticulation sur les tarifs de ceci ou cela ou encore de répartition des coûts.
La vie, la vraie pas celles idéalisées des idéologies des uns ou des autres, nous montre son infinie complexité jour après jour. On comprend dès lors aisément que si nous voulons aller en direction d’un système de santé durable nous n’échapperons pas à une réflexion en profondeur incluant tout les facteurs internes et externes, et ceci de préférence très rapidement vu l’urgence manifeste.
A la fin des années 50 éclatait le scandale de la Thalidomide avec plus de 10’000 enfants nés mal-formés (20’000 selon certaines sources). Alors que les lanceurs d’alerte de l’époque avançaient des arguments solides, la firme pharmaceutique Grünenthal a usé de multiples manœuvres dilatoires pour repousser ces avertissements jusqu’à l’insoutenable. Quand on regarde dans le rétroviseur, on a de la peine à trouver une justification à de tels agissements. Grünenthal était allé jusqu’à affirmer que son médicament avait sauvé des vies d’enfants – né affreusement mal formés faut-il le rappeler – qui auraient sinon disparu via des avortements spontanés !! La vérité, crue et douloureuse, était tout simplement l’argent. Grünenthal pensait posséder la poule au œufs d’or avec cette molécule et voulait protéger ses revenus ! Puis, lorsque la réalité ne pouvait plus être cachée sous le tapis, elle s’est défendue pour éviter sa faillite quitte à infliger une double peine aux familles touchées.
Ce scandale a conduit à toutes une série de décisions juridiques dont la mise en place de divers mécanismes sensés garantir à la fois l’innocuité et l’efficacité des nouveaux médicaments mis sur le marché.
Il avait bien été dit “plus jamais ça”, mais force est de constater que quelque chose n’a pas dû fonctionner correctement car depuis cette première fois qui aurait dû être la dernière fois, nous avons vécu entre autres les scandales du Vioxx, du Médiator, de l’Isomérride, du Distilbène, de la pilule Diane 35, ou tout récemment encore de la Dépakine[1]. Le moteur de ces divers scandales se trouve toujours du coté des intérêts financiers.
Merci au site Le Nouveau Paradigme / David Jarry pour la mise à disposition du dessin
Ces exemples déjà très spectaculaires en soi cachent en réalité une attitude générale conduisant à privilégier le profit des producteurs de médicament plutôt que la santé des patients ou même encore plus prosaïquement leur porte-monnaie.
A titre d’exemple, on peut utilement rappeler ici l’attitude des grandes pharmas dans deux dossiers récents qui démontrent on ne peut plus clairement leur véritable visée.
Dans le cadre de la question des statines, et sans même traiter la controverse liée à cette classe de médicament, la levure de riz rouge offre la seule source connue de statines naturellement présentes dans un produit dérivé d’un aliment. De ce fait, ce produit présente 2 particularités notables dont à savoir un coût insignifiant comparé à une statine de synthèse vendue par une pharma, et l’impossibilité de le breveter. Il semblerait par ailleurs que la levure de riz rouge génère fréquemment des effets secondaires moins aigu qu’une statine de synthèse. Plusieurs patients confirment ne pas imaginer retourner à une version synthétique tant les effets secondaires peuvent être pénalisants et incluent entre autres des nausées, vertiges, faiblesses, …[2] Il est très amusant de constater que le lobby pharmaceutique utilise comme argument pour faire interdire ce produit, représentant une menace claire pour ses intérêts commerciaux, justement les effets secondaires qui affectent ses propres produits plus sévèrement !
Toujours plus proche de nous, car le dossier “fume” encore sur les tables des ministères concernés en France, la question des vaccins combinés imposés aux tout petits enfants selon un mécanisme dit de Cheval de Troie fait ressentir une forte nausée à ceux qui veulent bien se pencher sur le sujet de manière un peu sérieuse. En peu de mot, le plan de vaccination obligatoire en France impose avant 18 mois de faire vacciner contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite sous peine de sanctions sévères. Depuis 50 ans, il était possible de faire vacciner les enfants contre ces 3 maladies avec un produit de la société Bio-Mérieux pour un coût inférieur à 7 EUR. Progressivement, ce vaccin, réputé très sûr, a été rendu indisponible et remplacé par des variantes dites “combo” qui incluent d’autres pathologies comme la coqueluche ou l’hépatite B. Or ceci n’est pas neutre thérapeutiquement parlant ni même financièrement. Le vaccin contre l’hépatite B est l’objet d’une forte controverse dans les milieux médicaux eux-mêmes. En France, pays dont les autorités sont fortement pro-vaccins, les tribunaux ont reconnu par deux fois qu’il existe un lien entre ce vaccin et la sclérose en plaques. Sans rentrer dans trop détails, on peut mentionner également que cette variante inclut des adjuvants comme l’aluminium et le formaldéhyde reconnus comme neurotoxiques et cancérogènes. Tout cela pour un seul objectif, un coût de vente multiplié par 5 ! Le Conseil d’État vient de statuer : l’industrie a l’obligation de fournir une recette ne contenant que les vaccins strictement obligatoires. La réponse de l’industrie pousse le cynisme au-delà de l’imaginable : elle a réussi maintenant à rendre obligatoire tout les autres vaccins, argumentant qu’elle n’arrivera plus à fournir l’ancien vaccin, sans aucune considération pour le budget des familles ou les risques encourus par les enfants concernés.
Les causes de cette dérive ne relèvent pas d’un mystère ésotérique insondable, mais tout simplement d’une série d’évidences qui auraient dû conduire à une réaction appropriée depuis longtemps déjà ! Sans doute la plus choquante de toutes : Les experts sensés contrôler les entreprises pharmaceutiques soit viennent de celle-ci, soit dépendent de sa manne financière pour financer leurs recherches. Or, il a été démontré que lorsqu’un chercheur reçoit les fonds nécessaires à ses études d’une source ayant un intérêt aux résultats, la probabilité que ceux-ci soient conformes aux attentes du bailleur de fonds fait plus que quintupler !
Il faut aussi citer ces études qui, progressivement, tendent à abaisser les seuils de tolérances de diverses données biologiques, comme parar exemple, l’abaissement continuel depuis plus de vingt ans des taux sanguins admissibles des lipides. Ainsi, si cette courbe de tolérance s’abaisse au fil des ans, celle des profits générés par les antilipémiants s’élève de façon asymptotique !
On pourrait aussi parler, de façon identique, des valeurs limites conseillées dans le traitement antihypertensif, avec néanmoins une réaction nouvelle de certains médecins gériatres qui ont démontré que si l’abaissement de la systole entraînait certes une baisse du nombre d’AVC ( accident vasculaires aigus) chez la personne âgée, cela amenait concomitamment une baisse de la vascularisation cérébrale et donc des facultés cognitives. Aussi, pour le résumer de façon triviale, les scientifiques dogmatiques, de mèche avec les pharmas, préféreraient avoir des « légumes » normotendus bourrés de médicaments plutôt que des vieillards certes un peu hypertendus mais qui jouent aux échecs…
Pour le résumer crûment, les pharmes veulent en premier lieu du mal à nos portemonnaies, la santé des consommateurs, elle, passe après.
Avec un très joli dessin de Chappatte qui le résume si bien :
La société capitaliste dans laquelle nous vivons contraint les entreprises à croître indéfiniment pour survivre en offrant à leurs actionnaires un dividende et/ou une plus-value sur actions en fin d’année.
Ainsi en est-il aussi bien entendu pour les entreprises en relation avec le monde médical qui, parfois, aimeraient bien pourtant se faire passer pour des bienfaiteurs de l’humanité souffrante !
Ce monde de la Santé est, il faut le dire, un merveilleux terrain de jeux pour ces industriels qui y trouvent la possibilité d’innovations, – et donc de gains – innombrables, tant la demande des milieux universitaires médicaux et celle de la population générale est illimitée dans ce domaine porteurs d’espoirs infinis.
Chaque siècle a vu un certain nombres d’innovations réellement révolutionnaires, pensons au développement de l’ostéosynthèse, l’usage de l’endoscopie opératoire, l’avènement des greffes d’organes ou encore les méthodes de radiologie interventionnelle qui sont des phares de notre vingtième siècle.
Mais à proprement parler, ces révolutions de l’industrie médicale se comptent sur les doigts de la main et sont bien souvent le fait de chercheurs passionnés qui ne sont relayés par l’industrie que lorsque leurs innovations deviennent commercialement source de gains potentiels.
Il faut aussi avouer que les coûts de recherche et développement sont de plus en plus exorbitants, ce qui pousse l’industrie à rechercher un gain facile en sortant, année après année,- comme pour les défilés de haute couture -, des produits « relookés » ou améliorés du point de vue ergonomique, mais sans réelle innovation dans le résultat. Ces produits sont alors démarchés, parfois presque agressivement, auprès des opérateurs par des représentants payés à la commission ou lors d’invitations à des soirées de congrès qui parfois prennent un peu des airs de corruption larvée.
Dans le domaine des pharmas où là le développement d’une molécule totalement nouvelle s’apparente réellement à un marathon de plusieurs années et coûte des centaines de millions, la tendance est alors de rentabiliser au maximum l’investissement. Pour ce faire, on produit, peu avant la fin de la protection du brevet, une discrète modification galénique qui permet de gagner de nouvelles années d’exclusivité, sans pour autant avoir mis sur le marché un produit réellement nouveau.
Bien plus perturbant encore, on découvre depuis quelques années une autre source de revenu phénoménale, via la production d’études, dites révolutionnaires, qui ont pour but de démontrer la nécessité d’abaisser les taux sanguins de tel ou tel index, ce qui permet ainsi de toucher mécaniquement une part beaucoup plus importante de population.
On observe ce phénomène entre autre dans le cas des lipides sanguins, ou celui des dosages de PSA qui ont mené à des opérations souvent invalidantes des milliers de sexagénaires « victimes » de l’engouement pour la chirurgie prostatique robotique. à l’heure actuelle heureusement de nombreux urologues font marche arrière.
Laurent :
Nous sommes manifestement d’accord Blaise et moi sur les conséquences néfastes du sur-diagnostique dans les pathologies évoquées, mais j’aimerais à titre personnel encore évoquer le problème du sur-traitement du cholestérol, dont plusieurs études viennent maintenant démontrer qu’un abaissement du taux sanguin conduit à une baisse discutable de la mortalité par accident cardio-vasculaire, mais simultanément une hausse indiscutable de la mortalité générale par d’autres pathologies [1].
Profit et Humanité font, à notre sens, manifestement mauvais ménage et il y a lieu d’exercer dans ce couple antinomique une surveillance citoyenne infiniment plus étroite qu’à l’heure actuelle.
Prochain article : Les pharmas nous veulent-elles vraiment du bien ?
[1] : Michel de Lorgeril, L’arnaque du cholestérol et des statines, y inclus les sources citées dans le documentaire
ainsi que Arte 2016, Anne Georget, Cholestérol Le grand bluff, dito pour les sources citées
Dans une enquête policière, on cherche souvent à élucider le crime de manière indirecte en se posant la question de savoir à qui il profite. Depuis la création de la LAMAL, qui, rappelons le, avait pour objectif affirmé de diminuer les coûts de la santé, le montant des primes grimpe année après année et selon les cantons considérés, il a déjà plus que triplé.
Lorsqu’on explique à une personne étrangère le fonctionnement de la LAMAL, elle montre souvent beaucoup de difficulté à concevoir qu’une assurance privée ayant mobilisé des fonds privés puisse accepter de prendre des risques entrepreneuriaux dans un modèle lui rendant impossible, tout au moins théoriquement, sa libre capacité à générer des bénéfices.
De fait, si nous voulons réellement comprendre le fonctionnement économique du modèle d’assurance santé mis en place en Suisse, nous ne pouvons faire l’impasse de déterminer les intérêts avoués ou inavouables des caisses d’assurances.
Un premier constat s’impose d’emblée, si réellement les assurances actives sur le créneau LAMAL ne voyait aucun intérêt à fonctionner dans un tel contexte, elles ne le feraient tout simplement pas. Or manifestement les caisses se battent littéralement pour attirer le plus grand nombre d’assuré possible à grand renfort de publicité payée par les assurés.
Jusqu’à un fameux arrêt du Tribunal Fédéral, on pouvait, doit-on dire naïvement, croire que le seul intérêt des assureurs résidait dans l’opportunité de vendre des assurances complémentaires, domaine dans lequel le bénéfice est permis rappelons-le. Or le dit arrêt interdisant à une caisse de résilier les complémentaires de l’assuré résiliant la base n’a rien changé ni aux pratiques ni aux motivations d’ailleurs.
Par ailleurs, si l’esprit de la loi, soit pas de bénéfice dans l’assurance de base, motivait réellement les politiques des entreprises concernées, elles n’hésiteraient pas une seconde à publier leurs comptes dans une transparence totale, puisque celle-ci serait tout à leur avantage. Or, une partie significative du public et de la classe politique réclame depuis des années un meilleur accès à la réalité des comptes sans succès. Les assurances usent et abusent de prétextes multiples comme le secret des affaires pour restreindre l’accès aux informations ou alternativement rendre ces dernières quasiment inexploitables. Le grand scandale vécu récemment en Suisse romande au travers des primes excessives payées par les assurés genevois, vaudois et neuchâtelois, démontre sans discussion possible que les chiffres communiqués par les assurances s’apparentent plus à un brouillard tactique qu’à une vraie information. L’OFSP lui-même, et malgré son armée de spécialiste, s’y est égaré suffisamment longtemps pour que les assurés lésés ne puissent plus être remboursés ou alors de manière réellement lacunaire.
A défaut d’avoir un plein accès aux comptes, on en reste contraint à émettre des hypothèses. Sur la base de son expérience dans les transactions d’EMS à remettre, un des deux co-auteurs se permettra de penser qu’une tactique très similaire à celle déployée par les exploitations d’EMS de Suisse romande doit avoir lieu.
En peu de mots, un EMS genevois conventionné type (donc reconnu par la Santé Publique du canton) doit présenter un plan financier total, les pertes éventuelles incombent à l’exploitant, tandis que le bénéfice ne peut dépasser un plafond défini et bien plus bas que les attentes des investisseurs privés. Pourtant très surprenamment, les acteurs de ce domaine très particuliers n’hésitent pas à parler de “pompe à fric”, comment est-ce possible ? Par un mécanisme simple et au final relativement peu contraignant, soit l’externalisation orientée des postes de charge ! Un EMS peut par exemple engager une brigade de cuisine pour la préparation des repas aux résidents. Il prendra dans ce cas l’entier des risques liés à la gestion d’un véritable restaurant, mais ne pourra en tirer un seul franc de profit supplémentaire. Alternativement, il peut déléguer la fourniture des repas à un prestataire externe (société de catering selon la terminologie en vigueur), qui elle, non soumise aux contraintes financières légales peut parfaitement réaliser tout le bénéfice qu’elle souhaite. Si le prestataire externe appartient en finalité aux mêmes ayants-droits économiques que ceux du donneur d’ordre, les bénéfices non autorisés légalement au niveau de l’EMS se rapatrient malgré tout dans les poches des propriétaires de l’EMS.
Si on pense aux assurances, un tel mécanisme peut (pourrait?) s’appliquer sur pratiquement toutes les positions du compte de pertes et profits, autres que les coûts de la santé proprement dit, comme la location des locaux y inclus la maintenance, le mobilier, la bureautique au sens large, voir certaines prestations liées aux collaborateurs dès l’instant où ceux-ci travaillent non seulement pour la base mais également pour le domaine complémentaire.
L’attitude des assurances génère un puissant malaise. Si elles étaient autant irréprochables qu’elles veulent bien le prétendre, elles se dépêcheraient de le prouver à l’ensemble de la population.
On ne peut s’empêcher de penser, que quoi qu’il en soit, un mécanisme doit forcément exister qui rend attractif le fait d’être positionné sur ce créneau soit-disant non bénéficiaire. Dès lors, plus le volume financier traité monte, plus il est possible de dissimuler du bénéfice via des activités annexes ou connexes.
Au final, et vu la contrainte de s’assurer pour tout un chacun, les caisses d’assurances n’ont aucun intérêt à voir les primes baisser, et c’est même sans doute le contraire qui est vrai.